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Lancement de la plateforme «Agromet.be», la météorologie au service de l’agriculture

L’inauguration de la plateforme agrométéorologique wallonne Agromet.be, le 24 septembre dernier, signe l’aboutissement d’une recherche répondant à un besoin de plus en plus pressant de disposer de données en temps réel qui soient adaptées aux spécificités du secteur agricole afin d’aider ses acteurs dans leurs choix phytotechniques.

Temps de lecture : 6 min

La succession d’événements climatiques de plus en plus extrêmes, l’évolution des exigences en matière environnementales pour protéger l’eau, le sol et la biodiversité mais aussi le producteur et le consommateur sont en effet autant de facteurs qui prouvent l’urgence de disposer d’un tel outil.

« Résultat de quatre années de travail et fruit d’une collaboration entre le Cra-w, l’Irm, l’Ucl et Gembloux Agro-Bio Tech, Agromet vise à spatialiser en temps réel les données de températures et d’humidité obtenues grâce au réseau Pameseb du Cra-w » a indiqué son directeur général René Poismans à l’occasion de la présentation de ce nouvel outil.

Mais aussi à explorer un historique de 25 ans d’enregistrements météo et accéder aux quelque 16.000 stations météo virtuelles qui couvrent la Wallonie.

La prochaine étape était donc relative à l’intégration, l’homogénéisation, la validation et le calibrage des données issues des stations individuelles connectées, le tout dans le respect de la protection de la vie privée.

La météo, ses outils, ses enjeux

Il faut savoir que la Wallonie compte différents type de réseaux météorologiques.

« Ce sont tout d’abord les réseaux publics avec Pameseb, celui de l’Irm, ceux du Spw, tous disposants de stations performantes dont la maintenance est assurée par des agents qui effectuent les entretiens ou recalibrent les capteurs.

Et c’est ensuite, depuis environ quatre ans, l’avènement de réseaux privés tels que Meteus, Sencrop ou Pessl, pour n’en citer que quelques-uns » indique Damien Rossillon, chef de projet « Agromet » au Cra-w.

Utilisées il y quelques années encore par une minorité d’agriculteurs, les stations météo connectées compactes constituent aujourd’hui un marché en plein essor sur le territoire wallon qui en compte désormais plus de 500 unités.

Un nombre qui serait doublé en deux ou trois saisons pour atteindre 15 à 20 % des producteurs spécialisés en grandes cultures.

Cet engouement s’est emballé à la faveur d’une démocratisation des prix permettant aux agriculteurs d’acquérir une station pour un montant se situant sur une fourchette de 500€ à 1.500€.

Ce nouvel élan a également été favorisé par le développement d’Oad s’alimentant de leurs données fournies par les stations connectées.

C’est, par exemple, le cas de l’application VigiMAP du Carah permettant de piloter la lutte contre le mildiou de la pomme de terre.

Ces stations permettent en outre aux agriculteurs de créer aisément des communautés d’utilisateurs de données météo avec d’autres producteurs qu’ils ne connaissent parfois pas.

Cela peut être le cas d’agriculteurs hesbignons accédant aux relevés météo de leurs collègues tournaisiens pour organiser leur journée (les averses traversant généralement le pays d’Ouest en Est en moins de deux heures), ou encore celui du ballet des moissonneuses de part et d’autre du Sillon Sambre-et-Meuse organisé en fonction de la localisation des orages en période estivale.

Les stations météorologiques sont au cœur de l’activité agricole.
Les stations météorologiques sont au cœur de l’activité agricole.

Le réseau Pameseb, c’est bien

Le réseau Pameseb regroupe quant à lui 30 stations agrométéorologiques couvrant l’ensemble de la Wallonie, qui mesurent la température et l’humidité de l’air, les précipitations, la température à la surface du sol et à 20cm sous terre, la vitesse et la direction du vent, l’ensoleillement et l’humectation du feuillage.

Les données enregistrées sont automatiquement envoyées vers un système central où elles sont validées et mises à la disposition de différents systèmes d’Oad.

Les données météorologiques sont systématiquement vérifiées, éventuellement corrigées et validées.

