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Les prédateurs naturels, la meilleure solution contre les campagnols au potager

La présence des campagnols dans le jardin suit un rythme pluriannuel. Certaines années, leur présence est très discrète, nous n’observons pas de signe de leur passage. D’autres années, les dégâts constatés au jardin sont très importants et semblent s’aggraver de mois en mois

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Cinq espèces de campagnols sont recensées en Wallonie. Parmi elles, le campagnol terrestre (Arvicola terrestris) et le campagnol des champs (Microtus arvalis) sont les deux espèces rencontrées le plus fréquemment.

Le campagnol terrestre mesure 12 à 18 cm et sa queue entre 5 et 8 cm. Il pèse de 60 à 120 g. Sa tête est volumineuse. Les incisives sont larges, puissantes, capables de creuser les galeries dans le sol. Nous le trouvons plutôt dans les prairies, les friches, les vergers d’où il s’aventure dans les potagers voisins. Il creuse un nid avec de nombreuses galeries et laisse des monticules de terre ressemblant un peu à ceux des taupes. Mais ces monticules sont en désordre alors que ceux des taupes sont plutôt alignés. Il mange l’équivalent de son poids ou d’une fois et demie son poids par jour. Des recensements indiquent des populations montant jusque 300 individus par ha.

Le campagnol des champs mesure de 8 à 13 cm de long sans la queue courte de 3 à 4 cm et pèse 18 à 50 g. La forme de son corps est trapue et arrondie. Il vit plutôt en surface et creuse des terriers souterrains. Il vit surtout dans les bords des champs, dans les prairies et vergers. Il mange l’équivalent de deux fois son poids par jour. Il vit en nocturne et en diurne, dans et hors des galeries. Des recensements indiquent des populations jusque 5000 individus par ha.

Quand le paillis s'est décomposé ou lorsqu'il est déplacé par le vent et la pluie, les galeries sont dégagées et deviennent visibles. Nous constatons ici qu'il n'y a pas de passage récent. Les campagnols auraient-ils déménagé suite aux inondations estivales ?
Quand le paillis s'est décomposé ou lorsqu'il est déplacé par le vent et la pluie, les galeries sont dégagées et deviennent visibles. Nous constatons ici qu'il n'y a pas de passage récent. Les campagnols auraient-ils déménagé suite aux inondations estivales ?

Les mœurs

Les campagnols se déplacent à découvert, essentiellement la nuit.

Les campagnols peuvent avoir 3 à 8 nichées par an, composées chacune de 3 à 10 petits. La maturité sexuelle est très précoce, à 2 mois déjà. Ils sont très bien adaptés à nos conditions climatiques. Ils n’hibernent pas. Ils peuvent se déplacer sous la neige et sous le couvert végétal. De plus, ils amassent des réserves pour l’hiver et se ménagent des nids douillets pour se protéger du froid, dans des zones non inondables du terrain.

Les populations de campagnols suivent des cycles avec un pic tous les 3 à 5 ans pour le campagnol des champs et 5 à 6 ans pour le campagnol terrestre. Les populations progressent jusqu’à un pic avant de s’effondrer brutalement.

L’absence d’arbres ou de haies dans l’environnement de notre jardin est un facteur déterminant de l’ampleur des pics de populations.

La couverture végétale protégeant les campagnols des prédateurs est un deuxième facteur favorable aux pics élevés de population. En progressant sous un paillis, les campagnols sont à l’abri des prédateurs. Le feutrage dans le fond de la pelouse joue le même rôle. Le froid ne semble pas influencer les populations. Par contre, les années très humides ne leur sont pas favorables. 2021 Vient après 4 années à étés secs, il est encore trop tôt pour estimer l’évolution des populations à moyen terme.

Ne pas confondre

Ne confondons pas les traces laissées par ces animaux et celles liées à d’autres espèces présentes dans la nature.

Les taupes rejettent la terre autour d’un trou monté verticalement.

Les campagnols terrestres poussent la terre par un trou qui monte obliquement.

Les campagnols des champs repoussent la terre au-delà du trou de sortie et l’étalent plus ou moins.

Les campagnols utilisent aussi les galeries creusées par d’autres espèces, dont la taupe.

Les dégâts

Les campagnols ne limitent pas leur terrain à notre seul jardin. Ils circulent aussi dans les parcelles, les prairies ou les champs voisins.

Les campagnols mangent volontiers les chicons (racines et chicon), les laitues, les chicorées, les fruits, les racines charnues, les bulbes, les fûts de poireaux, les pommes de terre, les parties aériennes de légumes comme la bette, les fruits comme les courgettes. En regardant attentivement, nous pouvons repérer les petits tunnels par où les campagnols sont arrivés. Parfois aussi, nous sentons que la terre s’enfonce légèrement sous nos pieds aux emplacements des galeries superficielles.

