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Lutte contre l’odeur de verrats: les réponses de mâles entiers à l’utilisation d’un aliment d’engraissement

L’élevage de mâles entiers se veut être l’alternative à la castration des porcelets la plus respectueuse du bien-être animal et de l’environnement. Elle suscite toutefois encore de l’inquiétude quant à la qualité de la viande. Un certain nombre de facteurs sont en effet susceptibles d’influencer les concentrations en scatol et androsténone, molécules responsables des odeurs dans la viande, et d’autres paramètres de qualité et de performance. Certains aliments tels que l’amidon cru de pomme de terre ou la chicorée peuvent limiter le risque d’odeur due au scatol. La race a également un impact.

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En 2020, le Cra-w a publié aux Journées de la Recherche Porcine à Paris les résultats d’un essai portant sur l’effet d’un aliment d’engraissement sur les teneurs en scatol et androsténone (molécules responsables des odeurs dans la viande) dans le gras de mâles entiers croisés Duroc ou croisés Piétrain, leurs performances et comportements et sur la qualité des carcasses.

L’essai, qui s’est déroulé au Centre wallon de recherches agronomiques, portait sur l’engraissement, sur sol plein avec litière de paille et raclage, de 92 mâles entiers, disposés dans 12 loges d’une capacité de huit places chacune, dont six de croisés Duroc x Landrace (D) et six de croisés Piétrain x Landrace (P). Les porcs ont été nourris ad libitum avec un aliment témoin. Durant les 13 jours qui ont précédé l’abattage, la moitié des animaux de chacune des races a reçu l’aliment Taintstop (TS ; 13,3 % MAT, 6,0 % cellulose brute, 14,7 % NDF, 8,1 % ADF, 9,5 MJ EN calculée/kg ; 87,5% de MS) alors que l’autre moitié continuait de recevoir l’aliment témoin (TE ; 13,7 % MAT, 4,6 % cellulose brute, 12,6 % NDF, 6,0 % ADF, 9,9 MJ EN calculée/kg ; 87,5% MS). L’aliment TS, breveté, est particulièrement riche en inuline et en fibres. Le poids moyen au début de l’engraissement était de 30,7 ± 3,6 kg. Au total, 45 croisés Duroc (23 TS et 22 TE) et 47 croisés Piétrain (23 TS et 24 TE) ont été abattus à un poids moyen de 124,4 ± 11,1 kg.

Le gain moyen quotidien (GMQ), l’indice de consommation (IC) et la consommation moyenne journalière (CMJ) ont été mesurés à la loge pendant toute la période d’engraissement. Les comportements des mâles entiers ont été observés par groupe de trois loges et par jour durant les 13 jours avant l’abattage. Les porcs réalisant un comportement physiologique (mange, boit, se repose, urine, défèque), d’exploration, social positif, social négatif ou sexuel (monte) ont été dénombrés par loge. Différentes mesures ont été effectuées après l’abattage. L’odeur de verrat a été évaluée par nez humain sur la carcasse au niveau du gras de l’encolure à l’abattoir. Les notes suivantes ont été attribuées : 0 - pas d’odeur, 1 - légère odeur, 2- nette odeur de verrat. Des échantillons de 100 g de gras de l’encolure de chaque carcasse ont été prélevés pour un dosage en laboratoire des teneurs en scatol et en androsténone.

Un effet race

Pour l’ensemble de la période d’engraissement, un effet race (R) a été observé sur les performances des mâles entiers (Tableau 1) : gain quotidien moyen (GQM), indice de consommation (IC) et consommation moyenne journalière (CMJ) significativement favorables pour des croisés Duroc. Les performances des 13 derniers jours, période de l’aliment testé, montrent uniquement un effet race sur la CMJ. Il n’y a pas eu d’effet de l’aliment sur les performances zootechniques.

VERRATS1

Concernant les comportements, les mâles entiers Piétrain ont montré significativement moins d’exploration et les mâles entiers recevant l’aliment TS, peu importe la race, ont montré significativement moins de comportements sociaux positifs et davantage de comportements sexuels.

VERRATS2

Un effet significatif

de l’aliment TS

La technique du nez humain à l’abattoir a montré une note moyenne d’odeur de verrat significativement plus élevée, donc plus odorante, pour les verrats Duroc et aucun effet de l’aliment, peu importe la race. La fréquence des notes 2 (odeur) n’a pas été significativement influencée par la race et par l’aliment. Le nez humain à l’abattoir n’a pas permis de mettre en évidence un effet aliment.

ODEURS DE VERRATS

Par contre, la distribution d’aliment TS en fin d’engraissement a bel et bien permis de réduire significativement le taux de scatol, comparativement à l’aliment témoin. Tous les verrats TS Piétrain ont présenté une teneur en scatol sous le seuil de 200 ppb au-delà duquel les viandes sont considérées comme présentant des risques d’odeur et de goût désagréables. Par contre, 5 verrats TS Duroc ont présenté une teneur en scatol au-delà de 200 ppb. Et de manière plus globale, les verrats Duroc avaient, en moyenne, une teneur plus élevée en scatol et en androsténone que les verrats Piétrain.

Il y a eu un effet significatif de la race sur la qualité des carcasses. Le rendement carcasse et la teneur en viande maigre ont été significativement plus élevés pour les porcs Piétrain. Par contre, ceux-ci ont, en moyenne, toujours présenté un pH plus bas à 45 min. et à 24 heures. L’aliment TS a amélioré le pH 45 min mais pas le pH 24 heures.

De meilleurs performances mais un rendement moindre pour les croisés Duroc

Les verrats croisés Duroc ont présenté plus de scatol et d’androsténone, de meilleures performances zootechniques, des carcasses avec de meilleurs pH mais un rendement moindre, comparativement aux croisés Piétrain. Le taux de scatol a été réduit de manière significative grâce à l’aliment Taintstop distribués les 13 derniers jours. L’aliment n’a pas impacté significativement les performances ni la qualité des carcasses ni limité les comportements de monte.

D’après J. Wavreille

Cra-w

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