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«Redémarrer l’élevage porcin, deux ans après l’abattage du cheptel, est un réel soulagement»

L’abattage préventif des porcs survenu en septembre 2018 en vue d’éviter la propagation de la PPA, a été un véritable choc pour tous les éleveurs gaumais. Pour Pauline Vandenbussche et Régis Tibesar, il n’a cependant pas été question d’abandonner l’activité, malgré les incertitudes pesant sur la filière.

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Les truies sont de retour à la Ferme du Chenois ! Le repeuplement de l’exploitation porcine Vandenbussche-Tibesar, sise à Tintigny, a repris jeudi dernier, avec l’arrivée de 114 truies. 110 autres devraient suivre dans les semaines à venir. Et ce, plus de deux ans après avoir dû abattre préventivement la totalité du cheptel. La mesure, prise en septembre 2018 par le ministre Denis Ducarme, avait pour objectif d’empêcher la propagation de la peste porcine africaine (PPA) sur le territoire belge suite à la découverte d’un foyer de contamination chez les sangliers sauvages.

Un nouveau chapitre

À l’occasion de ce repeuplement, le ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, s’est rendu sur place. « Le redémarrage de l’activité marque la fin d’une période triste pour la Gaume », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Les mesures prises par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) et la Région wallonne, en collaboration avec l’Europe, ont porté leur fruit. La Belgique a ainsi retrouvé son statut « indemne de PPA » fin 2020. Un exploit que seule la République tchèque avait jusqu’ici réussi ! »

Pauline Vandenbussche confirme : « Le repeuplement de notre exploitation nous permet de tourner la page sur un épisode douloureux, financièrement et psychologiquement, et d’ouvrir un nouveau chapitre. Savoir que la crise est derrière nous est un réel soulagement. Toutefois, nous devons tous rester attentifs à ce qu’il se passe en Allemagne, où la maladie s’est propagée en provenance de la Pologne. »

Des aides nécessaires à

la viabilité des exploitations

Pour sa part, l’Afsca préconise également la plus grande prudence et rappelle que des mesures strictes de biosécurité sont toujours d’application dans le secteur porcin (lire notre édition du 28 janvier).

« À ce titre, plus de 5,2 millions ont été dépensés par l’Agence pour lutter contre la PPA. Cela nous a permis de développer une application mobile permettant aux vétérinaires d’évaluer le niveau de biosécurité des élevages belges, mais aussi de financer les analyses en laboratoire et d’engager 21 personnes », ajoute Jean-François Heymans, directeur « Santé animale ». Le Fonds sanitaire a, lui, indemnisé les éleveurs en vue de compenser les pertes d’abattages et les aliments inutilisés. À cet effet, un budget de 1,2 million a été débloqué, co-financé à hauteur de 50 % par la Commission européenne.

La Région wallonne a aussi débloqué un budget pour soutenir les éleveurs durant l’arrêt de leur activité. Les mesures régionales de soutien sont d’ailleurs prolongées, sous forme d’aide « à la reprise », pendant 6 mois pour les éleveurs engraisseurs et 12 mois pour les éleveurs naisseurs engraisseurs. Le but : permettre aux agriculteurs de relancer une production de porcs générant suffisamment de revenus.

« Le soutien de la Région était absolument nécessaire. Nous avons été privés d’une partie importante de nos revenus, alors que nous reprenions l’exploitation de mes parents. Et un bâtiment vide est un poids mort… Il ne rapporte rien ! La prolongation des aides est également une nouvelle positive. Cela nous permet de redémarrer progressivement l’activité avec une plus grande sécurité, tout en rassurant nos fournisseurs », témoigne Pauline.

Le soutien ne s’arrête pas à l’aspect financier. L’Afsca propose aux éleveurs qui le souhaitent de les accompagner sur le volet « biosécurité ». « Tous les éleveurs ont conservé les autorisations qu’ils détenaient avant la crise. Ils peuvent donc repeupler leurs porcheries sans contrainte. Nous proposons néanmoins, via notre unité locale de Libramont, de réaliser une visite de leurs installations afin de les éclairer sur les points qui permettraient d’améliorer la biosécurité de leur ferme », détaille M. Heymans.

Une nouvelle orientation pour la Ferme du Chenois

« Repeupler les exploitations est, certes, une bonne nouvelle mais cela ne lève pas les nombreuses incertitudes liées aux prix payés aux producteurs. Les porcs d’engraissements, tels ceux que nous élevions avant l’abattage préventif, voient leur prix baisser depuis plusieurs mois… », poursuit Pauline. Le couple a donc cessé cette activité pour se tourner vers le naissage.

« Nous élevons exclusivement des cochettes et truies, en mettant l’accent sur leur patrimoine génétique. Elles sont inséminées et mettent bas ici, à Tintigny. Les porcelets quittent l’exploitation à destination des Pays-Bas lorsqu’ils ont atteint 25 kg. Là-bas, un autre cycle de reproduction ainsi que l’engraissement se poursuivent. » Une activité que les éleveurs eux-mêmes n’excluent pas de relancer, selon les opportunités qui se présenteront à l’avenir.

Propos recueillis par J. Vandegoor

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