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Camps agricoles: un échange de bons procédés et un partage sur le terrain

Cet été, les camps pionniers, guides horizons ou scouts à l’étranger ont été chamboulés. Certains d’entre eux ont décidé de rebondir et de se tourner vers les campagnes belges en venant en aide à des agriculteurs. La mise en relation s’est notamment faite via la plateforme d’entraide Microfarmap.

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Cette année, comme la précédente, de nombreuses unités de mouvements de jeunesse ont dû revoir leurs plans pour les camps d’été. Dans ce contexte, pourquoi ne pas en profiter pour aller vers une approche locale et durable de l’alimentation en venant en aide des agriculteurs wallons ?

De l’idée sa réalisation

C’est l’idée qu’a eu Élisabeth Lerchs, étudiante en Master développement territorial durable à la KULeuven et guide horizon à la fédération Les Scouts, en mars 2020, lors du premier confinement, après avoir vu une publication facebook de Microfarmap – plateforme d’entraide et d’aide au développement des fermes en agroécologie et/ou en permaculture – sur les besoins des agriculteurs d’accueillir des saisonniers. Soutenue et accompagnée par Alban Bouvy, ingénieur agronome et fondateur de Microfarmap, elle a pu faire en sorte qu’une quinzaine de camps s’organisent chez des agriculteurs heureux d’accueillir et partager leur métier tout en étant aidés dans leurs tâches diverses et variées : récolte des fruits et légumes, plantation de légumes, création de potager en permaculture, soins apportés aux animaux de la ferme…

15 camps agricoles avec près de 300 animés et animateurs

Cet été encore, une quinzaine de camps sont organisés dans des fermes maraîchères ou d’élevage en Belgique grâce aussi au soutien de la Fja et de la Fugea qui ont relayé auprès de leurs membres ce projet de mise en relation entre animateurs et agriculteurs. Pour Elisabeth et Alban : « Cette initiative permettra peut-être de faire naître des vocations à tous ces jeunes qui découvrent le métier d’agriculteur ou du moins semer dans leur tête une petite graine d’une alimentation durable et locale ». De quoi œuvrer à la pérennité d’un des plus beaux métiers du monde. En effet, d’après les statistiques officielles de la Commission européenne, près de la moitié des agriculteurs européens partiront à la pension d’ici 10 ou 15 ans et seules 11 % des fermes de l’Union européenne sont dirigées par des agriculteurs de moins de 40 ans. En Wallonie, à peine 5 % d’agriculteurs ont moins de 35 ans et la moyenne d’âge est de 58 ans. « Il est donc temps d’agir chacun à son échelle », déclare Alban.

À Porcheresse, Aline et Thomas accueillaient cet été une section pionniers de Limal.
À Porcheresse, Aline et Thomas accueillaient cet été une section pionniers de Limal. - D.J.

Une section de Limal en camp à la Serre de la Chapelle

Début juillet, c’est chez Aline Hanoulle et Thomas Aerts, maraîchers à Porcheresse (Havelange), que la section pionniers de Limal a pris ses quartiers. Les jeunes maraîchers y sont installés depuis 2018 et ont redonné vie à des serres horticoles laissées à l’abandon. Ils y cultivent tomates, poivrons, aubergines, melons, pastèques sur une soixantaine d’ares ainsi que des légumes plus traditionnels tels que salades, carottes, poireaux… « Nous travaillons en culture biologique. Notre méthode de travail est basée sur un sol vivant, un maximum de biodiversité et de l’autorégulation au niveau de la faune et des maladies. Nous utilisons pas mal de broyat de haies et arbres pour protéger et enrichir le sol », explique Aline.

Le camp fonctionne sur un principe d’échange de bons procédés. Les scouts sont logés et, en échange, ils donnent un petit coup de main. « J’ai pris connaissance de cette initiative de mise en relation des scouts et agriculteurs via la newsletter de la Fugea. Cela m’a tout de suite motivée car j’ai été scout. Mon compagnon était plus inquiet par rapport aux infrastructures nécessaires à leur accueil mais il a vite été rassuré. Nous avons mis une prairie à leur disposition avec un accès à l’eau et ils utilisent la petite cuisine des serres et l’espace détente. Ce sont des scouts, ils s’adaptent et s’y trouvent très bien. De plus, pour nous c’est la grosse saison, accueillir ces jeunes, c’est une manière de faire venir un peu les vacances à nous, de travailler dans un climat plus détendu et ils nous aident à nous remettre à jour », dit Aline

Une prairie avec un accès à l’eau était mise à leur disposition  et ils utilisaient la cuisine et la salle de détente des serres.
Une prairie avec un accès à l’eau était mise à leur disposition et ils utilisaient la cuisine et la salle de détente des serres. - D.J.

« Nous sommes 3 chefs et 10 animés de 16 à 18 ans. Aline et Thomas nous accueillent durant une semaine. Nous nous avons été mis en contact par Microfarmap et tout c’est assez facilement et rapidement mis en place. Ce type de camp est vraiment une chouette alternative. Vu nos budgets limités du fait de l’arrêt des activités à cause du Covid, c’est beaucoup plus abordable et cela permet d’occuper nos jeunes de manière pertinente », explique Quentin Delattre, animateur pionnier.

La journée s’organise avec souplesse mais les pionniers réalisent leurs tâches avec assiduité. « Ils commencent fin de matinée, vers 10h30 jusqu'à 18h avec une bonne pause à midi. Ils réalisent des tâches diverses telles que la disposition de broyat dans les chemins pour limiter l’enherbement, la plantation de poireaux, du désherbage… Au fil des jours, on voit qu’ils trouvent leurs repères, s’organisent mieux et sont de plus en plus curieux. C’est très agréable de leur expliquer ce qu’on fait », ajoute Aline.

Une expérience concluante donc pour les accueillants comme les accueillis de la Serre de la Chapelle qui se renouvellera certainement et fera peut-être des émules.

D. Jaunard

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