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En route pour un cheval de trait ardennais à la portée de tous

Ce dimanche matin, 26 septembre 2021, le champ de course de Chantilly est désert. Ils s’étaient pourtant tous donnés rendez-vous dans la capitale du cheval, avant de rejoindre Paris, l’ultime étape de cette route magique, « La Route du Poisson ». Depuis Boulogne-sur-Mer, les équipages devaient se relayer sur une vingtaine d’étapes distantes d’une quinzaine de kilomètres chacune. Une ode aux races de chevaux de trait, une fête des terroirs. Ce dimanche matin-là, à Chantilly, la crème avait un goût amer.

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Q uelques semaines plus tôt, j’avais rendez-vous avec l’équipe des « Ardennais belges » qui devait participer à La Route du Poisson et qui s’était réunie chez Christian Breuskin à Ochamps pour une journée d’entraînement et de sélection des chevaux devant participer à la Route. Malgré l’annulation de cette épreuve mythique de relais d’attelages équestres, l’équipe des Ardennais Belges, emmenée par leur président, Claudy Lepère, avait décidé de maintenir les journées préparatoires afin de faire un nouvel état des lieux de la forme physique des chevaux.

La naissance des Ardennais Belges

Tout a commencé en 1991 lorsque Paul Laurent, à l’époque président du stud-book du Cheval de Trait Ardennais (CTA en abrégé), eu vent d’une épreuve qui devait être organisée en France pour commémorer les chasse-marée qui reliaient Boulogne-sur-Mer à Paris pour acheminer le poisson en attelage de chevaux de trait boulonnais.

Une délégation dudit stud-book s’y rendit et en revint conquis par l’idée d’y faire participer une équipe 2 ans plus tard. À cette époque, Bernard Ridelle était le précurseur en Belgique de la mise à l’attelage du cheval de trait Ardennais. II accepta de relever le défi de participer avec ses chevaux à ce qui continue de s’appeler « La Route du Poisson ». L’équipe fut complétée avec l’écurie de la famille Olivier de Recogne. C’est ainsi que les chevaux de trait Ardennais de Belgique se mesurèrent pour la première fois aux autres races de trait européennes dans des relais d’attelages cumulant une distance totale de plus de 300 km.

C’est aussi ainsi qu’un groupe de passionnés fut les précurseurs de l’équipe « Les Ardennais Belges » qui s’étoffa par la suite de nouveaux membres et s’organisa en asbl.

« Cette première expérience de La Route du Poisson fut fabuleuse et inoubliable pour l’ensemble de l’équipe et nous n’attendions qu’une chose c’était de participer à la suivante » explique Claudy Lepère. Par la suite, Les Ardennais Belges ont participé aux 9 éditions suivantes et accédèrent à la première place sur 16 équipes en 1999.

Auscultation des chevaux au terme du routier.
Auscultation des chevaux au terme du routier.

Vision et Missions

L’asbl a pour mission le maintien et le développement du Cheval de Trait Ardennais par son utilisation en attelage. La grande visibilité que sont les divers événements auxquels elle participe, telles que les « Routes », lui permet d’afficher toutes les qualités de la race et d’en faire la promotion.

Mais l’attelage n’est pas à la portée de tous car ce loisir coûte cher. Si l’on veut « sortir » avec son équipage, il faut un van et de quoi transporter la voiture d’attelage. À cela s’ajoute le véhicule adéquat capable d’emmener l’ensemble. D’où la réflexion au sein de l’asbl de promouvoir l’utilisation montée du CTA. Claudy Lepère explique que « pour Les Ardennais Belges, ce n’était pas un défi car au cours des Routes, les équipes se mesurent lors d’épreuves montées avec les chevaux de trait et la jeune génération, partie prenante de l’asbl, n’est pas en reste pour démontrer l’agilité et les performances du CTA ». Et Claudy d’ajouter : « nous montrons que le CTA est aussi un cheval de selle, prisé par de jeunes cavaliers ».

Les Ardennais Belges proposent aujourd’hui des spectacles équestres composés uniquement de Chevaux de trait Ardennais et dont les jeunes cavaliers augurent de la pérennité de la vision et des missions de cette association. L’asbl contribue ainsi grandement, en complément au Stud-Book du CTA et aux éleveurs, au maintien de la race ainsi qu’au maintien et à l’augmentation des effectifs par une grande visibilité du CTA à la fois attelé et monté. À cet égard, notons également les actions et le travail réalisé par le CECT (Comité Européen des Chevaux de Travail) qui s’efforce de promouvoir l’utilisation du cheval de trait dans diverses autres activités telles que le débusquage en forêts, les travaux urbains, le maraîchage ou encore les travaux dans les vignobles.

Arrivée au petit trop avec des chevaux en forme physique optimale.
Arrivée au petit trop avec des chevaux en forme physique optimale.

Entraînement et sélection des chevaux carrossiers

Un des éléments essentiel et remarquable dans cette association, c’est qu’elle est composée de membres très professionnels et expérimentés dans la discipline d’attelage et en particulier avec les CTA. Vétérinaire, éleveurs, formateurs, maréchal-ferrant ou autres pratiquants de l’art de l’attelage équestre, tous ont une expérience forte dans la discipline.

Ce professionnalisme était bien palpable lors de cette journée d’entraînement et de sélection. Le simple fait de l’avoir maintenue malgré l’annulation de La Route du Poisson en témoigne.

« Au cours de l’année, les chevaux sont entraînés par leurs meneurs respectifs afin de leur garantir une régularité et une forme physique optimale » Indique Claudy, qui ajoute : « Si le CTA a acquis un bon niveau cardiaque et récupère davantage que lorsqu’il était un cheval de boucherie, il faut malgré tout porter une attention au niveau pulmonaire et sur la respiration car sa récupération sur les épreuves de route est sensible ». La journée consista à faire participer les paires de chevaux à deux parcours chronométrés avec auscultation au terme des étapes et de tirer des conclusions sur l’état de forme des chevaux de l’équipe.

La participation aux événements exigeants telle que La Route du Poisson ne peut rien laisser au hasard. L’équipe et l’association des Ardennais Belges en est pleinement consciente. Notre pays peut s’enorgueillir de voir son drapeau hautement porté et défendu par Les Ardennais Belges au cours des Routes européennes, telle que La Route du Poisson ou d’autres Routes plus modestes mais non moins exigeantes, et toujours parmi les plus grandes nations européennes.

« Mon vœu le plus cher serait qu’éleveurs et atteleurs soient dans la même mouvance » évoque Claudy. Un vœu qui semble bien se réaliser car il est une réalité que depuis peu, plusieurs éleveurs de CTA se sont mis à l’attelage. Plusieurs éleveurs sont en effet sensibilisés aux qualités du cheval d’attelage et à la nécessité d’alléger le Cheval de Trait Ardennais pour lui donner des allures plutôt que de se cantonner au seul cheval de boucherie.

Valère Marchand

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