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Coup de frein pour la collecte laitière européenne

Les baisses prononcées des collectes française, allemande et néerlandaise ont eu raison de la dynamique connue par l’UE-27 depuis juillet 2019 et de ses 18 mois consécutifs de croissance ininterrompue. La collecte de l’UE-27 a ainsi reculé de presque 1 % en janvier 2021, soit sa plus forte baisse depuis 2 ans.

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Sur le mois de janvier 2021, la collecte laitière française a tout juste dépassé 2,05 milliards de litres, connaissant ainsi un recul prononcé de près de 80 millions de litres d’une année sur l’autre (-3,4 %). Toutes les régions françaises sont dans le rouge, avec un recul de -1,7 % à -7,4 % d’une année sur l’autre. D’après les sondages de FranceAgriMer, cette dynamique baissière se serait maintenue en février.

Conditions hivernales et économiques plutôt défavorables

Avec 70.000 têtes de moins d’une année sur l’autre au 1er février (-1,9 % par rapport à 2020), le recul prononcé du cheptel français ne suffit pas à expliquer à lui seul ce repli marqué de la collecte. Alors que les gains de productivité avaient jusqu’alors largement gommé l’effritement du nombre de vaches laitières, cela n’a pas été le cas en janvier étant donné l’ampleur du recul.

Parmi les éléments ayant pu conduire à ce recul figurent les conditions météorologiques plutôt froides de l’hiver comparées à celui de 2020, mais aussi le contexte économique moins incitatif pour les producteurs. Le coût de l’alimentation achetée s’accroît, en effet, à grande vitesse.

En parallèle, le prix s’est à nouveau contracté et se révèle moins incitatif que l’an passé. À 348 €/1.000 l en janvier, le prix du lait standard (38/32, toutes qualités confondues) a reculé de 5,5 € d’une année sur l’autre (-1,5 %), mais reste légèrement au-dessus de son niveau de janvier 2019 (+2,5 €, soit +0,7 %).

Baisse chez les principaux producteurs de l’UE-27

Les collectes allemande et néerlandaise ont également accusé le coup en ce début d’année, avec des baisses respectives de -1,7 % et -1,4 % par rapport à 2020. Contrairement aux mois précédents, ni la Pologne, elle aussi soumise aux assauts hivernaux (avec une croissance ramenée de +2 % sur l’ensemble de l’année 2020 à +0,5 % sur janvier 2021), ni l’Irlande, à son creux de production annuelle (avec +0,8 % seulement) n’ont contribué à inverser cette tendance baissière des trois principaux pays laitiers européens.

De nombreux pays d’Europe centrale ont aussi vu leur production décroître plus ou moins fortement (-4 % pour la République tchèque, -1 % pour l’Autriche…). Plus au Sud, l’Espagne a vu sa collecte se replier de près de 1,5 % après avoir connu un premier recul en décembre (-0,5 %, alors le premier repli depuis avril 2019).

Au total, la collecte laitière de l’UE-27 n’a pas tout à fait atteint 11,7 millions de tonnes en janvier, accusant ainsi un repli de 103.000 t d’une année sur l’autre (-0,9 % en un an). Cette baisse met fin à 18 mois consécutifs de croissance ininterrompue de la collecte.

Début d’année dynamique dans les autres grands bassins laitiers

En parallèle, la production laitière dans les grands bassins exportateurs, hors UE-27, a démarré l’année sur une note très positive, tirée par des prix des produits laitiers en hausse et/ou par des soutiens publics importants.

Ainsi, aux États-Unis la production laitière a progressé de 1,6 % par rapport à 2020 en janvier, 8ème mois de hausse consécutif. Mais il s’agit de la plus faible hausse relative depuis le mois de juin 2020. Cette progression de la collecte provient surtout d’une hausse du cheptel, qui a encore gagné 8.000 têtes d’un mois sur l’autre, pour atteindre l‘effectif le plus élevé depuis 25 ans à 9,45 millions de vaches (+85.000 têtes par rapport 2020, soit +0,9 %). La production par tête n’a, quant à elle, augmenté que de 0,6 % en 1 an, soit la plus faible progression depuis le recul enregistré en mai 2020.

La production en février devrait également afficher une hausse limitée, compte tenu de la vague de froid polaire qui a touché la région centrale des États-Unis, dont le Texas, 4ème  état laitier avec plus de 7 % de la production nationale. Les basses températures ont non seulement affecté les animaux et leur production, mais également les industries de transformation, faute d’électricité et de main-d’œuvre sur les sites.

Les conséquences nationales de cette baisse locale de production devraient être limitées, compte tenu des restrictions sanitaires existantes à la consommation et du niveau élevé des stocks. Fin janvier 2021, les stocks de beurre se situaient 33 % au-dessus de leur niveau de 2020, ceux de poudre maigre à +9 % et ceux de fromage à +3 %. En janvier, les productions de fromages, beurre et poudre maigre ont toutes établi un nouveau record pour un début d’année.

Pour le reste de l’année, le secteur laitier états-unien est cependant confronté à de grandes incertitudes, à commencer par la date et la trajectoire d’un retour à la normale de la demande ou de savoir à quoi ressemblera cette « nouvelle normalité ». L’avancée rapide de la campagne de vaccination suscite cependant de nombreux espoirs d’un retour à une vie moins contrainte dès la fin du premier semestre 2021.

Confrontés à la flambée des prix des aliments, les éleveurs pourraient momentanément stopper la croissance de leur cheptel laitier. Les abattages devraient rester mesurés en 2021, mais le cheptel devrait cependant baisser avec de moindres entrées en production de génisses, tout en restant supérieur à celui de 2020. Le rendement par vache devrait encore progresser, mais devrait être affecté par la hausse des coûts de l’alimentation. Au final, les experts états-uniens s’attendent à une hausse de la production, légèrement inférieure à celle enregistrée en 2020 (+1,9 %).

Nouvelle-Zélande : nouvelle croissance de la production

Après une hausse de 0,7 % par rapport à 2019 en décembre 2020, la production néozélandaise a poursuivi en janvier 2020 son rebond (+0,8 %). Il s’explique notamment par des précipitations bienvenues tout au long du mois qui ont permis de limiter le déficit d’humidité des sols, repassé bien en dessous des niveaux de début 2020. L’abattage des vaches laitières et des génisses a également diminué en janvier 2021 (-14,5 % par rapport à 2020) pour la première fois depuis trois mois.

Sur les huit premiers mois de la campagne, la hausse de la production en volume se chiffre à +0,8 % par rapport à la précédente. Sur la même période, la hausse en matière solide est un peu moindre, +0,6 %.

Australie : prix en hausse

Après avoir enregistré un recul de 0,7 % par rapport à 2019 au cours du dernier trimestre 2020, la production a rebondi en janvier 2021 (+4 %), portée par des conditions saisonnières exceptionnelles pour cette période de l’année et une abondance d’aliments stockés. L’absence de vagues de chaleur et les pluies abondantes dans certaines parties de l’Australie ont été les bienvenues, contribuant à soutenir la production laitière et à réduire le besoin de compléter les rations. Sur les 7 premiers mois de la campagne, la production nationale a progressé de 1,1 % par rapport à la précédente.

La vigueur des prix mondiaux des produits laitiers a incité plusieurs grands transformateurs à augmenter le prix du lait payé aux producteurs. Cette revalorisation, combinée aux prix élevés des vaches de réforme, aux taux d’intérêt bas et aux faibles coûts des intrants, permet d’améliorer la rentabilité des fermes laitières.

D’après Tendances

Lait et Viande (Idèle)

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