Le projet «Cadi» entend déployer l’offre locale en Entre-Sambre-et-Meuse

L’offre de légumes, parmi d’autres, est insuffisante sur le territoire de Cadi.  L’installation de nouveaux producteurs est à la fois un défi et une nécessité.
L’offre de légumes, parmi d’autres, est insuffisante sur le territoire de Cadi. L’installation de nouveaux producteurs est à la fois un défi et une nécessité. - savoieleysse - stock.adobe.com

Suite à un appel à projets du Gouvernement wallon, 46 initiatives contribuant à relocaliser le système alimentaire wallon ont été sélectionnées en décembre dernier. Pour les soutenir, un budget global de 11,7 millions a été débloqué sur une période de 3 ans.

Parmi ces nombreux projets figure Cadi (pour Chaîne alimentaire durable intégrée) dont le but est de développer et soutenir l’offre et la demande de produits alimentaires locaux à l’échelle de 13 communes de l’Entre-Sambre-et-Meuse (Beaumont, Chimay, Froidchapelle, Momignies, Sivry-Rance, Cerfontaine, Couvin, Doische, Florennes, Mettet, Philippeville, Viroinval et Walcourt).

Au bénéfice de 110.000 mangeurs

Cadi est porté par le Parc naturel Viroin-Hermeton, la coopérative « La Botte Paysanne » et la Fondation Chimay-Wartoise ; trois structures déjà actives en matière de relocalisation de l’alimentation. À ces « pilotes », quatre acteurs sont venus se greffer afin de mener à bien le projet : deux autres coopératives de producteurs et consommateurs (Coopesem et la Coopérative bio de la Botte), la société Chimay-Gestion et le Centre d’orientation et de développement pour l’emploi et la formation (Codef) d’Olloy-sur-Viroin.

« Nous ne serons pas trop de sept pour soutenir le développement de filières valorisant les produits locaux et ce, au bénéfice des 110.000 mangeurs présents sur le territoire de Cadi », explique Catherine Tellier, de la Botte Paysanne. « Le projet s’articule autour de plusieurs axes. Dans un premier temps, nous souhaitons sensibiliser tous les acteurs de la région concernés par l’alimentation. Notre objectif est de faciliter les rencontres des uns avec les autres, pour faire naître de nouvelles collaborations. De même, nous voulons renforcer les liens entre les consommateurs et les producteurs. »

Des fermes écoles, pour accueillir de nouveaux producteurs

Un autre objectif des porteurs du projet – peut-être même le plus ambitieux – est de favoriser l’installation de nouveaux producteurs. « Deux fermes-écoles sont présentes sur le territoire. Des apprenants peuvent y apprendre les ficelles du métier, développer et tester leurs projets, acquérir un savoir-faire supplémentaire… Nous souhaitons identifier un certain nombre de fermes de la région qui seraient prêtes à accueillir des candidats-agriculteurs. »

Pour ce faire, des séances d’informations sont organisées (voir encadré). Le but : détailler aux potentiels accueillants le fonctionnement d’une ferme-école. Une charte sera aussi développée en vue de sélectionner les futurs lieux d’accueil. « Nous favoriserons les structures familiales, bio, autonomes et dont les produits sont vendus sur le territoire, à travers des coopératives ou magasins à la ferme », précise Mme Tellier.

Et de poursuivre : « De nombreux agriculteurs n’ont aucun repreneur tandis que les candidats rencontrent des difficultés à intégrer le milieu. Pourquoi ne pas les faire se rencontrer ? Les premiers pourraient accueillir les seconds sur leur ferme durant trois ans, soit le temps nécessaire pour créer un lien entre les parties et mûrir les projets du candidat-agriculteur. » Et si cela se passe bien, pourquoi ne pas terminer l’histoire par une cession-reprise de la ferme ?

L’accès à la terre est un autre problème. S’il peut, en partie, être comblé par les fermes-écoles, ce n’est pas suffisant. Les propriétaires publics et privés seront interpellés en vue de favoriser l’installation de ces nouveaux producteurs.

Identifier et développer les outils manquants

Par ailleurs, très peu d’outils de transformation sont présents sur le territoire couvert par Cadi. Un autre axe important du projet sera d’inverser la tendance. « Que ce soit pour les fruits et les légumes, la viande, les céréales…, nous devons identifier les outils logistiques et de transformations (légumerie, conserverie, atelier de découpe…) indispensables pour, d’une part, répondre aux besoins du marché et, d’autre part, valoriser ici même les produits du territoire », explique Philippe Chèvremont, de la Fondation Chimay-Wartoise.

Outre la phase d’identification des besoins, Cadi soutiendra les porteurs de projet dans leur étude de faisabilité. Un accompagnement à la recherche de financement est également prévu. « Nous viendrons supporter les porteurs de projet pour qu’au terme des 3 ans de Cadi, des avancées concrètes soient visibles sur le terrain. »

Une formation d’ouvrier semi-qualifié en maraîchage et transformation de produit

Aider les producteurs à développer leurs activités, favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs ou encore soutenir la création de nouveaux outils… Toutes ces activités requièrent de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée. C’est pourquoi le Codef, en tant que partenaire de Cadi, désire créer une formation d’ouvrier semi-qualifié en maraîchage et transformation de produit.

« Ce nouveau programme permettra d’ouvrir d’autres débouchés aux apprenants. Il sera construit avec les producteurs de la région, afin de comprendre leurs besoins et, in fine, former le personnel pouvant y répondre. En parallèle, nous souhaitons créer une légumerie où pourra être engagé le personnel que nous formerons », explique Myriam Van Migem, directrice de la structure.

Sauf problème, la formation intégrera le catalogue du Codef dès la rentrée de septembre 2022.

Une alimentation de qualité pour tous

Enfin, Cadi intègre une dimension sociale. Un Conseil de politique alimentaire sera installé. Son rôle : faire vivre cet « écosystème alimentaire » en lien avec d’autres projets aux objectifs similaires. « Nous avons aussi pour but de rendre les produits locaux accessibles à tous, y compris aux ménages à faibles revenus. Cela s’accompagnera d’une action de sensibilisation à l’alimentation saine et locale », ajoute Mélanie Barbaresch de la Fondation Chimay-Wartoise.

Les collectivités du territoire ne seront pas oubliées. « Nous irons à la rencontre des homes, des écoles… pour les inciter à consommer local. Tout le monde doit avoir accès à une alimentation de qualité produite au sein même du territoire « Cadi » ! »

Jérémy Vandegoor

Rencontre avec les fermes-écoles

Deux rencontres avec les fermes-écoles sont d’ores et déjà prévues :

– le mardi 25 mai, de 10 à 12h chez Marie Albert à l’Ortie Culture (Fourneau de Vaulx, 1, 5646 Stave-Mettet), pépinière de comestibles ;

– le mercredi 26 mai, de 10 à 12h chez Philippe Genet à la Ferme du Pré aux Chênes (Rue Charles Leleux, 12, 6591 Macon-Momignies), production de céréales, de farines et de pains paysans.

Inscriptions indispensables via info@labottepaysanne.be ou au 0470/31.62.76.

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