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Opération SOS busards: appel aux agriculteurs pour les préserver

Trois espèces de busards vivent en Wallonie : le busard des roseaux, le busard cendré et le busard Saint-Martin. On aperçoit ces rapaces à la belle saison dans nos plaines de culture. Il ne faut toutefois pas les confondre avec les buses variables.

Temps de lecture : 6 min

Si la buse est présente en abondance en Wallonie, les busards, eux, se font de plus en plus rares. Maxime Gonze, conseiller de terrain chez Natagriwal, nous explique comment les repérer : « La détection des busards en vol est assez simple, ils volent en milieu ouvert et planent assez bas, à 4 ou 5 mètres du sol dans la plaine. On fait souvent l’erreur de regarder très haut dans le ciel, alors qu’il vaut mieux scruter l’horizon. »

En 2019 et 2020, on n’a recensé que deux nichées de busards cendrés et deux nichées de busards Saint-Martin en Wallonie. Le busard des roseaux a des habitudes et un comportement différent des deux autres espèces. Il est un peu moins menacé et donc moins concerné par cet article. Pour comprendre leur déclin, il faut s’intéresser à leur façon de vivre et de se reproduire.

Les busards nichent au sol dans les champs de céréales

Les busards sont des oiseaux migrateurs qui passent l’hiver en Afrique et reviennent en Europe au printemps. Ils cherchent alors un lieu pour établir leur nid. Comme son nom l’indique, le busard des roseaux niche dans les roselières. Les deux autres busards nichent au sol, historiquement dans des prairies humides ou autres végétations herbacées hautes en plaine agricole. Leurs milieux de nidification historiques se raréfiant, les busards ont trouvé dans les cultures de céréales une belle alternative à leur habitat naturel. Occasionnellement, on peut observer des busards Saint-Martin en hiver chez nous. Certains Saint-Martin seulement s’en vont passer l’hiver en Afrique, mais d’autres restent en Europe, ou migrent juste de quelques centaines de km vers le sud pour l’hiver.

Prédateurs de rongeurs, ce sont les alliés des cultures

Une fois le nid installé, généralement en mai, les œufs sont pondus et mettront une trentaine de jours à éclore. Trente jours supplémentaires sont nécessaires pour permettre au jeune poussin de quitter le nid. Pendant cette période, les adultes chassent énormément et ramènent de nombreuses proies à leur progéniture. Une famille de busard cendré avec 3 jeunes au nid attrape ainsi en moyenne 25 proies par jour, soit l’équivalent de 1.000 proies en un été. Un busard peut parcourir jusqu’à 10 km pour chasser et couvrir ainsi un territoire de 1.700 ha. Les proies des busards varient et dépendent surtout de la quantité de petits animaux disponibles dans la plaine. En moyenne, 75 % de leur régime alimentaire est constitué de micromammifères (campagnols…). Les 25 % restants sont surtout des petits passereaux (bruants, pipits, bergeronnettes…), des gros insectes comme les sauterelles, quelques reptiles et amphibiens et très anecdotiquement seulement des oiseaux un peu plus gros.

Une bande aménagée favorable à la petite faune des plaines.
Une bande aménagée favorable à la petite faune des plaines. - Arnaud Sepulchre

Une première étape : ne pas moissonner les nids !

Pour que la nichée soit un succès, le nid doit rester en place jusqu’à l’envol des jeunes, c’est-à-dire jusque fin juillet, voire début août. Les busards établissent leur nid préférentiellement dans les champs de froment, d’escourgeon ou de blé, ou dans les prairies temporaires semées en ray-grass. Protéger le nid lors de la moisson est une première étape cruciale. En pratique, il s’agit de localiser le nid dans la parcelle (avec des tuteurs par exemple) afin d’éviter la récolte sur la zone (de 1 à 4 ares). Cette zone doit aussi être protégée des prédateurs (renards par ex.) par une clôture temporaire. Un nid préservé de la moisson mais qui n’est pas protégé des prédateurs exposera les poussins de busards au premier carnivore passant par là. Il arrive même qu’un nid soit prédaté avant la récolte. La mise en place d’une clôture est donc également très importante. Le DNF propose aux agriculteurs ayant un nid de busards avéré et protégé dans leur parcelle une indemnité compensatoire calculée sur base de la valeur de la culture plus un forfait fixe pour le travail supplémentaire dû au contournement de la zone protégée pendant la récolte.

Nichée de busards Saint-Martin protégée par un grillage.
Nichée de busards Saint-Martin protégée par un grillage. - J-F. Séverin

L’opération « SOS busards » reconduite

La détection des nids est très difficile, car les busards savent se montrer discrets. Les agriculteurs, qui connaissent par cœur leurs terres et qui sont souvent sur le terrain, sont des alliés incontournables pour trouver les busards nicheurs. En pratique, à partir du mois d’avril, on peut soupçonner une nichée de busards si on observe un ou plusieurs busards de manière répétée, s’ils portent des brindilles ou s’ils échangent des proies en vol. La parade nuptiale, pendant laquelle un busard se laisse soudainement tomber avant de reprendre de la hauteur, est également un indice.

Si vous pensez avoir identifié un couple nicheur, appelez SOS busards au 081/39.18.17. Surtout, évitez de tracer un chemin à travers la céréale pour aller vérifier le lieu supposé de nidification, ce serait offrir aux renards et autres prédateurs une voie toute tracée vers le nid.

Des MAEC pour compléter les aménagements

La protection des nids est un premier pas pour préserver ces acrobates du ciel, mais ce n’est pas suffisant. Beaucoup de jeunes n’arrivent finalement pas à s’envoler pour l’Afrique en fin de saison, vraisemblablement par manque de nourriture. L’adoption de Méthodes Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) est un excellent moyen d’augmenter la capacité d’accueil de nos plaines de cultures pour ces redoutables prédateurs de rongeurs. Ces MAEC donnent droit à des indemnités compensatoires allant jusqu’à 1.500 €/ha.

Hubert Van Mollem (voir encadré) a mis en place des MAEC favorables aux busards : « Je mets en place des bandes aménagées, spécialement prévues pour les busards. On n’est plus intervenu dedans depuis l’année passée, pour ne pas les déranger. On évite surtout d’y aller en avril, car c’est à ce moment-là que les busards arrivent en Wallonie ».

Les MAEC qui sont particulièrement favorables aux busards sont les tournières enherbées (MB5), la variante « céréales sur pied » des cultures favorables à l’environnement (MB6) et les bandes et parcelles aménagées (MC7 et MC8). Si un agriculteur possède déjà des bandes aménagées et désire faire un pas en plus pour les busards, il est possible de les élargir ou de les adapter. Maxime Gonze précise : « La localisation des aménagements est très importante pour les busards, les MAEC doivent être installées en milieu ouvert, dans la plaine agricole. L’aménagement peut être très simple, des hautes herbes et une bande de ressui sont déjà très bénéfiques pour les busards. Pour l’agriculteur, ça demande un broyage des bandes de ressui en dehors des périodes de nidification, d’octobre à février. Les busards sont des chasseurs de rongeurs, ce type d’aménagement leur permet de les repérer facilement. »

Pour plus de détails sur les différentes méthodes et leur mise en place, contactez le conseiller Natagriwal de votre région (accès par commune via www.natagriwal.be).

D’après Natagriwal

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