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Nouvelle PAC: le Parlement wallon définit ses priorités pour l’agriculture

Alors que la Wallonie doit adopter, d’ici la fin de cette année, son plan stratégique en vue de la mise en œuvre de la PAC 2023-2027, les partis de la majorité régionale ainsi que le cdH ont présenté, le 7 juillet dernier au Parlement wallon, une proposition de résolution détaillant leurs priorités.

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Fer de lance de ce texte nourri notamment par des auditions et des débats qui ont été menées ces derniers mois au sein du parlement régional, la nécessité d’une juste rémunération du travail des agriculteurs.

Une donne essentielle pour leur permettre d’accéder à un revenu décent et d’assurer la pérennité de l’activité agricole en Wallonie.

Triple approche

Au-delà des différentes sensibilités politiques, la proposition de résolution s’est développée autour d’une approche triple : générale, sectorielle, et, enfin, centrée sur l’architecture verte, la ruralité et les enjeux de relocalisation.

Les députés demandent au gouvernement de veiller en priorité, dans le cadre de la mise en œuvre pratique du Plan stratégique wallon, à la plus grande efficacité, à la simplification administrative et à l’accès à des informations claires et pertinentes pour les agriculteurs.

La libérale Sabine Laruelle a indiqué toute l’importance de renforcer le rôle des maillons les plus faibles que sont les agriculteurs et les consommateurs dans la structuration de la chaîne de valeur.

Droit à l’erreur

Les députés se sont par ailleurs inscrits en faveur d’un droit à l’erreur pour les agriculteurs qui, sous le poids des charges administratives, peuvent malencontreusement en commettre, tant que celles-ci restent exceptionnelles et sans volonté de fraude.

Agriculteur actif

Dans leur proposition de résolution, les politiques se sont penchés sur la notion d’agriculteur actif afin d’éviter que les aides de la PAC ne soient dirigées vers des acteurs ayant recours à de l’ingénierie juridique visant à en maximiser l’octroi de manière artificielle.

Le but, a déroulé la représentante du MR, étant de les rendre accessibles aux bénéficiaires qui prennent les décisions et subissent les risques tout en réalisant la plus grande part du travail.

Jeunes agriculteurs

Les députés proposent de flexibiliser un certain nombre de critères, notamment en termes de rentabilité, afin qu’ils ne deviennent pas un frein à l’installation. Ils proposent dans la foulée de renforcer les aides à l’installation et à l’investissement également pour les personnes non issues du milieu agricole.

Maraîchage

Les députés souhaitent assurer un soutien renforcé et simplifié au secteur du maraîchage, notamment sur petites surfaces, en tenant compte de l’intensité écologique et productive ainsi que du besoin accru de main-d’œuvre de ce secteur, qui ne peut se mesurer sur les seules surfaces utilisées.

Ils proposent d’étudier la faisabilité d’un système de petits producteurs, avec des primes forfaitaires et une volonté de limiter l’effet d’aubaine des propriétaires.

Élevage

La proposition de résolution évoque par ailleurs la garantie de l’autonomie fourragère en favorisant la démarche des éleveurs qui s’inscrivent dans le système naisseurs-engraisseurs, via le couplage de primes, et le développement des filières.

Les députés s’inscrivent d’autre part en faveur de la restauration d’une prime à l’herbe destinée au secteur de l’élevage et d’un soutien aux exploitations qui pratiquent l’élevage extensif et accroissent leur autonomie fourragère.

Eco-régimes

Les fameux éco-régimes sont bien entendu au menu de la proposition de résolution. Les députés les veulent incitatifs, clairs et simples à utiliser d’un point de vue administratif de manière à en faire un véritable levier de développement écologique et agricole.

Ils doivent en outre permettre à tous les agriculteurs d’assurer la transition de leur exploitation et veiller à ce qu’une majorité des aides n’aille pas à une minorité d’entre eux.

