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Les chips reBel de la Société du Terroir de Geer: pour faire autrement et ouvrir la voie!

Depuis plusieurs semaines, une nouvelle marque de chips artisanales prend peu à peu place dans les rayons bio. À l’origine du produit, une coopérative d’agriculteurs de la région de Geer qui, comme le précise leur slogan, voient les choses autrement.

Temps de lecture : 5 min

Les chips reBel sont une nouvelle finalité pour les pommes terre produites par la Société du Terroir de Geer (STG).

20 ans de STG

Cette coopérative, implantée à Geer, en Hesbaye est spécialisée dans la production de pommes de terre pour le marché du frais. Elle est née de la coopération de 4 agriculteurs début des années 2000 et regroupe désormais une vingtaine de producteurs.

En effet, sous l’impulsion d’Hesbaye Frost, spécialiste de la culture et la surgélation de légumes, et des collaborations nées avec les exploitants du coin, un réseau d’irrigation a été peu à peu mis en place dans le village de Geer et ses environs. La pomme de terre ne faisant pas partie des cultures en rotation, les agriculteurs y ont vu l’opportunité de rentabiliser davantage le réseau d’irrigation. Ils ont ainsi décidé de produire des pommes de terre pour le marché du frais pour lesquelles la présence d’eau s’avère nécessaire si l’on veut des tubercules indemnes de galle et avec une belle peau.

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Mutualiser l’outil de stockage

Travaillant déjà régulièrement ensemble, les cultivateurs ont rapidement choisi de se regrouper pour mutualiser leurs outils de stockage et distribution et ont créé la Société du Terroir de Geer. Chaque coopérateur y cultive ses propres parcelles et fournit sa production à la coopérative. « STG organise les plannings de plantation et de récolte mais la plantation, le suivi et la récolte sont réalisés et assumés par le coopérateur lui-même. Bien sûr, certains coopérateurs travaillent ensemble ou pour les autres avec leur matériel. Mais, lorsque les bennes sont vidées, la production devient propriété de la coopérative qui se charge de trier, stocker et vendre les pommes de terre. 12.000 tonnes de pommes de terre sont ainsi conservées en caisse et frigo », explique Alexis de Marneffe, agronome à STG aujourd’hui responsable du projet reBEl.

Chaque coopérateur reçoit une rémunération fixe pour sa production avec des suppléments éventuels en fonction de la qualité et du rendement. « Pour devenir membre de la STG, il faut la fournir durant 5 ans sans être coopérateur. Cela permet d’apprendre à travailler ensemble et d’être certain que chacun adhère au fonctionnement de la coopérative », explique encore le jeune homme.

Les pommes de terre sont vendues en gros et partent chez divers emballeurs. Une partie de la production est également vendue en France.

12.000 tonnes de pommes de terre sont stockées en caisses dans les frigos de la Société du Terroir de Geer.
12.000 tonnes de pommes de terre sont stockées en caisses dans les frigos de la Société du Terroir de Geer. - D.J.

Les chip reBel sont le développement logique de la coopérative STG.

De la production à la transformation

L’objectif de la coopérative a néanmoins toujours été de pouvoir réaliser tout le cycle de la pomme de terre. La production de chips s’inscrit dans la même volonté : « Nous avons toujours souhaité transformer une partie de notre production. C’est dans ce sens qu’a été initié le projet de production de chips il y a 3 ans. Sa réalisation a pris forme début septembre avec la commercialisation de nos premiers paquets ».

Ces dernières années, pas mal de coopérateurs ont réalisé une conversion en agriculture biologique au vu de la demande en légumes bio. « Aujourd’hui, près de la moitié des membres sont en agriculture biologique. Les débouchés pour ce type de pommes de terre étant plus réduits et au vu, par contre, du marché porteur dans le domaine des produits transformés, il nous a semblé logique d’orienter notre transformation vers la production de chips bio ».

Une fois les bennes vidées, le tri, le stockage, la conservation et  la commercialisation des pommes de terre sont prises en charge par la coopérative STG.
Une fois les bennes vidées, le tri, le stockage, la conservation et la commercialisation des pommes de terre sont prises en charge par la coopérative STG. - D.J.

Des chips croustillantes cuites au chaudron

Pour la production des chips, ce sont des variétés polyvalentes telle qu’Agria, ou spéciales chips comme Edony qui sont privilégiées : « Ce n’est une nouvelle pour personne, cette année a été compliquée par rapport à la gestion du mildiou. Nous pensions être en surproduction du côté bio compte tenu des emblavements prévus mais bien sûr les rendements ont été revus à la baisse. Il n’empêche que les variétés utilisées ne se sont pas trop mal défendues et le produit transformé est nickel. Néanmoins, nous verrons la stabilité à long terme et ferons nos expériences au fur et à mesure ».

Contrairement à la plupart des chips, la cuisson des chips reBel se fait au chaudron et non en ligne : « Ce type de cuisson donne des chips plus croustillantes du fait de la chute de température lors de leur immersion dans la friteuse ».

reBel se décline actuellement sous 4 goûts : paprika fumé, poivre noir, sel de mer, thym et romarin. « Nous avons d’abord misé sur les classiques mais de nouvelles propositions sont mises au point à l’aide de mélange d’épices créés spécialement pour nous ».

Les chips sont cuites au chaudron ce qui les rends plus croustillantes.
Les chips sont cuites au chaudron ce qui les rends plus croustillantes. - D.J.

Et pourquoi reBel ?

Le packaging se veut volontairement décalé en raccord avec le nom de la marque .

« Nous ne sommes pas loin de la frontière linguistique et un de nos coopérateurs cultive même en Flandres, la référence à la Belgique nous semblait importante ».

Le nom « reBel » fait quant à lui référence au « faire autrement » : « Nous souhaitons procéder différemment et produire des pommes de terre et chips locales, traditionnelles et biologiques qui s’inscrivent aussi dans une logique de durabilité. En effet, nous utilisons, entre autres, un film sans film métallique pour le packaging pour faciliter le recyclage et nos déchets de production sont envoyés chez Biogaz à 300 m de chaîne. De même, des panneaux photovoltaïques supportent la moitié de la production d’électricité nécessaire pour les frigos de stockage de STG et nous avons la volonté d’être énergétiquement autonome d’ici 10 ans ».

Ces chips traditionnelles bio sont désormais disponibles dans les magasins bio, les épiceries fines et quelques grandes surfaces de la région de Geer. « Les premiers retours sont positifs et c’est vraiment le plus important pour nous. À termes, nous espérons garder le cap et atteindre une production journalière mais nous nous laissons le temps de convaincre notre public ».

Même si les chips reBel côtoient des produits similaires dans les rayons, les coopérateurs ne voient pas cela comme un obstacle : « Le fait que les initiatives se multiplient est une très bonne chose car cela poussera davantage les consommateurs à retourner vers des produits locaux. Qu’il s’agisse de notre projet ou d’un autre, ce sont toujours quelques pourcents grappillés sur un marché largement occupé par de grosses structures commerciales ».

D. Jaunard

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