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Un auto-vaccin pour venir à bout de la pasteurellose

En 1999, Peter De Cock installe sa bergerie à Acremont avec une vingtaine de brebis de la race « mouton laitier belge ». En 2007, son épouse Barbara le rejoint à la ferme.

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Aujourd’hui, le troupeau compte 208 brebis, 86 agnelles, 25 agneaux, 1 bélier et 2 récemment acquis en quarantaine. Pendant la bonne saison, l’herbe, la luzerne et le trèfle sont fauchés et directement distribués. Pour le reste, les animaux reçoivent du foin récolté à la ferme et un complément composé de tourteaux de lin, orge, triticale, épeautre.

Aliments et environnement de qualité donnent lait et viande de haute valeur. Au magasin de la Bergerie, Barbara et Peter proposent des fromages au lait cru ou pasteurisé, des glaces, des yaourts, de la viande d’agneau, des charcuteries… On y trouve aussi des savons doux et de la laine bien chaude… mais que de travail en coulisses et malheureusement parfois, comme cela leur est arrivé, beaucoup de stress lorsque la maladie s’installe dans le troupeau...

Quand une maladie contrarie lourdement

le travail de l’éleveur

En 2014, de plus en plus d’agneaux tombent malades et meurent. Des brebis plus âgées, elles aussi, toussent, respirent difficilement, maigrissent et meurent. Le vétérinaire prélève un échantillon de poumon d’une brebis autopsiée. Le diagnostic ne se fait pas attendre: Pasteurellose, due à la bactérie Mannheimia haemolytica.

Recourir aux antibiotiques est impossible, car incompatible avec la fabrication du fromage.

Tout le cheptel est alors vacciné avec un vaccin du commerce inactivé efficace contre les affections respiratoires à Mannheimia haemolytica et Pasteurella trehalosi chez les ovins.

Les éleveurs s’attellent par ailleurs à l’amélioration de la ventilation dans leurs étables, mais rien n’y fait, la situation s’aggrave et les pertes continuent. Malgré des vaccinations répétées pendant plusieurs années, la méthode se révèle en réalité inefficace.

Essai... et succès

En 2016, lors de son passage dans l’élevage, un tondeur professionnel suggère aux éleveurs de recourir à un autovaccin. Ils en discutent avec leur vétérinaire lequel appuie cette proposition et contactent l’Arsia pour commander un autovaccin préparé à partir de la souche circulant dans l’élevage.

Pour commencer, ce sont donc deux doses à 15 jours d’intervalle qui ont été injectées par le vétérinaire sur une dizaine de brebis de réforme, pour tester l’absence d’effets secondaires liés à la préparation. Après 4 à 5 semaines, elles n’avaient manifesté aucun inquiétant imputable à l’auto-vaccin. Elles se portaient même fort bien !

« Une solution économique et efficace »

Depuis, deux fois par an, tout le troupeau est vacciné, à l’automne - période propice au développement de la maladie suite au changement de température - et au tarissement. Les agnelles le sont une fois, voire deux, avant la mise au bélier, pour assurer le transfert d’immunité via le colostrum. Les deux béliers achetés en quarantaine ont été vaccinés, eux aussi.

« Avant l’autovaccin, on perdait jusqu’à 10 % de nos brebis qui mourraient précocement et beaucoup de beaux agneaux. Maintenant tout va bien, c’est un grand soulagement. »

Il semblerait, ajoute Peter De Cock, que la sensibilité à la pasteurellose soit une faiblesse de la race du mouton laitier belge. « Nous conseillons maintenant à tous les éleveurs qui se lancent dans son élevage de penser à l’autovaccin, solution économique et efficace quand aucune autre n’a pu résoudre un problème de pasteurellose dans leur troupeau ».

Outre le recours à l’autovaccin, les éleveurs utilisent aussi des compositions d’huiles essentielles ajoutées dans les aliments ou sur le dos des animaux. Et last but not least , ils surveillent de près la prise de colostrum des agneaux et les laissent avec les mères à la naissance, mais pas au-delà d’une semaine afin de réduire le risque éventuel de transmission du germe de la pasteurellose aux jeunes. Ce témoignage confirme qu’à l’heure de la lutte contre l’antibiorésistance, l’utilisation d’autovaccin peut contribuer à réduire l’utilisation des antibiotiques dans les élevages.

D’après l’Arsia Infos

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