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Le machisme est-il dans le pré?

La semaine pour l’égalité des chances, c’était fin octobre. Avouez qu’elle est plus ou moins passée inaperçue pour beaucoup d’entre vous. Pourtant, cette thématique est plus que jamais d’actualité en agriculture où elle représente une véritable urgence.

Temps de lecture : 2 min

L’eurodéputée libérale flamande Hilde Vautmans rappelait d’ailleurs le 26 octobre dernier, à la faveur d’une audition sur le sujet, que les femmes représentaient, en 2016, 35 % de la population globale qui travaillait en agriculture. 29 % des exploitations européennes sont dirigées par une femme et seulement 4,2 % des agricultrices ont moins de 35 ans.

Pour sensibiliser les parlementaires à un sujet par trop souvent mis sous le tapis dans un secteur peu reconnu pour ses élans féministes, la commission de l’Agriculture a convié deux auteures pour évoquer leurs ouvrages entre constats, données factuelles et humour.

L’une d’elles narre, dans une bande dessinée, l’histoire de trois agricultrices, voisines de marché, qui se rencontrent, s’entraident et se lient d’amitié. Elles sont bergère, éleveuse de brebis et maraîchère, elles ont voulu partager des anecdotes de vie parfois lourdes, humiliantes, drôles, mais toujours justes. Toutes les renvoient à leur statut de femme et non d’individu autonome.

« Il est où le patron ? », le titre de la bande dessinée, fait référence à la phrase presque systématiquement lancée à la cantonade par ces hommes qui veulent s’adresser au supposé mâle dominant sur l’exploitation.

La dessinatrice Maud Bénézit illustre tous les petits comportements et phrases assassines dont les femmes rurales sont victimes dans leur quotidien.

Pour la chercheuse autrichienne Theresa Oedl-Wieder, il faut tout simplement remettre en question certains stéréotypes, et déjà commencer par dépoussiérer les structures patriarcales, notamment la cession d’exploitations qui se fait principalement entre hommes.

La réaction de l’eurodéputé Gilles Lebreton, critiquant vertement cette dernière, l’accusant de parler de « genres » plutôt que d’égalité homme-femme, lui reprochant de défendre « l’intersectionnalité » qu’il a taxée de « dernière lubie de l’idéologie woke », et de dénoncer le « patriarcat » occidental ainsi que l’extrême-droite, accusée sans aucune explication de favoriser l’oppression des femmes dans nos campagnes, laisse songeur…

Issu des rangs du groupe « Identité et démocratie » situé très à la droite de la droite sur l’échiquier politique européen, M. Lebreton a également vivement taclé Maud Bénézit avant d’avouer avoir quitté les lieux « ayant mieux à faire qu’à perdre du temps à écouter un tel délire ».

Le chemin semble encore bien long ...

Marie-France Vienne

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