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Les buses anti-dérive sont-elles efficaces pour le désherbage en culture de betteraves, de pomme de terre et de maïs?

Depuis 2019, l’application de produit phyto doit se faire à l’aide de matériel réduisant la dérive de minimum 50 %. Il s’agit principalement de buses dont le pourcentage de réduction de la dérive peut être de 50, 75 ou 90 %. Nombre d’agriculteurs s’interrogent sur leur efficacité, surtout lors du désherbage des cultures de printemps. Pour faire le point sur les différents types de buses anti-dérive disponibles sur le marché, Protect’eau a synthétisé des résultats d’essais réalisés en betterave, pomme de terre et maïs.

Temps de lecture : 6 min

Un compromis entre la réduction de la dérive et l’efficacité du traitement est à rechercher. Pour garantir cette efficacité, on veut optimiser la couverture de la cible en diminuant la taille des gouttes et en augmentant leur nombre. Or, plus les gouttes sont fines, plus elles sont sensibles à la dérive. La taille et le nombre de gouttes sont donc des paramètres déterminants que vous pouvez maîtriser en choisissant habilement le type et le calibre de vos buses ainsi que la pression de travail.

Deux objectifs à atteindre :

– efficacité du traitement : à volume/ha équivalent, plus les gouttes sont fines, plus les impacts sont nombreux et plus la cible est couverte ;

– Limitation de la dérive : plus les gouttes sont grosses, moins elles sont sensibles à la dérive.

De plus, tous les produits ne nécessitent pas le même niveau de couverture de la cible. Les produits de contact sont les plus exigeants en matière de qualité de pulvérisation car ils sont très peu mobiles dans la plante. En revanche, les produits racinaires ne requièrent pas une pulvérisation fine mais ils ne pourront agir que si le sol est suffisamment humide. Enfin, les produits systémiques foliaires sont également plus flexibles et moins tributaires de la taille des gouttes, des conditions « poussantes » favorisant leur action.

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Efficacité des buses anti-dérive : résultats d’essais

Betterave : augmenter la pression des buses à aspiration d’air et tenir compte du climat

En betterave, le désherbage des jeunes adventices peut rebuter l’utilisation de buses anti-dérive. On cherche, en effet, à atteindre des cibles étroites, à faibles doses, notamment avec des produits de contact qui nécessitent une pulvérisation la plus couvrante possible. Dans ce contexte, on peut se demander quelle sera l’efficacité des buses à aspiration d’air, étant donné qu’elles créent de grosses gouttes.

Des essais réalisés en 2018 et 2019 par l’IRBAB ont montré très peu de différence d’efficacité entre les types de buses testées, qu’elles soient anti-dérive ou non. Seul le comptage de mai 2019 a montré des résultats inférieurs pour certaines buses à aspiration d’air utilisées à 2 bars. Cette perte d’efficacité peut toutefois être compensée en augmentant la pression, ce qui a pour effet de diminuer la taille des gouttes.

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Attention toutefois au fait qu’en conditions sèches, l’efficacité des produits racinaires est limitée en raison du manque d’eau dans les sols. Ce sont les produits de contact (« Betanal » et « Tramat ») qui assurent alors une grande partie de l’efficacité du traitement FAR. Leur efficacité dépend énormément de la qualité de la pulvérisation.

Essais menés par l’IRBAB, 2017.
Essais menés par l’IRBAB, 2017. - Protect’eau

En 2017, année particulièrement froide et sèche, les résultats ont été plus contrastés entre les différents types de buse. Une très bonne efficacité a été observée pour les buses à miroir et à pastille de calibrage. Les gouttes de taille « moyennes » sont donc suffisantes pour assurer un bon recouvrement de la cible. En revanche, les buses à aspiration d’air classiques et les buses miroir à aspiration d’air qui produisent des gouttes « grosses à extrêmement grosses », n’ont pas atteint le seuil d’efficacité du traitement (95 %), malgré une pression plus élevée.

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Ces résultats diffèrent de ceux de 2018 et 2019, où dans de bonnes conditions climatiques, l’ensemble des buses ont présenté une bonne efficacité car les produits racinaires et de contact ont bien fonctionné.

Pomme de terre : importance du volume/ha

Des essais menés en 2018 et 2019 par le PCA (Centre d’essai de la pomme de terre à Kruishoutem) ont montré des résultats de 100 % d’efficacité pour toutes les buses anti-dérive testées en lutte fongique ainsi que pour le défanage des feuilles (buses identiques à l’essai betterave 2018-2019). Ces bons résultats s’expliquent par le fait que les fongicides ont été appliqués avec un volume de bouillie élevé (300 l/ha) et que la pression infectieuse était faible. Les éventuelles différences d’efficacité entre les buses sont compensées par de grands volumes/ha et une faible vitesse pour assurer une bonne couverture du feuillage ainsi que par la fréquence des passages.

En maïs, le choix du type de buse n’a pas d’influence sur la réussite du traitement

Pour le désherbage du maïs, on a généralement recours à des produits systémiques qui sont moins sensibles à la taille des gouttes. Des essais réalisés en 2018 et 2019 par le CIPF n’ont montré aucune grande différence entre les types de buse (de 96 à 100 % d’efficacité). Il est toutefois essentiel de traiter dans des conditions d’humidité relative suffisantes et sur des adventices par trop développées. Les quelques panics pied-de-coq moins contrôlés par certaines buses en 2018 avaient dépassé le stade optimal de traitement (3 feuilles à talles 3 cm).

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Quid de la réduction du volume ?

En règle générale, plus on diminue le volume hectare, plus le taux de recouvrement diminue. La couverture de la cible diminue encore si l’on emploie des buses à aspiration d’air, au vu de la taille des gouttes qu’elles produisent.

Des essais du Cra-w ont montré que, lors de l’utilisation de produits de contact, le traitement avec ce type de buses ne sera plus efficace en dessous de 150 l/ha. Les buses à pastille de calibrage et à miroir gardent une bonne efficacité à 100 l/ha. Cependant, le choix des buses anti-dérive permettant ces volumes est restreint, les plus petits calibres étant limités à 50 % seulement de réduction de la dérive.

Pour terminer, il ne faudrait pas croire qu’en augmentant le volume, vous aurez trouvé la panacée : certains produits phyto perdent en efficacité lorsqu’ils sont trop dilués. Mieux vaut respecter les préconisations de litrage du fabricant.

***

Vous avez besoin d’un conseil pour choisir vos buses selon les produits que vous utilisez et tenant compte de vos habitudes de travail (pression, volume/ha, vitesse). Quelle marque, quel modèle et quel calibre de buses conviendraient le mieux à votre situation ? Vous avez des buses en votre possession mais vous ne savez pas si celles-ci sont reconnues anti-dérive ? N’hésitez pas à faire appel aux conseillers Protect’eau : info@protecteau.be. Il est également possible de consulter les fiches techniques de l’asbl : www.protecteau.be >Publications >Fiches techniques), ainsi que la liste officielle comprenant la totalité du matériel anti-dérive reconnu en Belgique sur Phytoweb

D’après Protect’eau

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