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Que faire face aux attaques de limaces en céréales?

Depuis plusieurs mois, les conditions rencontrées dans les terres agricoles sont extrêmement propices à la multiplication et au déplacement des limaces. L’application d’un molluscicide ne se fera néanmoins qu’au cas par car, sur base des observations réalisées dans les parcelles.

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Deux types de limaces s’attaquent aux grandes cultures : la limace grise ou loche (Deroceras reticulatum) et la limace noire, moins fréquente en céréales et qui regroupe plusieurs espèces du genre Arion.

Les limaces sont favorisées (multiplication et dispersion) par un climat pluvieux et un couvert dense propice au maintien d’une ambiance humide à la surface du sol (précédent colza, céréale versée, jachère…). Les limaces préfèrent également les terres caillouteuses ou argileuses, en raison des refuges qu’elles offrent, aux terres meubles et friables.

Le froment, plus sensible que l’escourgeon

L’escourgeon, grâce à un démarrage rapide, échappe assez facilement aux dégâts de limaces, la croissance compensant largement les prélèvements opérés par les limaces. Le froment est un peu plus sensible.

L’interculture est le meilleur moment pour lutter contre les limaces, très vulnérables au cours des journées chaudes et sèches de l’été. Un travail du sol superficiel (succession de déchaumages par exemple) effectué en début de journée s’avère très efficace. D’autres mesures anti-limaces peuvent être mises en œuvre : préparation fine du lit de semences, semis de variétés à développement rapide, roulage pour limiter la présence de refuges…

Quand appliquer un molluscicide ?

Avant la levée de la céréale, l’application de produits molluscicides est très rarement recommandée . Les dégâts sont généralement négligeables et n’apparaissent que si les semences ne sont pas bien couvertes : les limaces s’attaquent alors directement aux grains. Seules de fortes infestations de limaces grises doublées de mauvaises conditions de semis peuvent justifier une éventuelle protection à ce stade.

Après la levée , les limaces grises « broutent » les feuilles en commençant par les extrémités et un effilochement typique des feuilles est observé. Tant qu’il n’atteint pas le cœur des plantes, le dégât de limaces grises est bien toléré. Une culture qui progresse est chaque jour moins vulnérable aux limaces, même si celles-ci sont nombreuses.

Un traitement molluscicide s’impose uniquement si la culture stagne ou tend à régresser sous l’effet du broutage. C’est donc à son sens de l’observation qu’il faut se fier pour déterminer la pertinence d’un traitement. Les attaques sont en outre rarement distribuées de façon homogène et il est souvent suffisant de ne traiter que les plages les plus infestées. Les molluscicides actuellement disponibles sur le marché sont composés de metaldehyde ou de phosphate de fer.

Des conditions propices

Depuis plusieurs mois, les conditions ont été extrêmement propices à la multiplication et au déplacement des limaces. En effet, la dynamique des populations de limaces n’a quasi qu’un seul frein : la rupture d’humectation de la surface du sol. Sans une telle rupture, les populations ont tendance à grimper.

Par ailleurs, lorsque les sols sont saturés d’eau, voire quasi inondés, les limaces peuvent quitter ces zones devenues inhospitalières et parcourir jusqu’à 40 m en une seule nuit (observation de Robert Moens, Centre wallon de recherches agronomiques). Dans ces conditions, elles peuvent se retrouver à des endroits où on ne les attend pas.

Les céréales versées constituent des refuges privilégiés pour les limaces. Il y a intérêt à vérifier les niveaux de populations de limaces dans de telles zones. Après du froment versé , l’escourgeon, généralement peu exposé, peut se trouver nettement plus en danger.

D’après François Henriet

Le Livre Blanc, septembre 2021

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