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Gérer les résidus de culture n’est pas forcément chose aisée !

C’est une question qui revient en tête chaque fois que nous lisons des recommandations de techniciens ou de scientifiques pour prévenir les maladies ou ravageurs des légumes : « éliminer les débris de récolte ». Facile à dire.

Temps de lecture : 5 min

C ette gestion se fait toute l’année, dès qu’une parcelle est récoltée. Même en cette période de fin de l’automne et d’hiver, nous pouvons intervenir, en s’adaptant aux conditions d’accès des terres.

Les objectifs

Les spores, le mycélium, les œufs, les larves et de manière générale les formes de survie des maladies et des ravageurs restent au champ avec les résidus de culture.

Les laisser en l’état en surface du sol, c’est entretenir des foyers d’inoculum pour les cultures voisines et pour l’année suivante.

En outre, les résidus de récoltes sont une source importante de matières organiques végétales. Ils apportent des nutriments pour la faune et la flore du sol et une source d’humus. En les gérant nous contribuons à l’entretien et à l’amélioration de la fertilité du sol.

Le broyage et l'incorporation des débris de culture permet par la même occasion d'enfouir légèrement les apports de compost et de fumier.
Le broyage et l'incorporation des débris de culture permet par la même occasion d'enfouir légèrement les apports de compost et de fumier.

Les actions

Plusieurs méthodes permettent de limiter fortement l’impact de ces présences. Le broyage et l’enfouissement superficiel sont des classiques, le ramassage et l’élimination peuvent améliorer la donne en situation à risques ponctuels.

Le travail superficiel du sol permet également de réaliser des faux-semis et diminuer ainsi le niveau de salissement du terrain et permet de lutter contre les limaces, les tipules et les taupins. L’incorporation superficielle des débris de culture en facilite la décomposition.

Ce travail superficiel remet le sol à niveau et prépare l’implantation des cultures suivantes.

Il permet l’incorporation des composts et fumiers.

Lorsque les parcelles ne peuvent pas être travaillées en surface à cause de l’excès d’humidité ou du gel, le broyage de la partie aérienne seulement permet une première étape de l’évolution. L’incorporation se fera plus tard, quand les sols pourront être travaillés superficiellement sans crainte.

Notons que le faux-semis est efficace si le sol est rappuyé pour permettre un contact franc entre les graines et le sol. Ce sera pour le printemps ou l’été prochains.

Le broyage et l'incorporation des débris de culture est une excellente méthode de lutte contre les limaces.
Le broyage et l'incorporation des débris de culture est une excellente méthode de lutte contre les limaces.

À quelle profondeur ?

Nous pouvons donner comme ordre de grandeur 5 cm de profondeur ou un peu moins. A cette profondeur, l’aération du sol peut encore être très forte et favorise une bonne évolution des résidus broyés. Si l’incorporation est moins profonde, l’effet sur la germination des graines sera meilleur.

Si elle est plus profonde, le travail de décomposition peut manquer d’oxygène et être freinée. Mais en cette saison, les températures basses du sol amènent un travail ralenti de cette décomposition, de toute façon.

Les inconvénients

Plusieurs inconvénients s’opposent à l’incorporation rapide des résidus de culture à faible profondeur.

Le paillage en matières organiques ou en matières plastique est perturbé ou détruit par les façons culturales superficielles.

Les ados doivent être refaçonnés après le travail superficiel du sol en même temps que celui-ci.

Certaines maladies comme la scerotiniose ne sont pas combattue par le broyage et l'incorporation superficielle des débris de culture. Mais ces opérations n'aggravent pas la situation.
Certaines maladies comme la scerotiniose ne sont pas combattue par le broyage et l'incorporation superficielle des débris de culture. Mais ces opérations n'aggravent pas la situation.

Quels outils ?

Les outils animés à axe horizontal permettent de broyer et d’incorporer superficiellement en un seul passage.

Les disques concaves sont bien adaptés pour les enfouissements de matière organiques.

Un rouleau stabilisateur raffermit le sol après le passage d’enfouissement.

Des exemples

Par exemple, après une culture de choux, il reste une grande masse végétale, des tiges, collets et plateau d’enracinement massifs et coriaces. Le broyage fin avec un outil animé à axe horizontal (type fraise) va favoriser la dégradation rapide et le mélange superficiel avec la terre. Si la température du sol est suffisante (plus de 12ºC) et l’humidité présente pour avoir une grande activité des organismes présents dans le sol, la décomposition est rapide et est déjà bien avancée après 3 semaines.

Un autre exemple : une laitue. Les tissus sont peu coriaces, en conditions suffisantes d’humidité et de température, une dizaine de jours suffisent pour avoir une bonne dégradation des résidus. Cela ne signifie pas que tout est résolu. Si des foyers de sclérotiniose étaient présents à la récolte, ils resteront présents malgré le broyage et l’incorporation. D’autres méthodes de lutte seront à mettre en place, dont la rotation et l’emploi préventif du Contans WG.

Le cas des infestations de limaces. Le travail superficiel avec broyage des résidus de culture est une excellente méthode pour réduire les populations de limaces à court terme et à plus long terme. En effet, les résidus broyés décomposés sont autant de nourriture que les limaces n’auront plus. Les œufs malmenés et exposés au dessèchement et au soleil perdent leur viabilité. La surface du sol est affinée ce qui réduit la facilité de remontée et de redescente quotidienne des limaces en surface.

Le broyage des débris est aussi l'occasion d'éliminer les parties aériennes des  adventices sauvages.
Le broyage des débris est aussi l'occasion d'éliminer les parties aériennes des adventices sauvages.

Des cas particuliers

En cas de présence de foyers limités en taille et en nombre de maladies difficiles à combattre, comme les foyers de sclérotinia par exemple, il est intéressant de récupérer un maximum des matières porteuses de sclérotes et de les emmener hors des parcelles cultivées en maraîchage. Ces mêmes foyers évidents de sclérotes n’ont normalement pas leur place non plus dans les tas de broyats destinés au compostage. De nombreuses autres cultures ne sont que peu sensibles, comme les prairies, les bandes herbées, les taillis.

Si les foyers sont trop importants ou trop nombreux, il faudra s’y adapter par la rotation et par l’emploi de méthodes préventives.

Et la faune ?

Durant l’automne et l’hiver, les débris des cultures sont aussi des réserves de nourriture pour la faune sauvage. Nous y pensons aussi, bien sûr, mais sur des bandes spécifiquement destinées à cet usage, hors rotation maraîchère.

En synthèse

Le broyage des résidus de culture en leur incorporation en surface de sol favorise la dégradation et le recyclage des matières organiques. Cette méthode diminue la viabilité de plusieurs ravageurs et maladies. Elle n’élimine pas les risques de certaines d’entre elles comme les sclerotinioses mais ne les aggrave pas.

F.

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