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La fluidothérapie chez les bovins laitiers: attention au manque d’hydratation au moment du vêlage

Les vaches laitières ont besoin de beaucoup d’eau et de surcroît lorsqu’elles sont malades. Si elles n’en reçoivent pas suffisamment, il faudra agir rapidement. Et l’éleveur y a clairement un rôle à jouer !

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L’hydratation étant essentielle pour le bétail laitier, les vaches doivent pouvoir boire de l’eau propre facilement, où qu’elles soient. En moyenne, une vache a quotidiennement besoin de 50 ml de liquide par kg de poids vif pour son entretien normal. Cela signifie qu’une vache de 700 kg boit 35 l d’eau par jour. Cependant, cette quantité est beaucoup plus élevée pour les individus à haut rendement. Celle-ci peut effectivement atteindre 100 à 150 l par jour, voire plus.

Dans certaines circonstances, une vache peut rapidement se déshydrater si elle venait à cesser de s’alimenter pour cause de maladie. Ses yeux baissent, ses oreilles sont froides, la production de lait diminue et le résultat du test du pli cutané est plus lent. Il appartient à l’éleveur de reconnaître ces signes le plus tôt possible afin de pouvoir intervenir à temps.

Quid des préparations commerciales ?

La fluidothérapie orale pour les vaches laitières est un outil indispensable dans le traitement des vaches déshydratées. Aujourd’hui, il existe un marché croissant de préparations commerciales disponibles non seulement pour les vaches en manque d’eau, mais aussi pour les cas spécifiques qui nécessitent un traitement plus personnalisé, comme les vaches souffrant d’acidose du rumen. Ces produits ont le potentiel d’élargir l’utilisation de ladite thérapie, non seulement pour être utilisée comme traitement, mais aussi pour en compléter d’autres. Ils peuvent également être utilisés à titre préventif pour réduire le risque de maladies telles que l’hypocalcémie, la cétose et autres…

Ces préparations peuvent contenir toute une série d’ingrédients, mais il existe de nombreuses similitudes entre les différents produits. Les préparations contiennent toujours certains minéraux tels que le sodium, le potassium, le chlore, le calcium et le magnésium, car les vaches déshydratées présentent généralement une carence en plusieurs électrolytes en plus de la déshydratation. Les complémentations destinées aux vaches fraîchement vêlées ou aux animaux anorexiques contiennent généralement une concentration plus élevée de calcium pour éviter une éventuelle hypocalcémie. Les fraîches vêlées, en particulier chez les laitières, constituent un groupe à risque d’hypocalcémie en raison de la forte augmentation de la consommation de calcium pour la production de lait après le vêlage.

Du bicarbonate de sodium et des levures vivantes sont ajoutés à certaines préparations comme tampons de rumen. Ces produits stabilisent le pH du rumen et l’augmentent en cas d’acidose, qui est également une raison importante de déshydratation chez les bovins laitiers. L’osmolarité du contenu du rumen augmente avec la baisse du pH, ce qui entraîne une déshydratation. Les animaux qui présentent un risque d’acidose sont les vaches laitières à haut rendement, qui reçoivent une grande quantité de concentrés, ou les vaches en transition dont la consommation de concentrés augmente en raison du vêlage.

Le drenchage est une bonne méthode pour fournir rapidement aux vaches une quantité abondante de liquides, mais elle n'est pas sans danger.
Le drenchage est une bonne méthode pour fournir rapidement aux vaches une quantité abondante de liquides, mais elle n'est pas sans danger. - UGent

Attention à «drenchage»

L’administration de liquides, éventuellement enrichis en sels ou d’autres préparations, se fait généralement au moyen d’un système de drenchage. II consiste à envoyer, directement dans le rumen, de grandes quantités de liquide par voie orale, à l’aide d’une sonde reliée à une pompe. Jusqu’à 50 litres de liquide peuvent ainsi être administrés à un bovin adulte.

Si la méthode est bonne, elle n’est pas sans risque ! Une pneumonie grave, voire un décès, peut survenir à la suite d’un étouffement. La sonde peut ne pas avoir été insérée assez profondément, ou mal placée dans la trachée. La prudence est donc de mise. Il est important d’écouter les sons présents dans la sonde. Aucun bruit de respiration ne doit être audible, mais uniquement celui du gargouillement du rumen. L’odeur au bout du tube peut également vous indiquer si la sonde est au bon endroit. Avant de la retirer, il est important qu’elle soit complètement vidée pour éviter tout risque d’étouffement.

