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Le fenouil, un légume du soleil qui trouve sa place sur l’étal de nos maraîchers

Le fenouil de Florence est cultivé dans les pays méditerranéens et surtout en Italie. Depuis les années 1950, le tourisme a fait mieux connaître ce légume. Aujourd’hui, il existe une demande ponctuelle de fenouil produit localement, notamment en circuit court dans les fermes maraîchères diversifiées.

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À quelques exceptions près, il n’y a guère de débouché industriel chez nous. La culture du fenouil reste typiquement maraîchère. Il existe un marché étroit pour le fenouil de fin de printemps et d’été, comme pour celui d’automne. La culture sous abris élargit d’ailleurs les possibilités de culture au printemps.

Le bulbe est appelé commercialement « pomme ». Il est constitué de 4 à 6 feuilles assez épaisses chez les variétés d’été et d’environ 8 feuilles pour les variétés d’automne.

À l’aisselle de chaque feuille, le bourgeon axillaire reste normalement à l’état embryonnaire. Mais un stress de croissance du bourgeon central peut induire le développement de ces bourgeons axillaires en provoquant une déformation du bulbe.

Précoces de printemps ou tardives d’automnes

Le cycle du fenouil est annuel. Quelles que soient les températures d’élevage, un semis de printemps amène une montée à graines l’année même. La montaison est induite par les jours longs. Les variétés ont des caractéristiques propres qui les destinent aux cultures précoces de printemps ou plutôt tardives d’automne.

Notons que le zéro de végétation se situe entre 4 et 5ºC. Des altérations aux bulbes sont visibles dès 0ºC, la destruction est complète à -2 ou -3ºC.

La montée à graines est induite par les jours longs de l'été. Le stress hydrique  peut l'induire également en d'autres saisons.
La montée à graines est induite par les jours longs de l'été. Le stress hydrique peut l'induire également en d'autres saisons.

L’enracinement pivotant est suppléé par un enracinement fasciculé par l’opération du repiquage ou de la transplantation. Les racines sont assez denses mais ne se développent bien que dans des sols bien décompactés et ameublis. Une faiblesse de l’enracinement, due à de mauvaises conditions de sol par exemple, peut engendrer un stress amenant une montée précoce à graines.

Les hybrides, une avancée sérieuse

À côté des variétés-populations, les hybrides ont apporté une avancée sérieuse quant à l’homogénéité et l’adaptation à nos conditions de culture. Les variétés sont classées selon leur adaptation à une époque de culture. La sensibilité est marquée à la durée du jour critique pour la bulbaison, la durée du jour pour l’induction florale et la résistance au froid.

Les variétés précoces ont un cycle de production court (3 mois) et produisent des bulbes moins lourds (300 à 500 g). Elles sont semées sous serre en février-mars pour les types les plus résistants à la montaison. Elles se développent bien sous abris. Nous trouvons notamment Antares F1, Argo, Fino, Solaris F1 et d’autres variétés involontairement omises.

Les variétés mi-précoces sont cultivées dans la période de longueur du jour décroissante, c’est-à-dire qu’elles sont semées au début de l’été, plantées 5 semaines plus tard et récoltées en automne avant les gelées sévères. Le bulbe est gros, lourd (600 g) à l’issue du cycle cultural de 4 mois. Parmi d’autres variétés, citons Carmo, Finale, Mammouth, Orbit F1, Orion F1, Preludio, Rudy, Tenace, Torio F1, VictorioF1 ou Virgo F1 et d’autres variétés involontairement omises.

Entre ces deux saisons, Orazio F1 ou Rando F1 conviennent bien également.

Les types « de Mantoue » ou « de Genève » sont semés de mars à juin sous serres pour être cultivés en plein air après plantation.

L’élevage : en mottes

La germination se passe au mieux entre 20 et 22ºC. Ensuite, l’élevage se fait à 15 à 20ºC.

La culture du fenouil semi-précoce se fait avec des plants élevés au chaud ou en serre antigel ; la plantation s’effectue quand le sol atteint 10 à 12ºC (début mai). L’emploi de voiles ne pose pas de problème jusque mi- ou fin-mai. La récolte se fera à partir de mi-juillet.

