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La préservation des sols, parent pauvre de la politique agricole commune

Alors que la Commission européenne prépare une stratégie pour la protection des sols, un rapport constate le manque de considération pour cette question dans le cadre de la pac actuelle.

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Malgré quelques améliorations, les mesures introduites dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune de 2013 n’ont eu qu’un impact limité sur le tassement, l’érosion ou la biodiversité des sols, conclut une étude menée à la demande de la Commission européenne par le Groupement européen d’intérêt économique Alliance environnement. L’étude relève que « La qualité des sols s’est vue accorder moins d’importance dans les choix de mise en œuvre de la pac par les États membres que d’autres préoccupations environnementales notamment la biodiversité et l’eau qui bénéficient d’objectifs communautaires contraignants ».

Un exemple : le rapport entre les montants d’aides distribués dans le cadre de la mesure de diversification des cultures du verdissement de ladite politique, et les bénéfices en matière de gestion durable des sols est considéré comme faible car elle n’a pas favorisé de changements significatifs dans les pratiques agricoles. Même constat concernant les aides apportées par les mesures agroenvironnementales du second pilier – Maec – visant l’agriculture de conservation des sols, qui sont jugées insuffisantes pour entraîner un changement de pratiques.

Et à l’inverse, des pratiques essentielles comme la limitation de la taille des parcelles, le raisonnement du travail du sol, le contrôle des passages de tracteurs, la mise en place de rotation des cultures, ne font l’objet d’aucune mesure. Les experts estiment également que les aides couplées volontaires encourageant les cultures fixatrices d’azote et l’élevage – qui contribuent indirectement à l’entretien des prairies et à l’utilisation du fumier – peuvent avoir un effet positif indirect sur la gestion des sols.

Manque de suivi

Concernant l’érosion, les rares progrès réalisés au cours de la période 2010-2016 pour réduire le phénomène (- 0,4 % pour l’ensemble des terres et – 0,8 % pour les terres arables) doivent être renforcés, en particulier dans les points chauds, estime l’Alliance environnement. Et aucun instrument ne traite clairement le compactage et la salinisation des sols, ajoute-t-elle.

Le rapport admet que les activités favorables à la biodiversité des sols et à l’équilibre nutritif ont été encouragées par des dispositifs tels que les surfaces d’intérêt écologique du verdissement, les Maec, le soutien à l’agriculture biologique, le maintien des prairies ou les restrictions sur les produits phytosanitaires. Toutefois, le résultat de leur mise en œuvre n’est pas suivi.

Il confirme aussi la nécessité d’apporter un soutien financier pour favoriser les pratiques agricoles et les choix d’occupation du sol non-rentable (par exemple les zones tampons), ainsi que pour limiter l’abandon de pratiques traditionnelles bénéfiques pour le sol.

Voilà des recommandations dont pourrait tenir compte la Commission européenne dans le cadre de sa future stratégie pour la protection des sols qui doit être présentée avant l’été.

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