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Ingrédients laitiers: les marchés sont fermes et solides

Après avoir sensiblement fléchi au 2ème trimestre, les cours des produits laitiers sont mieux orientés depuis juillet sous l’effet d’une production laitière moins dynamique dans les grands bassins exportateurs et d’une demande internationale toujours ferme, stimulée par la reprise économique mondiale.

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Depuis juin, la production laitière est globalement moins dynamique dans les principaux bassins excédentaires. En juillet, elle a sensiblement reculé dans l’UE-27 et plus fortement en Australie (-3%). En revanche, elle demeure croissante aux Etats-Unis (+2%) et en Argentine (+3%). Enfin, en Nouvelle-Zélande, le fort dynamisme de la collecte en début de campagne a peu d’impact sur les disponibilités compte tenu des faibles volumes en jeu.

Le prix du lait, certes bien orienté, ne semble plus aussi stimulant sur la production, face à la hausse encore plus forte des prix intrants (aliments, énergie).

Le ralentissement de la croissance de la production laitière agrégée des 6 principaux pays exportateurs, lors du creux saisonnier de production, s’est répercuté positivement sur les marchés des produits laitiers.

Cours des ingrédients laitiers de nouveau bien orientés

Les cours des produits laitiers sont de nouveau bien orientés à veille de la reprise de la production laitière néo-zélandaise. Sur la plateforme Global Dairy Trade, les prix des enchères dans toutes les familles de produits se sont appréciés depuis juillet.

Le marché du beurre retrouve de la fermeté début septembre, après avoir sensiblement molli durant l’été. Les disponibilités sont globalement peu abondantes et les opérateurs se montrent attentistes à la veille de la reprise de la production néozélandaise. Dans l’UE-27, le prix du beurre est repassé au-dessus de 4 000 €/t fin août après avoir cédé 200 € depuis la mi-juin. En Nouvelle-Zélande, il a baissé d’autant durant l’hiver austral, pour s’établir à 3 700 €/t en août. Aux États-Unis, il s’est moins émoussé sur la même période (-100 €/t), mais demeure bien moins cher (3 150 €/t).

Le prix moyen de la poudre maigre est de nouveau haussier depuis fin juillet (+100 € en 6 semaines) après s’être émoussé en juillet. Il est remonté à 2 574 €/t début septembre. Aux Etats-Unis, le cours a connu la même évolution, mais à 2 420 €/t en août, il n’a pas retrouvé son niveau de juin 2021 malgré des fabrications en repli et moins abondantes qu’en 2020 à pareille époque. Toutefois, les disponibilités étatsuniennes demeurent les plus compétitives sur la scène internationale. Au départ de Nouvelle-Zélande, le cours de poudre maigre a chuté de -300 €/t en deux mois à 2 600 €/t en août.

Le marché des fromages

est demeuré plus robuste

Les cours des fromages est d’une grande stabilité dans l’UE-27. Ils n’ont pratiquement pas varié depuis juin dernier, signe d’un bon équilibre des marchés. En revanche, le cours du cheddar a rebondi aux Etats-Unis (+400 €/t en 3 mois à 3.840 €/t), où le dynamisme des fabrications parait mieux ajusté à la reprise de la demande intérieure, encore plus forte. En Nouvelle-Zélande, le cours du cheddar s’est à l’inverse légèrement déprécié dans le sillage du cours du beurre.

Évolution contrastée des fabrications européennes

Le ralentissement de la collecte européenne durant l’été s’est probablement répercuté sur les fabrications de poudre lait au regard des évolutions constatées au 1er semestre.

Au 1er semestre, la faible croissance de la collecte européenne (+0,6% par rapport à 2020 en juin et +1,2% au 2e trimestre) s’est accompagnée d’une évolution contrastée des fabrications. Celles de laits conditionnés et de laits fermentés ont légèrement reculé au 1er semestre, probablement sous l’effet de moindres achats des ménages parallèlement à la réouverture de la restauration commerciale. Celles de crème sont demeurées en revanche très dynamiques.

