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Quel futur pour l’énergie éolienne domestique?

Lettre ouverte au ministre Philippe Henry: Il y a 40 ans, le recours à l’éolien et au solaire était une façon du citoyen lambda de répondre aux deux crises pétrolières, à savoir produire de l’électricité chez soi. Là où le vent le permet, il était envisageable d’obtenir un permis communal d’implantation pour une éolienne domestique. Mais les choses ont changé entre-temps, semble-t-il.

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Qu’il y ait un minimum de modalités à respecter pour ce permis, nul ne le conteste. Pour clarifier les dossiers, la Région Wallonne a édité en 2015 un « vade-mecum pour l’implantation d’éoliennes de faible puissance en Région wallonne ». Il est inspiré en grande partie par l’expertise des Compagnons d’Eole, de l’APERe et de Vents d’Houyet.

Nous savons que, dans le contexte actuel de la transition énergétique, la production d’énergies renouvelables est appelée à se développer partout sur la planète. Les parcs éoliens connaissent d’ailleurs une grande diffusion et un développement technologique remarquable alors que l’éolien domestique, lui, stagne et régresse même. C’est assez surprenant. Il s’agit là d’éoliennes de taille modeste bien sûr, aptes à seconder les panneaux photovoltaïques, principalement au cours de la saison hivernale, tout en restant sous la barre des 10 kW autorisés pour l’injection sur le réseau électrique par le particulier.

Légalement, ces permis d’installer sont à délivrer par les communes mais force est de constater que rares sont celles qui franchissent le pas et l’octroient. Comment l’expliquer ? On ne peut pourtant pas parler d’une invasion ou d’une colonisation par les éoliennes domestiques. Combien en observez-vous dans votre paysage ?

L’argument souvent employé par les détracteurs est l’aspect paysager altéré par l’implantation d’une petite machine par analogie, sans doute, avec la grande sœur industrielle. Dans la grande majorité des cas, nous constatons qu’une éolienne domestique, une fois installée, ne suscite que très rarement des réactions négatives persistantes de la part des riverains. Les réticences sont plutôt antérieures, par méfiance de l’inconnu.

Personnellement, je vis mal un tel refus de permis car, malgré un argumentaire globalement favorable, ma commune me l’a refusé essentiellement sur la notion d’impact paysager alors qu’une éolienne était active chez moi depuis plus de10 ans sans aucune remarque désobligeante de la part des riverains. La commission d’avis sur les recours à Jambes a statué et a émis un avis favorable au permis, lequel a été ensuite écarté d’autorité par le ministre W. Borsus pour motif paysager (notion subjective).

Ce cas est loin d’être unique et est mal vécu par plusieurs membres de notre association. Les temps actuels ne sont-ils pas ceux de la transition énergétique à marche forcée, à laquelle chacun est appelé à contribuer suivant ses moyens ?

Monsieur le Ministre, en août 2020, vous avez cosigné, avec la ministre Christie Morreale, un article intitulé : « L’économie sociale se déploie dans l’énergie verte et renouvelable ».

Pour cette économie sociale, vous signalez qu’un budget de 200.000 € est mis à disposition afin de promouvoir la participation citoyenne. Une phrase y retint mon attention : «  Ce nouveau budget cible également la promotion de la participation citoyenne dans le développement des énergies renouvelables ».

Nous ne demandons pas de subsides mais un appui efficace de votre part en tant que ministre de l’Énergie. Pouvez-vous soutenir concrètement l’effet positif et possible du petit éolien dans la transition énergétique ? Car, à quoi bon stimuler la réflexion si la pratique est abolie ? Sachez que je me tiens à votre disposition pour en débattre.

Lino Polese,

administrateur des asbl A Tout Vent 2000 et Les Compagnons d’Eole

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