Revenu agricole

Représenté par Eddy Fontaine, le groupe socialiste, pour qui les agriculteurs remplissent un rôle social majeur, s’est particulièrement investi au niveau des discussions sur le revenu agricole majoritairement dépendant des aides de la PAC.

Il est rejoint par Marie-Martine Schyns et le groupe cdH qui proposent, pour assurer une juste rémunération aux agriculteurs, de passer par une augmentation du régime de paiements redistributifs pour les premiers hectares qui aide à consolider le modèle d’agriculture familiale.

Mais aussi par un renforcement de la place des agriculteurs dans la chaîne de transformation, notamment en soutenant les projets d’investissements dans les coopératives agricoles ou des groupements de producteurs.

Bien-être et surendettement

Un volet auquel se greffe la dimension du bien-être des travailleurs de la terre, par trop souvent sacrifié en raison de l’accroissement de la charge de travail, de la nécessité de se lancer dans les investissements pour tenter de la diminuer avec, pour corollaire, le risque de s’inscrire dans une spirale délétère de surendettement.

Insertion sociale

Le groupe socialiste, qui déplore le fossé qui s’est creusé entre le monde agricole et les citoyens, souhaite renforcer l’accueil en milieu rural qui ouvre des perspectives en matière d’insertion sociale.

Une orientation synonyme d’ouverture et de découverte pour les personnes handicapées ou à mobilité réduite et qui offre également des possibilités de formation professionnelle à destination de publics précarisés.

Elle contribuerait en outre à briser la solitude de certains agriculteurs dont les épouses ont dû, pour des raisons financières, se tourner vers un emploi en dehors la sphère agricole.

Conditionnalité sociale

Face au dumping social qui gangrène la société, les socialistes ont sans surprise accueillie très favorablement l’inscription de la conditionnalité sociale dans la nouvelle réforme de la PAC.

L’agriculture européenne ne peut se passer de conditions de travail correctes et dignes de ce nom dans chaque État membre a d’ailleurs souligné Eddy Fontaine au nom de ses collègues.

Les députés souhaitent baliser les grandes orientations  de la Wallonie pour son Plan stratégique.
Les députés souhaitent baliser les grandes orientations de la Wallonie pour son Plan stratégique. - M-F. V.

PAC de transition

Les écologistes ne sont pas satisfaits de l’accord qui a été dégagé et l’ont fait savoir tant au niveau européen que régional.

Au nom de son groupe, Jean-Philippe Florent a évoqué une PAC de transition insuffisamment ambitieuse du point de vue environnemental et climatique.

Filières courtes

Avec ses collègues, il appelle à privilégier une production locale qui rencontre tout à la fois les enjeux climatiques et économiques.

Le groupe écolo demande au gouvernement de soutenir la structuration de filières les plus courtes possibles, et qui ne demandent parfois qu’à éclore, ainsi que la mise en place, par les agriculteurs, d’outils de transformation, de distribution et de commercialisation de leurs produits.

Architecture verte

Pierre d’achoppement dans les négociations, l’architecture verte se doit, pour les écologistes, de devenir effective.

Et Jean-Philippe Florent d’évoquer le récent rapport de la cour européenne des comptes estimant que l’ensemble des aides dévolues au climat était tout simplement inefficaces.

Maillage écologique

Au niveau des enjeux de la ruralité, les députés ont demandé au gouvernement wallon de fixer des objectifs ambitieux assurés par les exploitations agricoles de manière à ce que le Plan stratégique wallon vise un maillage minimum, par le biais de bandes enherbées, mares et haies, pour les terres arables, pour les prairies permanentes et non permanentes.

Ces orientations sont par ailleurs prévues dans la stratégie « De la fourche à la fourchette ».

Portée par la majorité et le cdH, la proposition de résolution devrait être adoptée par le parlement régional. Seul le PTB a déjà indiqué qu’il s’abstiendrait.

Marie-France Vienne

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