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Maraîchage: des méthodes préventives et curatives pour ne pas se laisser dépasser par les galinsoges!

Plantes de la famille des astéracées, les galinsoges peuvent rapidement acquérir un développement important et préjudiciable dans les cultures maraîchères si on ne veille pas à l’anticiper par une série de mesures bien identifiées qui sont rappelées ici.

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Les galinsoges ont un cycle de reproduction par les semences très court. Ils sont favorisés par les techniques de culture qui couvrent peu ou incomplètement le sol. Leur multiplication est donc bien plus problématique en maraîchage qu’en grandes cultures.

Leur cycle de multiplication court et l’adaptation à un développement rapide dans les cultures couvrant mal le sol sont deux des raisons de leur capacité d’envahissement, si l’on n’y prend pas garde.

Deux espèces de ce genre d’astéracées sont fréquentes chez nous : Galinsoga ciliata (ou G. quadriradiata) et G. parviflora. La densité de la pilosité sur les feuilles, la largeur de feuilles, la forme des akènes les distinguent. La première citée est la plus fréquente des deux, mais nous pouvons rencontrer les deux espèces sur la même parcelle. Leurs capacités d’extension et les moyens de maîtrise de celle-ci sont semblables.

Le faux semis est efficace si la température du sol atteint au moins 10°C.
Le faux semis est efficace si la température du sol atteint au moins 10°C. - F.

Le cycle végétatif et génératif

La germination est constatée lorsque le sol a une température entre 10 et 24ºC. Dans nos régions, ce sera le cas à partir de début mai et jusque mi-octobre. Les plantes produisent des semences viables après 6 à 8 semaines déjà. Chaque plante isolée produit quelque 7.500 à 10.000 graines ; les plantes en peuplement dense sont moins productives individuellement. Puisque la germination peut avoir lieu très peu de temps après la chute des semences sur le sol, nous pouvons constater 3 à 4 générations par an, avec une explosion très rapide des populations.

Les galinsoges fleurissent de mi ou fin mai à fin octobre. Les fleurs composées sont visitées par de nombreux insectes qui favorisent ainsi la fécondation croisée mais la fécondation autogame est possible aussi.

Les plantes sont gélives et sont détruites dès l’arrivée des gels d’automne.

Elles plantes sont aussi des réservoirs de virus phytopathogènes. La Fédération régionale française de dDéfense contre les organismes nuisibles des Hauts-de-France mentionne le virus de la mosaïque du concombre (CMV) et celui de la mosaïque du navet (TuMV). Elles entretiennent aussi des populations de nématodes ravageurs de racines.

Les conditions écologiques favorables ou défavorables à ces plantes

Les terres travaillées finement en surface favorisent la germination des galinsoges. Le travail du sol permet de ramener en surface des semences. Le travail à la fraise ou avec d’autres outils à mouvement commandé qui affinent la terre est très favorable à leur germination.

L'absence de lumière au niveau du sol permet d'éviter la germination des galinsoges.
L'absence de lumière au niveau du sol permet d'éviter la germination des galinsoges. - F.

Les semences de ces plantes germent beaucoup mieux à la lumière, c’est-à-dire dans des cultures peu couvrantes, avant la couverture du sol. Mais nous devons aussi être très vigilants après la récolte. Si la parcelle n’est pas remployée rapidement, nous pouvons perdre de vue son salissement. Or, quelques semaines suffisent pour que quelques galinsoges produisent des milliers, voire des millions de semences.

Celles-ci germent très rapidement après leur production, elles n’ont besoin que d’une très courte période de dormance.

Les semences ne restent viables que deux ans, au maximum 3 ans. Celles qui sont enfouies profondément perdent rapidement leur capacité à germer. C’est une « faiblesse » que nous pouvons exploiter pour se débarrasser de cette plante envahissante. En incluant dans la rotation des cultures dont la végétation recouvrent bien le sol, pendant trois années consécutives, il est possible réduire sensiblement la population de galinsoges.

Les semences peuvent être apportées par les animaux et par le vent, mais la terre adhérant aux roues et aux outils de travail du sol est une importante source de contamination de parcelles.

Après un binage ou un sarclage, les plantes se réenracinent très facilement et reprennent leur développement vers la maturation des semences. Les bris de tiges peuvent aussi se bouturer dans le sol.

Le travail du sol pour permettre la réalisation de faux semis, et la couverture du sol (plantes couvrantes, paillage, engrais verts) constituent deux méthodes efficaces pour maîtriser les galinsoges.
Le travail du sol pour permettre la réalisation de faux semis, et la couverture du sol (plantes couvrantes, paillage, engrais verts) constituent deux méthodes efficaces pour maîtriser les galinsoges. - F.

Prévenir et guérir

On observe ces plantes dans beaucoup de parcelles. La première mesure est bien évidemment d’éviter leur introduction accidentelle. Dès que les premières plantes sont repérées, empêchons-les de se reproduire, ce n’est possible que lorsque leur présence se limite à quelques foyers. Nous devons être très attentifs au nettoyage des outils et roues qui quittent une parcelle envahie pour se rendre dans une parcelle indemne.

Le Labour

Le labour enterre les graines et a donc un effet positif en cas de production récente de plantes semencières de galinsoges. Mais il permet aussi à des semences enterrées de remonter en surface.

Faux semis

La technique du faux semis est bien adaptée si elle est suivie de mesures empêchant la production de semences viables par les plantes. Le faux semis permet une levée massive de galinsoges et leur destruction. Il n’est efficace qu’à parti de la mi-mai, quand la température du sol est suffisante pour la germination.

Couverture du sol

Les paillis naturels ou plastiques permettent l’absence de lumière et donc empêchent la germination de ces plantes sur les surfaces où le sol n’est pas atteint par la lumière.

Désherbage

Les désherbages manuels, mécaniques et thermiques sont efficaces si nous pouvons les pratiquer à plusieurs reprises, du printemps à l’automne, quand la température du sol est suffisante. Le travail superficiel du sol permet la remontée en surface et la germination de semences enterrées.

Les herbicides homologués en cultures maraîchères ont une efficacité qui dépend largement des conditions de germination des galinsoges dans chaque cas particulier. Plusieurs matières actives homologuées en culture d’astéracées sont malheureusement inefficaces.

Rotation

L’introduction dans la rotation d’une prairie temporaire pendant trois années est une mesure radicale. Les mélanges tels que le ray-grass avec le trèfle en sols humides ou le dactyle avec la luzerne en sols secs sont très efficaces.

Dans une mesure moindre mais très appréciable, un engrais vert doté d’un bon pouvoir couvrant permet de bien concurrencer les galinsoges.

F.

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