Quelles vaches « drencher » ?

Tout animal qui semble déshydraté, ou qui ne boit ou ne mange pas assez, est un bon candidat au drenchage. Les vaches souffrant de diarrhée, de fièvre de lait, de mammite grave, d’acidification du rumen, celles qui se remettent d’une intervention chirurgicale ou les vaches ayant récemment vêlé sont toutes concernées.

Que la vache soit déshydratée ou non, l’administration de liquide directement dans le rumen peut également être utilisée pour y transporter différents nutriments. De cette manière, il est possible d’obtenir des quantités plus importantes que celles que l’on peut obtenir en buvant. En fonction d’une maladie sous-jacente, il peut donc être utile d’ajouter des additifs à la solution.

Chez les bovins laitiers, la fluidothérapie n’est pas seulement utile pour traiter ou réduire la déshydratation, mais aussi pour soutenir ou rétablir la production. L’une des réactions les plus importantes est la baisse du rendement laitier. Une laitière qui n’a pas ou peu bu pendant 48 heures peut présenter un rendement réduit de 30 %. Dans le cas d’une cétose chronique, par exemple, la déshydratation et la réduction de la production peuvent s’expliquer par la production d’hormones qui entraînent une perte accrue de liquide par les reins et une absorption réduite par les intestins.

Le manque de liquide chez les vaches qui viennent de vêler n'est pas seulement dû à la perte de liquide, mais aussi au fait que les vaches mangent et boivent à peine en raison  des changements hormonaux qui se produisent au moment du vêlage.
Le manque de liquide chez les vaches qui viennent de vêler n'est pas seulement dû à la perte de liquide, mais aussi au fait que les vaches mangent et boivent à peine en raison des changements hormonaux qui se produisent au moment du vêlage. - UGent

Fluidothérapie pour fraîches vêlées

Les changements physiologiques dus à la mise bas, combinés au stress, provoquent une légère déshydratation chez les vaches qui viennent de vêler. L’apport d’eau post partum comble ce manque d’hydratation, assure une récupération plus rapide et agit comme une mesure préventive contre les maladies des veaux et autres problèmes métaboliques.

La déshydratation n’est pas seulement une conséquence de la perte de fluides, mais aussi au fait que les vaches mangent et boivent à peine en raison des changements hormonaux qui se produisent au moment du vêlage. Des recherches ont montré que les vaches qui vêlent perdent normalement environ 7 % de leur poids corporel en fluide, soit environ 40 litres. Cette perte est amplifiée si le vêlage a été difficile ou long. Les vaches doivent donc pouvoir boire de l’eau propre facilement et partout après le vêlage. Idéalement, une vache devrait boire dans un abreuvoir automatique. Les petits abreuvoirs ont un débit trop faible et ne sont donc pas recommandés.

Certains agriculteurs donnent à leurs vaches un grand bac d’eau tiède après le vêlage. Il est important que l’eau soit tiède afin de stimuler l’appétit, la digestion et le métabolisme de l’animal. Ce dernier peut boire 40 à 50 litres d’eau en une seule fois. L’eau froide n’est pas recommandée. Le plus simple est de servir à la vache un seau d’eau, complété ou non par des boissons énergétiques, qui contiennent du propylène, du calcium et d’autres additifs. C’est une bonne habitude à prendre et peu coûteuse de surcroît.

Les compléments ne sont pas toujours nécessaires

Les avis sont partagés sur la nécessité ou non d’y adjoindre des additifs. En fait, il n’est pas nécessaire d’en ajouter lorsqu’une vache semble bien. D’autre part, il peut être utile de complémenter les boissons pour des animaux prédisposés à la maladie du veau. Cependant, la plupart des solutions contiennent du calcium supplémentaire, en plus de l’énergie glucogénique et des électrolytes. L’arôme desdits compléments peut stimuler la consommation d’eau, ce qui est positif. Si la vache ne veut ou ne peut pas boire après le vêlage en raison de son épuisement, il peut être envisagé de la drencher afin de lui fournir suffisamment de liquides. Le faire systématiquement pour les fraîches vêlées n’est généralement pas nécessaire.

L’auto-intervention est possible

Nombreux sont les éleveurs à intervenir directement auprès de leurs vaches déshydratées. Dans les cas graves ou lorsqu’aucune amélioration n’est constatée après la fluidothérapie, il est vivement conseillé de contacter son vétérinaire.

D’après Celien Kemel

UGent

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