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La valse des va-nu-pieds

Variants, vaccins, vacances, vacarmes… Comment va ? La valse des « va » donne le « la » en ce début d’été, et fait danser les actualités, entre football endiablé et déconfinement à toute vapeur. En Belgique, on ne s’ennuie jamais. Tantôt, la météo fait des siennes et provoque des tornades ; tantôt, un Rambo déboussolé s’égare dans sa tête et finit par se la faire exploser. Les avatars ne manquent pas, qui vagabondent et dévalent à tout va ! Où va notre pays ? Où va le monde ? Au fond, rien ne change. Les vrais problèmes pourrissent au fond du bois de nos consciences. L’humanité avance cahin-caha dans ses nombreux défis à relever, à la va-comme-je-te-pousse, et chacun vaque vaille que vaille à ses petites occupations quotidiennes. Le virus va et vient ; on nous fait avaler des couleuvres à pleins wagons ; les spéculateurs gagnent des sous à pleines valises ; la terre se réchauffe comme une cocotte-minute sans vanne de secours ; notre agriculture familiale s’étiole et s’envase, à l’image de nos campagnes salies, encrassées par tous les déchets imaginables ! Mais à part ça, tout va très bien, Madame la Main-Mise, inutile de vagir…

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C’est drôle et triste à fois, mais les erreurs et les errements semblent se répéter à l’infini. J’en veux pour preuve un exemple concret : toutes ces ordures en bordures, jetées dans nos prairies et nos champs sans aucune retenue ! En juin 2004, j’avais proposé un « Voix de la Terre » intitulé « Une ordure d’avance ». Si j’étais fainéant, je pourrais me plagier moi-même et vous le copier-coller mot pour mot ! Il n’a pas pris une ride en 17 ans, pas un seul cheveu gris ! Il est plus vaillant que jamais ! La semaine dernière, -frouuutch –, tout un tas de choses peu ragoûtantes est passé dans ma faucheuse. Je vous dresse un petit inventaire : cannettes vides de 33 cl d’une bière - paraît-il- d’homme, bouteilles plastiques explosées, fort odorantes et sans doute remplies… d’urine, sous-vêtements des deux genres, papiers et chiffons hygiéniques, emballages de nourriture, un saucisson moisi dans son emballage, un petit drapeau des Diables Rouges, etc. Qui sont les cochons qui ont jeté tout ça ? Des chauffeurs routiers ? Des touristes ? Des gens du coin qui ont trouvé le recyparc fermé et ont tout largué sur le chemin du retour ?

Le virus de la saleté sévit plus que jamais dans nos pays « civilisés », avec des centaines de variants. Comment éradiquer ce fléau ? Le vaccin contre l’incivisme reste à inventer. Les pelouses des sorties d’autoroutes sont jonchées de bouteilles douteuses et de déchets alimentaires. Je ne vous parle même pas des buissons abondamment amendés par des besoins naturels de toutes natures, le long des aires de repos. Lors des canicules, les mouches y festoient par milliers de millions : au moins, voilà des heureuses ! La E411 et la E25 font de la Verte Province un vaste lieu d’aisance, un dépotoir à champs ouverts, un restaurant fast-and-furious-food pour renards et sangliers, sans distanciation sociale ni plexiglas, miam miam!! À qui la faute ? Quand va-t-on équiper nos routes et nos localités de poubelles et de toilettes publiques en suffisance ? Nos responsables politiques font preuve de bien peu d’empathie. Quand ils passent chez nous, cherchent-ils eux aussi des coins discrets pour satisfaire leurs besoins intempestifs et jeter leurs crasses, des bords de prairies ou des chemins creux ? S’il s’agissait de leurs parterres de fleurs, de leur allée de garage, ils comprendraient soudainement beaucoup mieux…

Plus ça va loin, moins ça va bien. Ceci dit, les ordures en bordures, qui nous dégoûtent et nous déroutent, sont bien peu de choses à côté de problèmes bien plus graves qui devraient nous empêcher de dormir, nous dépêcher de courir. Je songe évidemment au défi climatique, dont on parle sans fin en bla-bla-bla, sans prendre de décisions drastiques à tous les niveaux. Aucun pays riche ne veut sacrifier son mode de vie, apprendre la frugalité, se responsabiliser. Oh, bien sûr, des milliers de solutions fleurissent en bandes sauvages, comme des plantes invasives, censées embellir le tableau et affirmer la volonté d’avancer vers un monde durable. Ainsi, notre chère PAC est communément mise en avant comme un bouquet décoratif, un miroir aux alouettes. Cette « nouvelle Pâques », pour employer l’intonation traînante d’une journaliste radio, a fait sonner fin juin ses cloches à toute volée pour annoncer les accords conclus après trois années de tractations et bavardages entre les 27 pays de l’UE, son Parlement, son Conseil, sa Commission, les syndicats agricoles, les lobbies écologistes et agro-industriels, etc, etc, etc.

Comme d’habitude, tout le monde est content, tout le monde est déçu. Les aides à l’hectare sont maintenues -on s’y attendait- au grand dam des exploitations familiales – c’est todi les p’tits qu’on spotche –, mais il faudra verdir, verdir, et encore verdir écologiquement. C’est du moins ce qui se dit, mais on verra à l’usage… On va vers du vert, vers toutes sortes de verts, et chaque nation pourra choisir, sur sa palette de nuances, les couleurs qui lui conviennent pour peindre sa PAC à elle. Notre Gouvernement Wallon devra bien réfléchir, pour une fois, s’il désire utiliser au mieux les budgets européens, afin de pérenniser son agriculture et protéger réellement ses campagnes.

Ce n’est pas gagné, quand on voit le manque de respect envers nous, le peu de considération manifestée par nos concitoyens à l’égard des bordures de nos prairies-poubelles, où valsent et valdinguent toutes sortes de détritus, ramassés par nous, les va-nu-pieds…

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