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Soil Capital ouvre son programme de rémunération du carbone stocké à 1.000 nouveaux agriculteurs

Après une première saison lancée en septembre 2020, à laquelle 150 agriculteurs belges et français ont pris part, la start-up « noir, jaune, rouge » souhaite désormais accueillir 1.000 nouveaux agriculteurs dans son programme de séquestration et rémunération du carbone.

Temps de lecture : 4 min

Fondée en 2013, Soil Capital se donne pour mission d’améliorer la rentabilité agricole et la santé des sols par le biais, notamment, de l’agriculture régénérative. Pour y parvenir, la société a développé le premier programme européen de rémunération carbone certifié pour l’agriculture.

Être rémunéré, en quatre étapes

Un an après son lancement, ledit programme a déjà permis de rémunérer 150 agriculteurs ayant stocké 15.000 t de CO2 sur une surface totale de 35.000 ha, tous types de culture confondus (céréales, maïs, betteraves sucrières, pommes de terre…). Au cours de cette première saison, ce sont toutefois 800 agriculteurs qui ont manifesté leur intérêt pour le projet.

Afin de faire face à cet engouement, la start-up a procédé à une nouvelle levée de fond qui devrait lui permettre d’accueillir 1.000 agriculteurs supplémentaires, toujours en Belgique et en France, mais aussi en Grande-Bretagne. L’appel est ouvert aux cultivateurs, qu’ils soient conventionnels, en conversion ou bio.

En pratique, le programme se compose de quatre étapes. Chuck de Liedekerke, co-fondateur et CEO, en explique le fonctionnement : « Un diagnostic de référence est réalisé en premier lieu afin de déterminer si l’agriculteur est stockeur ou émetteur de carbone. Ainsi, son programme de rémunération peut être établi en utilisant pour référence l’année zéro s’il est émetteur et une référence régionale s’il est stockeur. Durant les cinq années suivantes, des certificats carbone seront émis annuellement en vue de récompenser l’agriculteur pour chaque tonne de carbone stockée ou non émise. 80 % des certificats seront immédiatement vendus, au prix minimum de 27,50 €/pièce. Les cinq années suivantes constituent une période de rétention durant laquelle l’agriculteur s’engage à maintenir le carbone séquestré dans les sols. Une fois cette période écoulée, le solde (soit 20 %) des certificats carbone lui est progressivement payé, pour autant qu’il n’y ait pas eu de perte de carbone ».

Notons qu’au terme des cinq premières années, l’agriculteur peut adhérer à un second programme.

Les pratiques qui stockent… et rapportent

Au cours de cette première année, Soil Capital a identifié les pratiques permettant de stocker le plus de carbone ainsi que le profil des agriculteurs les plus performants en la matière. « Épinglons tout d’abord un chiffre. Nous constatons que toutes les cultures, y compris les cultures industrielles, sont susceptibles de stocker au moins 2 t/ha de carbone », insiste Nicolas Verschuere, co-fondateur et directeur agronomique.

Les résultats démontrent également que tous les types de sols peuvent séquestrer du carbone. « Plus largement, ce sont les sols argileux, limoneux et limono-argileux qui privilégient la séquestration de carbone », précise-t-il encore.

Quant aux pratiques, celles qui contribuent le plus à la séquestration du carbone dans les sols sont les suivantes : l’introduction de couverts végétaux (afin de maximiser la couverture du sol avec des plantes vivantes), la diminution du travail (et donc des perturbations) du sol, l’apport d’intrants organiques (en lieu et place de leurs équivalents synthétiques), la diversification de la rotation et, enfin, l’agroforesterie.

« L’expérience acquise au cours de cette première année nous montre que tous les systèmes d’exploitations contribuent au stockage du carbone. Nous constatons également que les agriculteurs en semis direct, en bio ou pratiquant les techniques culturales simplifiées (TCS) sont les plus importants stockeurs. »

Selon les chiffres collectés par la société, un agriculteur pratiquant le labour a une empreinte carbone moyenne de 0,74 t équivalent CO2/ha (tCO2e/ha) alors que l’on relève un impact en TCS et en semis direct de -0,26 et -1,29 tCO2e/ha, respectivement. Comparer conventionnel et bio donne les résultats suivants : 0,12 tCO2e/ha et -1.08 tCO2e/ha.

« On le voit, plusieurs voies permettent de réduire ses émissions de carbone, voire d’en stocker. Grâce à des changements de pratiques simples, les agriculteurs qui sont aujourd’hui des émetteurs pourront être rémunérés demain. »

Avant février 2022

À terme, Soil Capital souhaite faire évoluer 1 million d’hectares vers un modèle plus rentable et plus régénératif pour les sols d’ici 2025. Pour y parvenir, un nouveau module dédié aux éleveurs est en cours de développement. Ceux-ci pourront prochainement participer au programme, au côté des cultivateurs, et être rémunérés pour leurs pratiques plus vertueuses. De plus, la jeune société prévoit la création de contenus agronomiques, afin de guider les agriculteurs vers de meilleurs itinéraires techniques.

Les inscriptions au programme de rémunération carbone pour la saison en cours sont quant à elles ouvertes jusqu’en février 2022. Il est possible de s’inscrire via le site internet https ://soilcapital.com/fr/.

J. Vandegoor

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