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Bonne tenue des cours de part et d’autre du globe

Les marchés des produits laitiers tiennent bon, l’optimisme transparaît dans certaines régions, mais de nombreux opérateurs se montrent prudents face l’incertitude de la demande internationale pour l’instant solide.

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En cette fin d’année 2020, les marchés laitiers résistent à la crise sanitaire apparue il y a près de 10 mois. L’optimisme semble même de mise en Nouvelle-Zélande. Les enchères de Fonterra ont enregistré trois hausses consécutives et la coopérative néozélandaise a, début décembre, revu à la hausse sa fourchette de prix pour la campagne en cours compte tenu de la bonne tenue des achats chinois. Pourtant de nombreuses interrogations pèsent sur la poursuite de cette tendance. Les mesures de confinement, en Europe comme aux États-Unis, qui impactent la consommation évoluent en fonction d’une situation sanitaire très aléatoire et imprévisible. Outre-Atlantique, une incertitude supplémentaire concerne la poursuite des achats publics de produits alimentaires par la future administration Biden. Face à une production laitière en hausse, notamment aux États-Unis alors qu’elle marque le pas en Océanie, le salut devrait donc venir de l’exportation vers les bassins déficitaires, en Asie et au Moyen-Orient. Mais la situation économique mondiale devient préoccupante et les acheteurs rechignent à se couvrir sur le long terme.

Transactions ralenties pour le marché du beurre

Dans l’UE 27, les fabrications de beurre sont restées dynamiques au 3e trimestre (+2,9% ) mais les exportations ont reculé (-13%) sur la même période, défavorisées par une mauvaise compétitivité prix. Car si le cours est relativement stable depuis 3 mois, oscillant entre 3.460 et 3.480 €/t (-4%), il se situe depuis bien au-dessus de celui de son concurrent néo-zélandais. Les fabrications et les exportations devraient marquer le pas dans les semaines à venir et les stocks, légèrement sous leur niveau de 2019, poursuivre leur recul saisonnier.

Le marché du beurre demeure lourd aux États-Unis. Bénéficiant d’une production laitière en hausse, les fabrications de beurre ont atteint 75.000 t (+1,2%) en octobre, un nouveau record historique pour ce mois. Avec une demande plus faible pour certains produits riches en matières grasses, la crème bon marché continue à être transformée en beurre. Malgré les efforts des industriels pour écouler les volumes de beurre au détail, ces stocks pèseront encore un certain temps sur le marché en raison de la baisse des ventes en RHD, qui écoule près de 60% des volumes. Les cours ont donc reculé en novembre pour le 2e mois consécutif et ont atteint, à 2.596 €/t (-36%) , leur 2e plus bas niveau en euros depuis décembre 2013. Cette compétitivité prix ne semble pas tirer les exportations étatsuniennes qui demeurent inférieures à celles de l’année dernière.

A l’inverse, les cours ont progressé en Nouvelle-Zélande pour le 2e mois d’affilé, à 3.230 €/t (-14 %). Les acheteurs ne semblent plus espérer de baisse de prix chez le premier exportateur mondial et procèdent donc aux achats. En outre, le rythme de progression de la production néozélandaise, qui entre dans son pic saisonnier, ralentit fortement compte tenu de conditions météorologiques très sèches.

Le marché des protéines laitières sous pression

Avec des fabrications haussières dans les principaux pays producteurs, les cours de la poudre maigre ont été orientés à la baisse en novembre, reperdant une partie de la hausse enregistrée en octobre. Mais les stocks demeurent bas et devraient soutenir les cours.

En Europe, le recul des cours a été modéré d’un mois sur l’autre (-1%), mais à 2.155 €/t (-12% ) le cours s’éloigne petit à petit de son niveau de l’an dernier. Les fabrications poursuivent leur baisse saisonnière, mais demeurent très importante par rapport aux années passées (+11 % sur le 3e trimestre et +4% sur les 9 premiers mois). La demande intérieure est poussive, compte tenu de l’incertitude qui persiste sur la consommation en lien avec les mesures sanitaires. Les exportations restent dynamiques (+18% sur les 3 premiers trimestres), mais sont repassées en août et septembre sous leur niveau de 2019. Cependant les stocks bas, moitié moins élevés que l’année dernière, devraient permettre de soutenir les cours.

Aux États-Unis, après avoir gagné près de 300 €/t entre août et octobre et s’être rapproché des cours européens, le cours de la poudre maigre a reperdu près de 100 € d’un mois sur l’autre, pour afficher 2.030 €/t (-16%) en moyenne en novembre. Les fabrications de poudre maigre ont rebondi depuis août, en lien avec la production laitière, affichant un record historique en septembre. Soit une hausse de +9% entre août et octobre. La seconde vague de la Covid-19 aux États-Unis maintient la pression sur la demande intérieure. L’export devient donc le débouché permettant de maintenir les cours. En bénéficiant de la dépréciation du dollar, les envois demeurent très élevés sur les 3 premiers trimestres (+24%), L’Asie du Sud-Est compense les moindres achats mexicains, premier débouché des produits étatsuniens.

En Nouvelle-Zélande, le manque de compétitivité prix limite les exportations, qui sont demeurées faibles sur les 10 premiers mois (-5%). Le recul des cours enregistrés en novembre (-6% d’un mois sur l’autre) pourrait redonner un peu de marge aux exportations, mais le niveau du prix néozélandais reste bien supérieur à ceux des principaux concurrents que sont les États-Unis et l’UE.

Les marchés des fromages sont contrastés

Les cours des fromages sont restés fermes en Europe. Le cours de l’emmental (moyenne UE) a progressé pour le 2e mois d’affilé, retrouvant en novembre son niveau de mai 2020 à 4.976 €/t (+5%). Celui du gouda enregistre son 3e mois consécutif de stabilité à 3.080 €/t (-2%). Les fabrications demeurent bien orientées (+1,7% au 3e trimestre) pour satisfaire une consommation intérieure qui ne pâtit pas trop des restrictions sanitaires prises dans les différents pays. Les exportations européennes ont également été dynamiques au 3e trimestre (+11%) et ont écoulé la plus grande partie des fabrications supplémentaires sur cette période.

Les évolutions sont plus contrastées chez les autres grands producteurs. Aux États-Unis, le cours du cheddar poursuit sa forte volatilité. Il a atteint un nouveau pic en octobre à 5.525 €/t, tiré par les ventes au détail, les achats du gouvernement et le manque de cheddar jeune. Les prix élevés ont fini par freiner les acheteurs et le cours a de nouveau chuté de plus de 700 €/t en un mois, pour se retrouver à 4 800 €/t en novembre (+4%). Les fabrications évoluent également en dents de scie : sous leurs niveaux de 2019 en août et octobre et au-dessus en juillet et en décembre.

En Nouvelle-Zélande, après 3 mois de hausse, le cours du cheddar a reculé de près de 100 €/t pour afficher 3 140 €/t (-6%).

D’après Tendances

Lait et Viande (Idele)

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