Pour les racines de chicon, le semis est l’étape cruciale de l’itinéraire cultural

Le lot de racines sera le plus homogène possible : la réussite du semis est le premier facteur de réussite.
Le lot de racines sera le plus homogène possible : la réussite du semis est le premier facteur de réussite. - F.

Avant toutes autres choses, rappelons que la réussite d’une production de racines de chicons dépend en grande partie du soin accordé au semis.

Les variétés : de la qualité et un vaste choix !

Le choix variétal est large et de grande qualité. Nous pouvons classer les variétés selon la période de forçage prévue, sachant que les résultats obtenus par les centres de recherche belges et français peuvent varier en fonction des conditions culturales de l’année d’étude.

Les variétés reprises ici ne sont que quelques exemples sans préjuger de la qualité de celles non citées :

– forçage en octobre et novembre  : Beguine, Ecrine, Manoline, Mont Blanc ;

– forçage en novembre et décembre  : Beguine, Bingo, Darling, Manoline, Topscore ;

– forçage en janvier, février et mars  : Amazone, Daufine, Déesse, Fakir, First Lady, Flexine, Laurine, Platine, Topscore ;

– forçage en février, mars, avril  : Daufine, Déesse, First Lady, Flexine, Laurine, Ombline, Takine, Vintor ;

– forçage en avril, mai, juin et les mois d'été  : Absolue, Daufine, Djine, First Lady, Flexine, Laurine, Podium, Sweet Lady, Topmodel, Vintor ;

Ajoutons que le jardin national d’essai de Herent met en ligne les résultats comparatifs très récents (www.proeftuinherent.be).

L'examen des collets donne une première indication de l'état sanitaire des racines avant la mise en frigo.
L'examen des collets donne une première indication de l'état sanitaire des racines avant la mise en frigo. - F.

Quelque 18 à 28 racines/m2

La densité de population souhaitée sera de l’ordre de 18 (sur buttes) à 28 racines (à plat) par m² pour ne pas avoir de racines trop grosses ni trop petites pour le forçage (diamètre idéal de 3,5 à 5,0 cm au galbe du collet).

Notons que les racines ne seront pas toutes aptes au forçage, des pertes devant entrer en compte lors des opérations de récolte, de manutention et de triage. Pour des semences de bonne qualité, la densité de semis sera de 25 à 36 graines par m², soit 250.000 à 360.000 graines/ha.

Un sol à la structure parfaite !

Un profil de sol homogène et sans semelle de labour est favorable pour obtenir des racines pas ou très peu fourchues et surtout leur alimentation correcte en eau et donc en sels minéraux.

Un mauvais enracinement dû à une dégradation de la structure de sol limitera l’exploration du profil par les radicelles, pénalisant ainsi l’alimentation en calcium de la plante au champ ; la conséquence : une teneur insuffisante des racines et des problèmes importants au forçage (différentes altérations physiologiques touchant entre autres la coloration excessive de l’axe du chicon et la nécrose marginale des feuilles).

Il faut donc un profil de sol dépourvu de zones compactées et de zones creuses, de sorte que les racines puissent développer une longueur de l’ordre de 17 cm à l’arrachage, base des pétioles non comprise.

La fertilisation… liée aux variétés

Le choix variétal est influencé par la mise à disposition attendue d’azote par le sol. Les variétés dites « sensibles » dans les catalogues des semenciers ont besoin de 110 à 140 kg d’azote au total (incluant donc les reliquats, l’effet de la culture précédente et la minéralisation des matières organiques du sol). L’analyse du profil par un laboratoire permettra de s’assurer du respect de cette contrainte. Pour les variétés dites « tolérantes », le besoin s’élève à 140 à 160 kg d’azote libéré et il totalisera 160 à 180 kg pour les variétés dites « préférantes ».

L’analyse classique de sol permet de déterminer les besoins en phosphore, potassium, magnésium. Elle est précieuse aussi pour tendre vers un bon équilibre nutritif entre le potassium, le magnésium et le sodium. De manière générale, une bonne fumure potassique et magnésienne équilibrée permet de limiter les excès d’amertume du chicon lors du forçage.

Le semis, phase délicate

La parfaite réalisation du semis est une des clés de la réussite finale : la préparation du lit de semis, le réglage du semoir, la qualité des semences joueront un rôle fondamental dans celle-ci. Le sol doit être bien rassis, la semence est positionnée à 5 à 7 mm de profondeur et est bien plombée (réglage du semoir) !