Une belle série de laitues ou de scaroles fait notre fierté ? Nous venons la voir se développer plusieurs fois par semaine. Et puis, un « beau » jour, l’une d’entre elles fane brutalement. Nous nous précipitons pour l’observer : elle ne tient même plus au sol ! Tout le collet et ses racines sont rongés par des campagnols. Il faudra agir vite, si non tout le parc y passe.

Les dégâts de campagnols sont particulièrement craints dans les jeunes vergers. Ils rongent les racines des jeunes arbres au fur et à mesure de leur croissance. Les arbres déclinent et meurent. Lorsque les ravages sont partiels, l’ancrage au sol des jeunes arbres est réduit et ne résiste plus aux coups de vents.

Les agronomes estiment que le seuil de nuisibilité est de 200 individus à l’ha. Tant pis si notre potager est dans leur zone d’action !

La lutte

Les prédateurs

En plaine, les prédateurs naturels sont les renards, les fouines, les hermines, les belettes, les blaireaux, les pies, les corbeaux et les rapaces nocturnes et diurnes.

Dans les zones urbaines, les chats sont des auxiliaires précieux également. Nous les voyons parfois à l’affût dans la pelouse ou le potager.

En tondant régulièrement l’herbe au pied des arbres, nous permettons aux prédateurs de repérer plus facilement leurs proies. Ce sont les prédateurs naturels qui apportent la meilleure des solutions.

Un tas de bois, un tas de briques ou de pierre peut héberger un prédateur de passage (belette…) : La solution au problème des campagnols est alors toute trouvée.

Le piégeage

Le piégeage peut être réalisé en toutes saisons. Mais en hiver, les galeries sont plus facilement repérées et la reproduction des campagnols est fortement ralentie. Si nous constatons beaucoup de dégâts dans nos récoltes d’automne, ce sera bientôt le moment de se lancer dans des campagnes de piégeage dans notre jardin.

Le piégeage mécanique est efficace et très rapide dans son action. Plusieurs types existent, à guillotine ou à pinces notamment. Il faut placer le piège dans une galerie de passage récente et obturer le trou créé pour éviter le passage de la lumière du jour. Employons des gants pour ne pas laisser d’odeur au piège.

Le truc du piégeur : froisser une poignée d’herbe ou de foin et la placer à proximité du piège pour masquer les odeurs de celui-ci et de l’opérateur.

Les taupiers professionnels sont également compétents pour nous aider dans la maîtrise des populations de campagnols.

Le piège à pince est un des modèles trouvés dans le commerce. Idéalement, nous devrions pouvoir nous en passer et laisser agir les prédateurs naturels.
Le piège à pince est un des modèles trouvés dans le commerce. Idéalement, nous devrions pouvoir nous en passer et laisser agir les prédateurs naturels.

D’autres moyens de lutte

En dérangeant systématiquement les galeries, nous pouvons espérer que les campagnols changent leur itinéraire. Mais ils passeront ailleurs.

Les appareils à ultrasons sont souvent décevants, peut-être parce qu’ils demanderaient une mise en œuvre trop complexe ?

Les répulsifs ne sont efficaces que de façon limitée dans le temps. Il faut renouveler régulièrement les apports.

Les sacs de treillis galvanisé fonctionnent bien pour protéger le globe racinaire des jeunes arbres lors de la plantation. Nous refermons le sac autour de la base du tronc. Lors des années suivantes, les racines s’étendront au-delà du sac, mais la protection aura été efficace lors des premières années, les plus vulnérables. Les gouttières de grillage peuvent théoriquement protéger aussi les racines de nos légumes, mais c’est loin d’être pratique. La pose d’un treillis en fond de couche ou en fond de serre est plus facilement réalisable.

Les appâts empoisonnés ne sont pas la solution idéale : d’abord ils ne sont pas plus attractifs pour les campagnols que les délicieux légumes de notre potager. Ils ne sont pas sélectifs. Les souffrances avant le décès peuvent être longues.

Certains jardiniers m’ont confié leurs trucs basés l’efficacité répulsive de certaines plantes comme l’euphorbe épurge, le mélilot ou la menthe. Je reste à convaincre !

Les purins odorants de plantes dérangeraient les campagnols : peut-être, mais il faut les renouveler régulièrement.

L’union fait la force : unissons nos efforts entre voisins, c’est la meilleure façon pour limiter les risques de rapide reconquête de notre jardin par les populations voisines

Ne pas confondre

Ne confondons pas les campagnols avec d’autres visiteurs de nos jardins.

Les mulots se nourrissent de graines, de fruits, de bourgeons. Ils ne rongent guère des légumes en commençant par les parties souterraines. Ils se déplacent dans les trous de campagnols et les trous de taupes.

Les taupes se nourrissent de vers, de limaces. Elles peuvent déranger un semis ou une plantation en bousculant la terre lors de leurs travaux de fouissage. Elles ne rongent pas de légumes.

F.

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