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«Le cochon bien-être»: un label pour une viande locale, produite dans le respect du bien-être animal

Connue de bien des amateurs de salaisons, la société Marcassou s’est longtemps battue pour que le jambon et le saucisson d’Ardenne puissent bénéficier de l’appellation « Indication géographique protégée ». Aujourd’hui, l’entreprise souhaite garantir aux consommateurs que ses produits sont fabriqués à partir d’une viande locale issue de porcs élevés dans le strict respect du bien-être animal. Ces deux engagements se traduisent par la création du label « Le cochon bien-être ».

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Les consommateurs belges se montrent de plus en plus désireux de consommer local. Leur intérêt pour le respect du bien-être animal va également croissant. Si Marcassou, en tant qu’entreprise de transformation, l’a bien compris, elle ne peut toutefois répondre seule à ces attentes. C’est pourquoi le label « Le cochon bien-être » est le fruit d’un partenariat entre plusieurs acteurs. Outre la société ardennaise, sont présents autour de la table : les abattoirs Lovenfosse, la firme d’aliments Dumoulin, plusieurs éleveurs porcins wallons et le Collège des producteurs.

« Avec ce label, nous souhaitons nous approvisionner localement et soutenir le développement économique régional. L’ensemble des partenaires sont installés dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour de notre site de production », détaille Sébastien Lenoir, responsable de l’usine Marcassou (Champlon).

Le bien-être animal, un pilier du label

Les éleveurs prenant part au projet sont au nombre de neuf et sont à la tête d’exploitations familiales. Comme tous les autres partenaires de la filière, ils doivent respecter un cahier des charges strict en matière de respect du bien-être animal. « Il s’agit du second pilier du label. Nous serons particulièrement attentifs à son respect, que ce soit à la ferme ou à l’abattoir. ».

Dans le cadre du partenariat, seuls des naisseurs-engraisseurs ont été sélectionnés. Les porcelets demeurent ainsi sur la ferme où ils naissent ; la réduction des transports contribuant à accroître leur bien-être. Les éleveurs sont également attentifs aux conditions de vie des animaux : leurs loges sont plus spacieuses qu’habituellement et des jouets sont mis à leur disposition. Le recours aux antibiotiques est interdit.

Les éleveurs prenant part au projet entourés de Martin Lovenfosse (Abattoirs Lovenfosse),  Werner Reuter (Dumoulin), Sophie Renard (Collège des producteurs), Sébastien Lenoir (Marcassou) et des ministres régional et fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus et David Clarinval.
Les éleveurs prenant part au projet entourés de Martin Lovenfosse (Abattoirs Lovenfosse), Werner Reuter (Dumoulin), Sophie Renard (Collège des producteurs), Sébastien Lenoir (Marcassou) et des ministres régional et fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus et David Clarinval. - J.V.

Des porcs non castrés, sans odeur de verrat

Autre particularité de la filière : les porcs engraissés sont des mâles non castrés. « En faisant l’impasse sur la castration, nous contribuons à améliorer les conditions de vie des porcelets. Toutefois, nous devons éviter que les carcasses dégagent une odeur de verrat, ce qui conduirait à leur déclassement. »

C’est ici qu’intervient Dumoulin. Werner Reuter, directeur Nutritional Solutions, explique : « Les porcs reçoivent une alimentation végétale sans OGM, composée au minimum de 60 % de céréales. S’y ajoutent des sous-produits, tels que des sons, et des minéraux (calcium, magnésium et phosphore) afin de couvrir les besoins nutritionnels des animaux. Durant les 15 derniers jours d’engraissement, du Taintstop est également ajouté à la ration. ».

Cet aliment, pour lequel Dumoulin a été plusieurs fois récompensé, contient une combinaison spécifique de nutriments, dont des graines de lin et de la chicorée, riche en inuline. Il a un effet positif sur la flore bactérienne du gros intestin et diminue les niveaux de scatole et d’androsténone, les deux composés responsables de l’odeur caractéristique des verrats.

Assurer la traçabilité

Le respect du bien-être se poursuit durant le transport des animaux vers l’abattoir et une fois ceux-ci arrivés sur place. « Durant le transport, seuls des porcs d’un seul et même élevage sont présents dans le camion. Aucun calmant ne leur est administré. À l’abattoir, ils disposent de loges plus grandes, comme à la ferme, et sont rafraîchis par brumisation. Ils bénéficient de deux heures de repos avant l’abattage », détaille Martin Lovenfosse, directeur des abattoirs éponymes installés à Aubel. Et d’ajouter : « Notre infrastructure est équipée de caméras et de sonomètres afin de surveiller en permanence les animaux et éviter tout risque de combat ou maltraitance ».

La traçabilité des carcasses est totale tout au long de la chaîne d’abattage et de découpe. « Dans les frigos, les carcasses « Le cochon bien-être » sont séparées des autres. Lors de la découpe, toutes les pièces sont spécifiquement identifiées et séparées afin de ne livrer que les pièces adéquates à Marcassou qui peut, grâce à l’étiquetage, en vérifier la provenance à tout moment. »

Par ailleurs, tous les partenaires de la filière sont audités par un organisme indépendant, Quality Partner en l’occurrence, afin de s’assurer du respect du cahier des charges. Des sanctions sont prévues en cas de manquements et les porcs ou carcasses sont éliminés de la filière « Le cochon bien-être ».

Le respect du bien-être animal constitue un des deux piliers du label « Le cochon bien-être ». Ainsi, chez Guillaume Surlémont, un des éleveurs partenaires du projet,  les truies vivent en liberté sur des aires paillées.
Le respect du bien-être animal constitue un des deux piliers du label « Le cochon bien-être ». Ainsi, chez Guillaume Surlémont, un des éleveurs partenaires du projet, les truies vivent en liberté sur des aires paillées. - J.V.

Un prix discuté entre partenaires

Enfin, la labellisation doit également offrir une juste rémunération aux éleveurs. En pratique, une discussion entre l’ensemble des partenaires a permis d’établir un prix fixe, valable un an. Celui-ci peut être revu une fois en cours d’année, en cas de circonstances exceptionnelles (variation importante du prix des aliments, par exemple). Afin de maintenir ce prix, le nombre d’agriculteur impliqué dans la filière est actuellement limité aux neuf « fondateurs ». Il pourra être revu à la hausse si le label venait à se développer davantage.

Les produits « Le cochon bien-être » ne peuvent toutefois pas encore bénéficier de la labellisation « Prix Juste Producteur » dont le développement s’accélère en Wallonie. « Le prix payé aux éleveurs devrait, pour ce faire, augmenter quelque peu. Mais nous avons la volonté d’obtenir le plus rapidement possible ce label témoignant que nos partenaires agriculteurs sont rémunérés comme il se doit », confie Sébastien Lenoir.

Jérémy Vandegoor

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