On observe la levée après 6 à 8 jours ; idéalement elle devrait atteindre au moins 80 %. Attention : ne jamais semer à moins de 8ºC (mauvaises levées, vernalisation) : commencer à partir de 10ºC au sol au moins, attendre 12ºC pour la plus grosse partie des semis.

Le déherbage des champs de racines de chicons reste un point délicat à réussir pour éviter les surplus de main-d'oeuvre. Les faux-semis sont importants dans la démarche phytotechnique globale.
Le déherbage des champs de racines de chicons reste un point délicat à réussir pour éviter les surplus de main-d'oeuvre. Les faux-semis sont importants dans la démarche phytotechnique globale. - F.

Le désherbage…

La lute contre les adventices demeure un point délicat. Plusieurs opérations concourent à sa réussite : une bonne maîtrise de l’enherbement au fil de la rotation et les faux semis.

En culture biologique, les binages, complétés par le désherbage thermique (assez bien supporté du stade 1 vraie feuille à 5 vraies feuilles de la culture), permettent de limiter les interventions manuelles à 100 à 150 heures/ha.

En culture conventionnelle, le désherbage s’inspire des développements récents en culture de chicorée industrielle. Les doses totales annuelles de plusieurs des matières actives utilisables en désherbage chimique des racines de chicons sont limitées.

Consulter phytoweb pour s’informer des actualisations. Les interventions sont souvent comparables à celles préconisées en chicorées. Le site de l’Irbab présente une fiche pour la chicorée industrielle qui a des similitudes avec la culture des racines de chicons (www.irbab-kbivb.be). Retenons cependant la réduction de la dose de Bonalan de 9 à 8 l/ha depuis 2020, le retrait d’Asulox et du chlorprophame depuis plus d’un an.

Les produits homologués sont disponibles sur fytoweb : https ://fytoweb.be/fr. Nous retrouvons notamment, sauf omission involontaire : dimethenamide-P (Arundo, Frontier Elite, Grometa), Propyzamide (Atapropy, Solitaire), isoxaben (AZ 500, Inter Isoxaben 500, VSM Isoxaben 500), penoxsulam (Boa, Wopro Penoxsulam), benfluraline (Bonalan), carbetamide (Carburame), clethodime (Centurion, Inter Select, Octavion 120 EC, Select Prim, Select Pro, Wopro Plus), S-metolachlore (Codal, Dual Gold, Efica 960 EC, Lecar S-Metolachlor 960), fluazifop-P-butyl (Fusilade Max), propyzamide (Kerb 400 SC, Kerb SC, Setanta SC), carbetamide (Legurame), quizalofop-P-butyl (Pantera), quizalofop-P-ethyl (Quizelco, Targa Magamax, Targa Prestige), trisulfuron-methyl (Safari, Shiro, Shiro 500, Triflutec 500)…

Ces produits requièrent le respect de zones tampons parfois larges. Protecteau en a établi une synthèse disponible sur son site : https ://protecteau.be/

… et la protection

La maladie la plus crainte est la sclérotiniose (due le plus souvent à Sclerotinia sclerotiorum). Le respect d’une rotation suffisamment longue est la première méthode de lutte. Dans le cas de sols identifiés historiquement comme infectés par des sclérotes, il convient d’appréhender les risques et apprécier si une intervention au champ avec le fongicide biologique à base de Coniothyrium minitans (Contans) se justifie en plein champ.

La rotation, la fumure, la structure du sol, autant de paramètres intervenant dans les risques de sclérotiniose (ici, Sclerotinia sclerotiorum).
La rotation, la fumure, la structure du sol, autant de paramètres intervenant dans les risques de sclérotiniose (ici, Sclerotinia sclerotiorum). - F.

Les pigeons ramiers peuvent occasionner de grands dégâts en picorant les jeunes feuilles ; les plantes prennent alors du retard dans leur développement avec des conséquences sur le poids final des racines et l’agenda des récoltes. Les problèmes viennent surtout lorsque les fortes populations se rabattent sur les rares parcelles de la région.

Toutes les méthodes d’effarouchement viseront à décourager les mauvaises habitudes des colonies d’oiseaux dès le début de la croissance des plantes, mais l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous. Une autre méthode est la pose de filets, mais le prix de revient est très élevé au regard de la valeur des racines. En cas de fortes attaques, contacter les services compétents pour une autorisation de tir.

F.

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