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Marchés des céréales: stocks mondiaux réduits et cours festifs!

Les marchés des grains ont connu le 12 janvier une accélération de la flambée des prix, en réaction au rapport du département américain à l’Agriculture montrant des stocks mondiaux encore réduits. Par ailleurs, les analystes soulignent le gros appétit chinois dont profitent les céréales françaises.

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Les cours du maïs et du blé atteignent « des plus hauts depuis 2013 ou 2014 », note FranceAgriMer, dans un communiqué paru tout récemment. L’établissement français des produits de l’agriculture et de la mer y voit le signe que les marchés de matières premières agricoles se tendent, l’Egypte a annulé l’appel d’offres qu’elle venait de lancer, pour chargement entre le 18 février et le 5 mars, « en raison d’un niveau insuffisant d’offres, quatre seulement, avec des prix extrêmement élevés ».

Cette poussée de fièvre est amplifiée par le rapport du département américain de l’Agriculture (Usda) le 12 janvier, qui révise à la baisse la production mondiale, en face d’une demande chinoise toujours aussi ferme.

Autre élément haussier, la Russie va mettre en place des quotas à l’exportation de 17,5 millions de tonnes de céréales (blé, seigle, orge, maïs), entre le 15 février et le 30 juin, couplés à un droit de douane de 25 €/t dans la limite du contingent, avec une majoration de 50 % au-delà. Des discussions sont même en cours pour la porter à 50 €/t.

Résultat sur Euronext, le 13 janvier dernier, la tonne de blé tendre affichait 226,75 € (+2,25 €) sur l’échéance de mars, contre 180 €, le 10 août dernier !

Un rapport « très haussier »

La révision à la baisse de la production mondiale de céréales et à la hausse de la demande chinoise, contracte encore un peu les stocks mondiaux, selon le rapport mensuel de l’Usda. La production mondiale de maïs est révisée à la baisse de près de 10 millions de tonnes à 1,13 milliard de tonnes, sous l’impulsion des États-Unis à 360,2 Mt (-8,3 Mt).

« C’est un nouveau rapport où les perspectives de stocks baissent en maïs aux États-Unis », a commenté l’analyste des marchés agricoles et agroalimentaires Agritel. « De ce fait, l’augmentation des importations de maïs chinoises (+1 Mt) a un caractère « très haussier pour le marché américain ».

La révision à la baisse des productions argentines, touchées par le stress hydrique, et brésilienne, contribue également à la contraction des stocks mondiaux à 283,8 Mt (-5,1 Mt).

En blé, les stocks sont également en retrait par rapport à décembre (-3,3 Mt à 313,2 Mt), du fait d’une petite réduction de la production mondiale, imputable notamment à l’Argentine et à la Chine.

À l’inverse, la production russe est révisée à la hausse et atteindrait le niveau record de 85,3 Mt (+1,3 Mt), mais les stocks de cet exportateur majeur sont revus à la hausse, de 1,8 Mt (12,5 Mt), compte tenu des restrictions à l’export mises en place par Moscou.

Le rapport américain révise légèrement le stock de fin de campagne pour la Chine, mais la tendance lourde reste la même : « Les Chinois continuent à stocker », note encore Agritel, rappelant que les stocks du géant asiatique étaient en 2018 de 138 Mt contre près de 159 Mt, selon cette nouvelle projection.

Enfin, le soja a vu ses disponibilités se tendre de manière spectaculaire ces derniers mois, notamment aux États-Unis, où, du fait de la demande chinoise, les stocks américains fondent, passant de 14 Mt en début de campagne à 3,8 Mt, selon les dernières projections de fin de campagne.

Révision à la hausse de l’export français

L’établissement national FranceAgriMer a, lui, revu à la hausse, le 13 janvier, ses prévisions quant aux exportations de blé et orge vers les pays tiers, soutenues par la demande chinoise. En blé tendre, 7,27 Mt (+180.000 t) sont prévues à l’international sur 2020-21. La France profite d’un appétit chinois qui ne se dément pas et des restrictions à l’export de la Russie, indiquent les spécialistes de la division Grains et sucre de cet organisme. Quelque 1,63 Mt de blé a été exportée en six mois vers l’Empire du Milieu (+154 % sur un an).

En orge, 3 Mt (+100.000 t) sont annoncées vers les pays tiers sur 2020-21. Là encore, c’est la Chine qui tire les exportations françaises avec 1,39 Mt en six mois (+56 %) et même 1,55 Mt cumulées au 11 janvier.

Plusieurs facteurs expliquent la forte demande chinoise : une récolte amputée par de mauvaises conditions météorologiques, des besoins en alimentation animale tirés par la consommation de volaille et surtout la reconstitution du cheptel porcin décimé par la peste africaine, toujours selon FranceAgriMer.

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