Les fabrications de fromages ont progressé en dents de scie (+3% par rapport à 2020 au 1er semestre). Après avoir plafonné début 2021, elles ont été relancées de mars à mai, puis sont retombées en juin au niveau de 2020.

Faiblement décroissantes (-1% par rapport à 2020 sur 6 mois), les fabrications de beurre ont suivi une trajectoire parallèle à celles de l’an dernier sur la même période.

Enfin, les fabrications de poudre maigre sont contenues faute de ressources, tandis que celles de poudres grasses sont demeurées ralenties faute de compétitivité face aux fabrications océaniennes.

Des exportations européennes au mieux stationnaires au 1er semestre

Au 1er semestre, les exportations européennes ont globalement marqué le pas d’après nos estimations (-1% en équivalent lait). Elles ont évolué diversement selon les produits.

L’UE-27 a surtout accru ses exportations de fromages (+7% par rapport à 2020 portées à 480.000 t sur 6 mois), qui ont fortement progressé vers la Chine (+80% à 22.000 t), les États-Unis (+18% à 61.850 t), mais aussi vers le Canada (+23%) et l’Ukraine. En revanche, elles ont nettement fléchi vers le Royaume-Uni (-11% à 158.000 t), surtout au 1er trimestre, et ont reculé significativement vers le Japon et la Corée du Sud, respectivement -7% et -5%.

L’UE-27 a ainsi tiré parti de la forte demande internationale en fromages dont les échanges internationaux auraient progressé au 1er semestre de +9%. La Nouvelle-Zélande a davantage accru ses expéditions grâce à des fabrications exceptionnellement dynamiques au 1er semestre (+20% à près de 2.198.000 t). En revanche, les États-Unis les ont faiblement accrues, malgré une forte reprise des fabrications dont les volumes supplémentaires ont été orientés sur le marché intérieur.

En revanche, les exportations de beurre de UE-27 ont nettement fléchi surtout au printemps (-23% à 110.000 t) faute de disponibilités. Face à une demande européenne ferme, les importations de beurre ont bondi (x3), mais sur des volumes faibles portées à 6.000 t sur 6 mois. Malgré la progression des expéditions australiennes et états-uniennes, en somme modeste, les échanges internationaux ont fléchi de -7% au 1er semestre, la Nouvelle-Zélande ayant aussi réduit ses envois.

De même, les exportations de l’UE-27 en poudres grasses ont plafonné aux niveaux de 2018 et 2019, reculant ainsi de 8% d’une année sur l’autre. Grâce à une ressource laitière plus abondante que les années passées au 1er semestre, la Nouvelle-Zélande a fortement accru ses expéditions (+15% à 883.000 t) et fourni la totalité des volumes supplémentaires échangés sur le marché mondial sur la même période (+9% à 1,08 million de tonnes).

Enfin, les exportations de poudre maigre ont été stables, malgré le tassement des fabrications avec des évolutions contrastées selon les destinations : décroissantes vers Algérie (-36%), l’Égypte (-19%), mais dynamiques vers Chine (+27%), Philippines (+60%), Yémen (+16%), Indonésie (+91%). Les États-Unis ont fourni l’essentiel des volumes supplémentaires échangés sur le marché (+6% au 1er semestre 2020.

Dans les prochains mois, les cours des produits laitiers devraient pour le moins se maintenir, tant que les cours des grains et de l’énergie demeureront élevés. Aux Etats-Unis, la dégradation de la marge alimentaire pourrait ralentir la croissance de la production laitière. Dans l’UE-27, la reprise de la production laitière s’annonce modeste, malgré des fourrages abondants, tant que la hausse des charges neutralisera celle du prix du lait. Et en Nouvelle-Zélande, la reprise demeure très tributaire des conditions climatiques. En somme, la fermeté de la demande internationale devrait absorber sans heurts majeurs le lait supplémentaire issu des grands bassins laitiers.

D’après Tendances Lait et Viande (Idele)

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