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Toujours plus de lait dans les bassins exportateurs

Alors que la production laitière européenne rebondit, elle poursuit sa tendance haussière dans les autres principaux bassins exportateurs. Aux Etats-Unis, elle bat des records tandis qu’elle affiche en Océanie des progressions importantes en fin de campagne.

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Au 1er semestre 2021, la production laitière étatsunienne poursuit sur sa lancée. En mai, elle a non seulement signé son 12e mois consécutif de hausse mais également un nouveau record historique, tous mois confondus, à 9 millions de tonnes. Cette production est en hausse de +4,6 % par rapport au faible niveau de mai 2020, où les éleveurs ont dû jeter du lait. Sur l’année, l’USDA prévoit une hausse de production de +2,5 % par rapport à 2020, le taux de croissance le plus élevé enregistré au cours des 15 dernières années.

Cette progression s’explique par un cheptel toujours plus étoffé. À 9,505 millions de têtes en mai, il a encore gagné 5.000 têtes d’un mois sur l’autre et se situe dorénavant +1,5 % au-dessus de son niveau de mai 2020 (soit + 145.000 têtes). Le cheptel retrouve ainsi un niveau plus atteint depuis 1994 tandis que les abattages de vaches ont enregistré leur plus bas chiffre depuis 5 ans.

Mais la croissance de la production provient surtout du plus fort accroissement des rendements connu depuis 6 ans et demi (+3 %), tirés par la progression des prix du lait.

À 423 $/t en mai (+41 % par rapport au bas niveau de mai 2020 en pleine crise sanitaire), le prix du lait toutes classes aux États-Unis a en effet affiché son 3ème mois de hausse consécutif et son plus haut niveau à cette période de l’année depuis 2014.

Ce renchérissement du lait permet de compenser en grande partie la hausse des prix des aliments, qui ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2013. La marge sur coût alimentaire n’a que légèrement fléchi en mai (-1 % d’un mois sur l’autre), mais demeure supérieure au très bas niveau de mai 2020 (+28 %).

Mais la bonne tenue du prix du lait pourrait ne pas durer. Sous l’effet de la forte disponibilité en lait, le prix des fromages a reculé en juin et devrait entraîner une stabilisation ou un repli du prix du lait toutes classes. L’USDA prévoit en effet un prix moyen annuel pour 2021 pratiquement équivalent à celui de 2020.

Si les cours des aliments se sont détendus en juin, notamment suite à l’allégement des obligations d’incorporations de bioéthanol dans le carburant américain par l’administration Biden, les tensions devraient demeurer fortes sur le marché international au 2nd semestre, comprimant la marge des éleveurs et freinant la hausse des rendements laitiers.

Une demande et des stocks en hausse

Cette offre record de lait fait face à une demande bien orientée. Jusqu’en mai, les achats en valeur de produits alimentaires par les ménages sont restés nettement supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie pour le 15e mois consécutif, tandis que les ventes en RHD, en hausse depuis le mois de mars 2021, ont atteint en mai un niveau mensuel record. Au final, les ventes combinées au détail et au Food service ont atteint le niveau mensuel le plus élevé jamais enregistré au cours d’un mois de mai. Si l’inflation explique une partie de cette hausse, la progression des achats en volume est indéniable.

Les exportations de produits laitiers étatsuniens demeurent dynamiques. En mai, les envois de poudre maigre ont battu un record historique avec une hausse de +16 % /2020 sur les 5 premiers mois. Ceux de fromages sont à leur plus haut depuis 2014 et ceux de beurre, mêmes modérés sont tels que le pays, sur les 5 premiers mois, n’est plus importateur net.

Mais malgré ces débouchés en progression, les stocks de produits laitiers poursuivent leur hausse et affichent de niveaux très élevés, pesant sur les cours. Même si les progressions ont été limitées en mai, les stocks de poudre maigre, qui ont augmenté à contre-saison, se situent début juin à +3 % et ceux de beurre à +7 %. Ceux de fromages ont également enregistré une hausse d’un mois sur l’autre pour se retrouver 1 % au-dessus des volumes de 2020.

