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Fin du projet Protecow: «Ayez confiance dans la qualité de vos fourrages»

Le projet Interreg Protecow, qui vise à améliorer la rentabilité des exploitations laitières grâce à une meilleure efficacité alimentaire, a pris fin en décembre dernier. Il a permis l’échange de connaissances et d’expériences entre 5 partenaires et 18 producteurs laitiers situés de part et d’autre de la frontière franco-belge.

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Pour la clôture du projet Interreg Protecow, un webinaire s’est vu ponctué par la visite virtuelle de l’exploitation laitière Le Bailli, située à Soignies, dont Bruno Massart est l’un des cinq associés gérant. Il est aussi l’un des 18 agriculteurs qui ont participé au projet. Six exploitations wallonnes, six flamandes et six françaises ont ainsi échangé leurs connaissances et partagé leurs expériences durant 4 ans.

Haute production et transformation à la ferme

Pour la présenter succinctement, l’exploitation se compose d’un troupeau de 180 laitières, de trois robots de traites. Pour les nourrir, elle dispose en outre près de 150 ha de terres, répartis comme suit : 50 ha de maïs, 50 ha de céréales, 20 ha de prairies permanentes et 20 ha de temporaires. Celles-ci sont fauchées 4 à 5 fois par an et se composent principalement d’un mélange de luzerne et de dactyle.

« Je représente une partie de la troisième génération dans cette ferme, avec ma femme et mon beau-frère. Mes beaux-parents représentent la seconde. Ici, les 5 associés-gérant ont des tâches bien définies. « Fromages, beurre, yaourts, glaces… près d’un tiers de la production laitière est directement transformé sur le site de l’exploitation sous la houlette de mon épouse et de ma belle-mère ; mon beau-frère et mon beau-père s’occupent des cultures, tandis que je me charge de la gestion des animaux ».

Primipares/multipares

Ici, le troupeau est divisé en deux lots : les primipares et les multipares. Une gestion qui s’est faite au fur et à mesure du projet car avant celle-ci, Bruno travaillait plutôt en fonction du stade de lactation. « Avec les robots de traite, cette gestion ne donnait pas satisfaction… La sélection primipare/multipare permet d’adapter au mieux la ration aux vaches et de faire quelques économies au niveau des concentrés. »

Quant aux génisses, elles passent de niches individuelles à des niches collectives avant d’aller sur aire paillée jusqu’à l’âge d’un an. Elles passent ensuite dans l’ancien bâtiment des laitières où elles seront inséminées. Celles si sont suivies grâce à des colliers de détection des chaleurs. Si la saison le permet et qu’elles sont gestantes, elles peuvent sortir en prairie. pour ensuite revenir dans le lot préparation vêlage avec les vaches taries et ainsi partir dans le lot des vaches.

Privilégier la qualité à la quantité de fourrages

« On a changé la composition du mélange luzerne-dactyle ensilé en y intégrant du trèfle, de la fétuque et de la fléole. Le mélange est donc plus riche et permet d’assurer une récolte quelles que soient les conditions. On réalise 4 à 5 récoltes sur l’année, avec un ramassage à l’autochargeuse, en s’approchant des 17-18 % de protéines et 800-900 VEM. On vise vraiment la qualité du fourrage. »

Pour obtenir cette qualité, les agriculteurs jouent aussi avec les dates de coupe. « En cours de saison, nous rapprochons les dates de fauche… toutes les 5 semaines au lieu de 6. »

Bruno évoque les différentes rations qu’il distribue à ses animaux. « La ration pour primipares se compose de 6 kg de notre mélange luzerne-dactyle, 4 kg de préfané, 35 kg d’ensilage de maïs, 1,5 kg de tourteau de soja, 500 g d’orge moulue, 500 g d’aliments liquides, de minéraux et de vitamines. Le tout passant par la mélangeuse. »

Pour les multipares, les aliments sont sensiblement identiques avec adaptation des quantités pour tenir compte des besoins et de l’ingestion. « Nous avons également une ration pour les vaches taries et pour les jeunes animaux à base de paille, complétée par du préfané et un peu de maïs. Nous avons une ration sèche qui consiste en un mélange sec de foin et de céréales et qui est distribuée aux veaux jusqu’à l’âge de 6 mois ».

La technologie au service du troupeau

Autre particularité dans la gestion des animaux : la circulation libre ou dirigée des animaux. La consigne pour sortir en prairie : être passée par le robot. En circulation libre, le robot aiguille les vaches vers la pâture. En dirigé, une seconde porte de tri permet de mener les vaches au pâturage si elles sont traites. Si elles sont à traire, elles devront retourner à l’étable. Ces systèmes permettent de pâturer 10 à 12 h par jour. Notons que toutes les vaches ne sortent pas en même temps. Un à deux tiers du troupeau peuvent être à l’extérieur simultanément.

Le troupeau est également suivi par le Herd Navigator, un mini-laboratoire qui analyse les composés du lait et qui permet de suivre principalement tout ce qui est reproduction (détection des chaleurs, des anomalies de cycle, des gestations).

Toutes les multipares sont inséminées en croisement industriel de manière à limiter le nombre de génisses à élever. « On élève juste le nombre de génisses nécessaire au renouvellement du troupeau. »

Les concentrés ne sont pas tout

A la ferme Le Bailli, l’usage des concentrés a surtout diminué au niveau du robot de traite. « Il faut oser changer les paramètres des robots pour mieux adapter les quantités de concentrés aux besoins des vaches pour qu’ils soient utilisés de manière optimale. La particularité du robot ? Il y a toujours une distribution nécessaire de l’aliment pour attirer les vaches. Grâce à l’appui technique et scientifique, on cherche le bon compromis pour les diminuer en y allant petit à petit. ». Tout d’abord, nous testons une ration sur un petit lot d’animaux et si l’on observe une économie en concentrés pour une même quantité de lait produite, nous répercutons les changements sur le reste du troupeau. »

« Pour ce faire, il n’y a pas de secret ! Nous nous sommes davantage concentrés sur la qualité du fourrage de notre exploitation. C’est un pilier important du projet. La clé ? Avoir confiance en la qualité de ses fourrages ! ».

Des retours positifs

« Après notre participation au projet, on a clairement vu une réduction de l’usage de concentrés, une meilleure production de matière utile sans avoir de baisse de production laitière grâce à la qualité des fourrages. Pas de différence non plus au niveau de la fréquentation du robot. Les retours sur le projet sont tous positifs », conclut Bruno. L’équipe de Protecow a réalisé plusieurs capsules vidéo ainsi qu’une boîte à outils sur les différentes thématiques du projet. Ils sont disponibles sur interreg-protecow.eu/ dans la section documents.

D’après Sanne Nuyts

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