Quand les quantités produites sont limitées, l'élevage se fait souvent  sur la ferme maraîchère elle-même.
Quand les quantités produites sont limitées, l'élevage se fait souvent sur la ferme maraîchère elle-même.

La culture d’automne se fait avec des plants semés de mi-juin à fin juillet selon la variété. Les semis peuvent être étalés par pas de 2 à 3 jours pour avoir un étalement de la récolte de 7 à 10 jours en octobre.

L’élevage se fait en mottes de 5 voire 7 cm pour permettre la plantation 5 à 7 semaines plus tard.

Une structure de sol impeccable

La structure du sol doit être impeccable pour permettre le meilleur développement possible des racines. C’est essentiel pour deux raisons. D’une part les besoins en eau sont importants et un arrêt de croissance dû à un manque d’eau génère des problèmes de qualité des pommes. D’autre part, les besoins en minéraux sont importants aussi et l’exploration d’un grand volume de sol est requise pour les satisfaire.

Les besoins en éléments minéraux nutritifs sont relativement élevés et en liaison directe avec le rendement de la culture et donc de la classe de précocité. Comme ordre de grandeur, retenons chez nous 200 unités de N, 30 unités de P2O5, 200 de K2O et 18 de MgO. Les feuilles et les racines restituent au sol la moitié de ces quantités après la culture.

Sous tunnels maraîchers, on règle le chauffage à 5ºC et on aère à 25ºC au maximum.

La densité de plantation est de 16 plantes/m² sous tunnel et pour la culture précoce, quand le site est bien éclairé. En sites moins bien éclairés (ombre d’arbres ou de bâtiments, plastique de serre ancien…) nous réduisons la densité à 12 plantes/m².

La plantation sur film plastique facilite l'entretien. L'irrigation est nécessaire  pour maintenir une croissance soutenue.
La plantation sur film plastique facilite l'entretien. L'irrigation est nécessaire pour maintenir une croissance soutenue.

Le semis direct est théoriquement possible pour le semis de juin mais le désherbage n’est pas du tout aisé à réaliser. La racine pivotante permet une bonne exploration profonde du sol.

L’irrigation par aspersion convient bien. Les besoins en eau sont importants et peuvent être estimés à 3 mm/jour en moyenne. L’emploi de tensiomètres permet de piloter l’irrigation. Les apports doivent être soutenus pour éviter l’éclatement des pommes et, par la suite, les pourritures au départ des blessures des crevasses.

Récolte et conservation

Le stade de récolte est un compromis entre le grossissement de la pomme et le développement de bourgeons axillaires. Le démarrage de ceux-ci induit des déformations de pommes, une altération générale du goût et une tendance à la fibrosité.

Le fenouil est riche en substances d’oxydation, il brunit rapidement. La pré-réfrigération humide permet de le conserver une à deux semaines à 5 à 10ºC. Il peut se conserver 1 à 2 mois à 0ºC et 95 % d’humidité relative, sous film perforé.

Plutôt des problèmes physiologiques

Dans nos conditions belges, nous avons peu de maladies parasitaires. Le principal souci est physiologique, lié à la bonne bulbaison et l’absence de montée prématurée à graines.

Les Sclerotinia et les bactérioses du genre Pectobacterium peuvent amener des dégâts liés à la rotation et à la forte présence d’inoculum dans le sol. En n’apportant pas de forte fumure organique avant la plantation du fenouil et en évitant les arrêts et reprises de croissance provoquant des crevasses des pommes, nous évitons pas mal de problèmes.

La cladosporiose peut provoquer un jaunissement et un affaissement du feuillage. Elle est plus fréquente sous tunnel.

Pectobacterium carotovorum est redoutée dès que la température dépasse une quinzaine de degrés. Les fentes de croissance qui apparaissent lorsque la température ou les apports d’eau varient fortement sont des portes d’entrée.

La mouche de la carotte et la mouche du céleri , les pucerons et les noctuelles peuvent parfois s’inféoder au fenouil.

F.

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