Une vague de chaleur aux effets encore incertains

La vague de chaleur qui s’est abattue dans l’Ouest du pays fin juin-début juillet devrait légèrement affecter la production laitière. En Californie, premier État producteur de lait dans le pays, elle semble avoir diminué, conséquence de rendements inférieurs aux prévisions. Cependant, la situation ne semble pas alarmante et les volumes de lait satisfont pleinement les demandes courantes. Une baisse de la production plus importante qu’attendue dans le Nord-ouest est également annoncée, mais les États de Washington et de l’Oregon ne représentent respectivement que 3 % et 1 % de la production laitière étatsunienne.

Des productions dynamiques en fin de campagne en Océanie

En Nouvelle-Zélande, la fin de la campagne 2020/21 a été dynamique, avec une progression de la production en mai de +7,6 % par rapport à 2020 en volume de lait et de près de +10 % en matière sèche, attribuée à un accroissement de l’alimentation en concentrés. Sur la campagne 2020-21, la hausse de production s’établit à près de +3 % (effet année bissextile neutralisé).

Peu avant le début de la nouvelle campagne 2021/22, Fonterra a annoncé sa fourchette de prévision de prix du lait à la production s’étalant de 7,25 à 8,75 NZ$ par kg MS, avec un point médian record de 8,0 NZ$ par kg MS. La large fourchette peut s’expliquer par les incertitudes sur les prix et les échanges de produits laitiers dans les mois à venir. Si d’un côté les prix du lait devraient rester élevés compte tenu de la hausse des coûts alimentaires et la demande forte liée à la reprise économique dans les pays importateurs, de l’autre la pandémie de covid-19 n’est pas encore terminée et des questions demeurent sur la poursuite des achats chinois.

De plus, outre les risques liés aux conditions météorologiques, la pénurie de main-d’œuvre pourrait pénaliser la production laitière en Nouvelle-Zélande. Il manquerait entre 2.000 et 4.000 travailleurs laitiers migrants qui n’ont pu entrer en Nouvelle-Zélande pendant plusieurs mois en raison des restrictions de voyage liées au covid-19, ce qui inciterait des élevages à réduire leur production.

À plus long terme, un dirigeant de Fonterra a estimé que la Nouvelle-Zélande pourrait avoir atteint un pic laitier, les restrictions environnementales limitant la hausse de production dans les années à venir.

En Australie, la production a affiché en mai une progression de +2,7 % par rapport à 2020, permettant d’afficher une hausse de +0,8 % sur les 11 premiers mois de la campagne. Un vent positif semble souffler sur le secteur australien : 64 % des éleveurs se déclarent optimistes sur le futur de la filière et près de 90 % attendent des profits à l’issue de la campagne 2020-2021.

La campagne 2020-21 semble également bien débuter. Une bataille du mieux disant a éclaté entre les principaux transformateurs australiens qui ont augmenté leurs prix pour s’assurer des quantités suffisantes de lait. Une grande coopérative laitière a notamment augmenté son offre à deux reprises après l’annonce du prix initial.

En Argentine, La production laitière demeure vigoureuse (+3,5 % par rapport à 2020 en avril et +3,5 % en mai), mais à un rythme ralenti comparé au 1er trimestre (+6 % par rapport au 1er trimestre 2020). La hausse des coûts alimentaires, plus rapide que celle du prix du lait, freine la croissance de la production qui bénéfice heureusement de bonnes conditions climatiques. Les exportations affichent de fortes hausses et soutiennent les prix, la consommation intérieure restant atone. Le rythme de production devrait encore ralentir au 2nd semestre, compte tenu de la hausse attendue des coûts de production.

D’après Tendances Lait et Viande (Idele)

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