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Déforestation tropicale: l’UE en est le 2e plus grand importateur, selon le WWF

Le WWF évalue à 16 % l’impact de l’UE sur la déforestation associée au commerce international, ce qui la place au 2e rang mondial, juste derrière la Chine. L’ONG appelle la Commission s’attaquer, dans une proposition législative attendue d’ici juin, à l’intégralité de l’empreinte de la consommation européenne sur les forêts et autres écosystèmes.

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En 2017, l’Union européenne était responsable de 16 % de la déforestation associée au commerce international, soit un total de 203.000 ha et 116 millions de tonnes de CO2, indique le Fonds mondial pour la nature dans un rapport publié le 14 avril. Cela place l’UE au rang de deuxième plus grand importateur de déforestation tropicale et d’émissions associées après la Chine (24 %) mais devant l’Inde (9 %), les États-Unis (7 %) et le Japon (5 %).

Le rapport montre également qu’entre 2005 et 2017, les plus grandes économies européennes (Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, France, Belgique et Pologne) étaient responsables de 80 % de cette déforestation en raison de leur utilisation et de leur consommation de produits de base à risque pour les forêts.

Et il ajoute que sur la même période, les Pays-Bas (18 m² par habitant), la Belgique (14 m² par habitant) et le Danemark (11 m² par habitant) ont enregistré la déforestation intégrée moyenne la plus élevée par habitant, bien au-delà de la moyenne de l’UE, qui est de 5 m² par habitant.

Soja, huile de palme et viande

En matière de produits agricoles, entre 2005 et 2017, plus de 80 % de la déforestation tropicale intégrée dans les importations de l’Union européenne étaient concentrés dans le soja (31 %, 89.000 ha/an), l’huile de palme (24 % 69.000 ha/an), la viande bovine (10 %, 28.000 ha/an), les produits du bois (8 %, 22.000 ha/an), le cacao (6 %, 18.000 ha) et le café (5 %, 14.000 ha).

Au niveau des émissions intégrées, l’huile de palme dépasse systématiquement les autres produits de base, contribuant à 37 % des émissions intégrées entre 2005 et 2017 en raison de la conversion des forêts et des tourbières, précise l’étude.

Tout en ajoutant que sur la même période, la déforestation tropicale intégrée dans les importations de l’UE était la plus importante pour les importations en provenance du Brésil (30 %, 87.000 ha/an), de l’Indonésie (22 %, 64.000 ha/an), de l’Argentine (10 %, 30.000 ha) et du Paraguay (8 %, 22.000 ha).

Par ailleurs, le WWF montre qu’il existe des liens clairs entre la consommation de l’UE, en particulier de soja et de bœuf, et plusieurs des points chauds de la déforestation tels que le Cerrado et l’Amazonie au Brésil et le Chaco en Argentine et au Paraguay.

Le problème et la solution

Alors que la Commission européenne doit présenter d’ici juin une proposition législative pour lutter contre cette déforestation importée, l’ONG appelle l’UE à s’attaquer urgemment à l’intégralité de l’empreinte de la consommation européenne sur les forêts et autres écosystèmes de la planète, tels que les prairies et les zones humides. Pour Anke Schulmeister-Oldenhove, responsable des politiques forestières au WWF, « à l’heure actuelle, l’Europe fait partie du problème, mais avec une législation adéquate, elle pourrait faire partie de la solution ».

Selon les auteurs du rapport, le champ d’application de la nouvelle législation européenne devrait ainsi prendre en compte à la fois la conversion et la dégradation des écosystèmes naturels, ainsi que la déforestation et la dégradation des forêts naturelles.

Fondée sur des critères objectifs et scientifiques, elle devra aussi couvrir les produits de base et les produits risquant d’être liés à la conversion ou à la dégradation des forêts et des écosystèmes naturels, tels que l’huile de palme, le soja, le caoutchouc, le bœuf, le cuir, le maïs, le cacao, le café, la volaille, le porc, les œufs, le saumon ou encore les produits laitiers. En outre, selon l’ONG, l’UE devra aussi établir une législation qui exige une diligence raisonnable obligatoire, associée à une obligation de transparence tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Enfin, les auteurs du rapport estiment que la nouvelle loi devrait clarifier les termes et les concepts essentiels à son application, par exemple, savoir concrètement ce qui constitue une forêt naturelle ou un écosystème naturel, la déforestation ou encore la dégradation et la conversion.

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