Le réseau a été entièrement rénové par le Cra-w entre 2019 et 2020.

Tous les maillons de la chaîne de remontée d’information ont été modernisés : acquisition locale de la donnée (datalogger), nouvelle infrastructure informatique (serveurs), amélioration des processus de traitement de la donnée (stockage, agrégation, vérification et correction).

Le réseau Pameseb regroupe 30 stations couvrant l’ensemble du territoire wallon.
Le réseau Pameseb regroupe 30 stations couvrant l’ensemble du territoire wallon.

Agromet, un « dataset » complet

Les défis de la plateforme Agromet.be consistent à apporter de la donnée météo en temps quasi réel validée pour l’agronomie et à coexister avec divers acteurs aux enjeux différents.

Il s’agit d’un « dataset » complet qui regroupe des données du passé sur base d’un historique de 25 ans, ce qui le rend par exemple particulièrement utile pour un chercheur souhaitant calibrer un modèle, du présent, afin d’alimenter des outils opérationnels et d’intégrer les données radar de l’Irm, uniquement pour les Oad Agromet.

La dimension du futur couvre quant à elle les prévisions météo à 3 jours et à 10 jours pour celles de l’Irm qui sont intégrées dans les Oad Agromet.

Au-delà des prévisions, on retrouve les TMY (Typical Mean Year), des moyennes historiques qui permettent de continuer une série de données avec des valeurs pour chaque heure d’une année pour un emplacement géographique donné.

Un ensemble de données au service des agriculteurs

Les bénéficiaires d’Agromet.be en sont les agriculteurs, les structures d’encadrement, les pouvoirs publics et les centres pilotes dont les attentes ont été intégrées au projet.

Cette plateforme peut répondre à une large palette de préoccupations les plus diverses, telle, par exemple, celle de connaître où il a exactement plu et en quelle quantité.

L’agriculteur pourra consulter les précipitations des 14 derniers jours, voire même, à titre de comparaison, remonter jusqu’en 1997.

L’agriculteur pourra également consulter la plateforme pour recueillir des données météorologiques afin de caractériser les conditions durant ses essais.

« Les agriculteurs qui possèdent déjà leur propre station pour connaître les conditions météo sur leurs parcelles peuvent utiliser la plateforme Agromet comme outil complémentaire, par exemple, en cas de doute, pour suivre des paramètres que sa station n’enregistre pas mais aussi pour avoir des informations quant à la situation sur l’ensemble de la Wallonie ou, enfin, pour partager leurs propres données » précise Damien Rossillon.

Les données météorologiques entrent également en ligne de compte au niveau de certaines opérations culturales ne pouvant être menées que dans des conditions précises.
Les données météorologiques entrent également en ligne de compte au niveau de certaines opérations culturales ne pouvant être menées que dans des conditions précises.

Pulvérisations et reconnaissance de calamités agricoles

Les données d’Agromet ne pourront toutefois pas justifier une pulvérisation, car la plateforme ne fournit qu’une valeur moyenne indicative de vitesse du vent en 30 points.

« Agromet ne pourra pas non plus servir aux agriculteurs dans le cadre d’une reconnaissance par les calamités agricoles, l’Irm étant l’unique référence en la matière, et ce, par arrêté du gouvernement wallon » indique Damien Rossillon, ajoutant qu’il en est pour le moment de même au niveau des assurances climatiques ».

«Les défis de la plateforme Agromet.be consistent à apporter de la donnée météo en temps quasi réel validée pour l’agronomie et à coexister avec divers acteurs aux enjeux différents», indique Damien Rossillon, chef de projet au Cra-w.
«Les défis de la plateforme Agromet.be consistent à apporter de la donnée météo en temps quasi réel validée pour l’agronomie et à coexister avec divers acteurs aux enjeux différents», indique Damien Rossillon, chef de projet au Cra-w.

Les prochaines étapes seront dédiées à la compatibilité de la plateforme au format mobile, aux indicateurs agrométéorologiques, à l’intégration des stations d’agriculteurs et des réseaux publics pour une meilleure spatialisation des données.

Marie-France Vienne

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