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UE: les priorités de la présidence slovène

« Ensemble. Résiliente. Europe », tel est le slogan que la présidence slovène est venue défendre au parlement européen. Elle y a débattu de ses priorités, notamment en matière agricole, qui ont été globalement saluées par les eurodéputés réunis en session plénière.

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C’est donc au tour de ce pays de deux millions d’habitants sis entre la Hongrie, la Croatie, l’Italie et l’Autriche, qui a rejoint l’UE en 2004, adopté l’euro en 2007 de prendre, pour la deuxième fois, la présidence tournante de l’UE.

Brexit et pandémie

En présence de la présidence de la Commission Ursula von der Leyen, le premier ministre Janez Jansa, a rappelé les diverses crises traversées par l’UE ces dernières années, des questions financières à la migration en passant par le Brexit et la pandémie de Covid-19, qui ont poussé l’Europe à devenir plus stratégique et à se concentrer sur la politique extérieure.

Relance et résilience

Avec son slogan, la présidence slovène se focalisera sur la relance et la résilience, la traduction d’objectifs verts ambitieux en législations contraignantes, l’autonomie stratégique, la transition numérique, l’État de droit et la protection des frontières extérieures.

Neutralité climatique

Elle s’est montrée déterminée à parvenir à une Europe climatiquement neutre, verte, équitable et sociale, et continuera de promouvoir des chaînes alimentaires et une agriculture durable.

La présidence slovène assure, par ailleurs, qu’elle suivra la transposition dans les législations nationales de la directive sur les pratiques commerciales déloyales dans la chaîne d’approvisionnement qui est entrée en vigueur au mois d’avril.

Plan bio

Les ministres européens de l’Agriculture, sous la présidence de Joze Podgorsek, viennent de se retrouver le 19 juillet, au moment où nous bouclons la présente édition, pour adopter des conclusions sur le plan de développement de l’agriculture biologique, un dossier sur lequel ont déjà avancé les experts agricoles des États membres réunis quelques jours plus tôt, le 5 juillet.

Quelques points de débat

Les Ministres européens de l’Agriculture soutiennent globalement les propositions de la Commission à l’exception de quelques États membres qui insistent sur le caractère volontaire des mesures.

Ceux-là même soutiennent également que l’objectif de 25 % de terres agricoles européennes consacrées à l’agriculture biologique d’ici à 2030 soit fixé au niveau de l’UE et non des États membres, compte tenu des différents points de départ des pays.

Plusieurs ministres ont souligné l’importance de garantir le développement équilibré de la demande et de l’offre afin d’assurer la rentabilité future du marché des aliments biologiques dans l’UE.

Zones rurales

La présidence slovène se concentrera également sur les défis que rencontre le développement des zones rurales, tels que la numérisation, le problème démographique, le rôle des femmes dans les zones rurales et le renforcement du dialogue entre les milieux urbains et ruraux.

Une démarche qui s’inscrit dans la foulée de la communication que la Commission a publiée, le 30 juin dernier, sur « une vision à long terme pour les zones rurales de l’UE jusqu’en 2040 » dans laquelle elle propose un plan d’action appréhendant ces zones comme des actrices actives des transitions vertes et numériques de l’UE.

« Rural Digital Futures »

C’est dans cette perspective que l’Exécutif européen a pensé son programme « Rural Digital Futures » qui ambitionne de proposer un ensemble intégré d’actions visant à stimuler la transformation numérique des zones rurales.

Il portera sur l’innovation numérique et les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, la robotique, les objects connectés ainsi que les pôles d’innovation numérique. Le dossier sera notamment débattu lors de la réunion informelle des ministres européens de l’Agriculture organisée dans la ville de Kranj les 6 et 7 septembre.

Respect des exigences phytosanitaires

la Slovénie a indiqué qu’elle coordonnerait les positions des États membres et de la Commission concernant le respect des exigences phytosanitaires pour les plantes et les produits végétaux dans les négociations sur les accords commerciaux avec les pays tiers en vue de l’adoption de normes internationales dans ce domaine.

Un dossier que la présidence française, qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2022, devrait également mettre très haut à l’agenda au premier semestre 2022.

Biosécurité

La présidence slovène poursuivra les discussions sur la biosécurité pour la prévention de l’introduction et la propagation des maladies animales ainsi que sur le bien-être animal sur la base d’un rapport sur l’évaluation de la législation que prépare la Commission.

Secteur vétérinaire

La présidence travaillera enfin sur la numérisation dans le secteur vétérinaire avec l’objectif d’améliorer l’analyse des risques.

L’objectif sera de mieux faire connaître les possibilités offertes par les nouvelles technologies informatiques en termes d’utilisation des données collectées dans chaque domaine vétérinaire et de sécurité alimentaire, et ce afin d’améliorer l’analyse des risques et d’optimiser les contrôles officiels.

Un premier ministre inquiétant

Au-delà de l’agriculture, certaines des priorités affichées par la présidence slovène risquent pourtant de susciter quelques remous parmi les Vingt-Sept. Notamment au niveau de la question de l’État de droit et des valeurs de l’UE, et ce, en raison de la personnalité clivante de Janez Jansa, l’homme fort de Ljubljana,. Complice de Viktor Orban, grand admirateur de Donald Trump, cet ancien communiste devenu libéral puis ultra-conservateur avant de verser dans le populisme, se montrerait prêt à engager le bras de fer avec la Commission et les «  partis mainstream  » sur les valeurs de l’UE.

Ouverture dans les Balkans

Ljubljana compte par ailleurs sur cette présidence pour renforcer la coopération entre l’UE et les pays des Balkans occidentaux hors UE (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie et Macédoine du Nord). Reste que ce programme risque, comme tant d’autres, d’être bousculé par les impondérables liés au rebond de la crise sanitaire…

Marie-France Vienne

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