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La chrysomèle des racines: un nouveau ravageur du maïs, identifié sur quatre sites wallons cette année

Diabrotica virgifera, plus communément appelé « chrysomèle des racines du maïs » est un insecte ravageur redoutable en culture de maïs. Il a fait l’objet, cette année, de plusieurs captures en parcelles de maïs par le Centre Pilote Maïs et le Cipf.

Temps de lecture : 5 min

Ce petit coléoptère, d’à peine 5 – 6 mm de longueur, appartient à la famille des Chrysomélides, tout comme le criocère des céréales ou le doryphore de la pomme de terre. L’adulte présente sur les élytres deux lignes noires longitudinales sur fond jaune vif.

Il est originaire d’Amérique Centrale. Il a probablement profité de liaisons aériennes entre les États-Unis et l’Europe lors du conflit des Balkans pour s’établir sur notre continent où il a été détecté pour la première fois en 1992 en République fédérale de Yougoslavie (actuelle Serbie), près de l’aéroport international de Belgrade.

À partir de ce premier foyer, il a rapidement atteint les pays voisins. C’est ainsi que depuis une vingtaine d’années, il a également été observé en Italie, en Autriche, en Suisse, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas ainsi qu’en Belgique. Les quelques foyers où l’insecte a été piégé sur notre territoire ont pu être éteints en pratiquant la rotation.

L’insecte peut se déplacer sur une distance de 30 à 40 km chaque année, mais à l’aide des moyens de transport, comme les camions et les avions, il peut faire des distances beaucoup plus grandes.

Des plantes affaiblies

Les chrysomèles déposent leurs œufs (non visibles à l’œil nu) au cours de l’été à côté des racines des plantes de maïs. Les œufs hivernent dans le sol et les larves sortent au printemps. Celles-ci sont peu mobiles et restent sur la parcelle où les éclosions se sont produites.

Dans le cas d’une monoculture de maïs, les jeunes larves entrent à l’intérieur des racines et mangent le cœur de celles-ci qui deviennent creuses. Les larves les plus âgées attaquent les racines premièrement émises, plus près de la tige de maïs.

Ces dégâts sur les racines affaiblissent la plante par manque de nourriture et d’eau. De ce fait, la stabilité des plantes est amoindrie et, à la suite de vents et de pluies violentes, elles sont affaiblies et versent.

Un réseau de surveillance étendu

Dans le cadre des activités du Centre Pilote Maïs, le Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf), soutenu par le Service public de Wallonie, installe depuis plusieurs années un réseau de surveillance de la chrysomèle des racines du maïs dans la partie wallonne du pays.

Les sites choisis sont les suivants : les aéroports militaires de Beauvechain, Chièvres et Florennes ; les aéroports civils de Gosselies et Bierset ; le zoning industriel de Nivelles ; la gare autoroutière d’Houdeng ; les parkings autoroutiers de Thieu et Saint-Ghislain ; et les parkings d’Habay et Weyler, en partenariat avec le parc naturel de la Vallée de l’Attert.

Pour ce faire, des pièges collants munis d’une phéromone sont installés afin d’y attirer les adultes en plein vol. Contrôlés régulièrement du stade 10ème feuille du maïs jusqu’à la récolte, ces pièges sont renouvelés intégralement à la mi-août et après chaque capture.

Avec quels résultats ?

En 2018, la première chrysomèle de Wallonie a été découverte à proximité de l’aire d’autoroute de Thieu, ainsi que sur trois lieux de piégeages autour de l’aéroport de Zaventem. Malgré une intensification du système de piégeage aux alentours de l’aire d’autoroute de Thieu, aucune autre chrysomèle n’a été observée par la suite.

Piège englué sur lequel se retrouvent plusieurs individus capturés cette année.
Piège englué sur lequel se retrouvent plusieurs individus capturés cette année.

En 2019, 11 chrysomèles ont été piégées dans une parcelle de maïs proche de l’aire d’autoroute de Saint Ghislain.

En août-septembre 2021, 3 chrysomèles ont été capturées sur une parcelle proche de l’aéroport de Gosselies, 5 chrysomèles réparties sur 2 parcelles proches de l’aire d’autoroute de Thieu, 53 chrysomèles présentes sur 2 parcelles proches de l’aéroport militaire de Florennes et, enfin, 270 chrysomèles observées sur 2 parcelles situées non loin de l’aire d’autoroute de Saint-Ghislain. Soit un total de 331 chrysomèles capturées entre le 30 août et le 24 septembre.

La rotation, plus efficace que la lutte avec insecticides

« En présence de chrysomèle des racines du maïs, une zone focus d’un kilomètre de rayon est établie autour du point de capture. L’année suivant la capture de l’insecte, une obligation de rotation d’une année sur deux (au moins) est imposée. »

Cette mesure, reprise dans l’IPM, est destinée à éviter la propagation de la chrysomèle. Elle a pour conséquence que les agriculteurs qui ont cultivé du maïs dans un rayon de 1 km autour d’un point de capture ne pourront pas en semer en 2022 sur les parcelles déjà cultivées en maïs en 2021 dans la zone focus. 32 agriculteurs sont concernés par cette obligation de rotation en 2022. La pratique de la rotation s’avère plus efficace que la lutte avec insecticides.

Les larves de Diabrotica virgifera dépendent du maïs et ne peuvent survivre dans d’autres cultures. La rotation des cultures a donc pour conséquence que les larves qui sortent des œufs, après avoir passé l’hiver dans le sol, ne trouveront pas de nourriture et ne pourront donc évoluer en chrysomèles adultes.

Aucun dégât… pour le moment

Aucun dégât n’est encore visible pour le moment dans les champs infestés par l’insecte, mais la chrysomèle du maïs est bien là ! Le réseau de piégeage sera maintenu, voire renforcé, en 2022.

Pour toutes questions supplémentaires, le site web du Cipf est à votre disposition (www.cipf.be).

Guy Foucart

Frédéric Vandeputte

Thomas Lacroix

Fabien Renard

Centre Pilote Maïs

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