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Plan stratégique PAC: les agriculteurs se rassemblent pour exprimer leurs craintes

Ces dernières semaines et derniers jours, les syndicats agricoles et agriculteurs mènent des actions et expriment leur désaccord en marge des discussions du gouvernement wallon sur le plan stratégique de la Wallonie pour la future PAC. Le résultat de ces discussions aura un impact majeur sur les exploitations agricoles wallonnes durant les années à venir.

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Le plan stratégique doit être remis à la Commission pour la fin de cette année. Pour la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA), il est donc urgent que ces discussions aboutissent et c’est maintenant qu’il faut dire ce que l’on veut et ne veut pas pour demain.

« La future PAC aura de nombreux impacts sur les fermes wallonnes. Par ailleurs, elle touchera aussi l’ensemble des concitoyens en réduisant la capacité de production de notre agriculture, en mettant à mal notre modèle agricole, en provoquant une hausse très probable des importations et une hausse des prix de notre alimentation. Si le Gouvernement wallon ne nous entend pas, on peut craindre, de plus, que cette PAC ne soit pas en mesure de permettre à tous les agriculteurs de s’engager pleinement dans la nécessaire lutte contre le changement climatique », dit-elle.

Ce que les agriculteurs veulent

La Fédération et les agriculteurs disent oui à une PAC plus verte :

– qui respecte l’équilibre entre les secteurs ;

– qui redonne aux jeunes l’envie de s’engager dans le métier ;

– qui reconnaît le chemin parcouru par le secteur et qui l’encourage à le poursuivre ;

– qui permet à tous les citoyens d’accéder à une alimentation saine, de qualité, en quantité suffisante ;

– et qui emmène tous les agriculteurs dans une transition économiquement, socialement et agronomiquement réaliste garantissant un revenu à tous.

Ce que les agriculteurs ne veulent pas

Elle rejette par contre une PAC :

– qui ne soutient pas les hommes et femmes de la terre qui nourrissent la population avec des produits de qualité et en quantité suffisante ;

– qui ne tient pas compte des efforts déjà réalisés par les agriculteurs wallons en matière environnementale et climatique, de bien-être animal… ;

– qui abandonne des agriculteurs aux aléas climatiques et aux fluctuations du marché ;

– qui ne tient pas compte des investissements réalisés par les agriculteurs pour produire une alimentation diversifiée assurant notre souveraineté alimentaire et répondant aux attentes de nos consommateurs ;

– qui ne prend pas en compte la durabilité économique des exploitations et met en danger leur pérennité ;

– qui ne considère pas la réalité agronomique des fermes

Les craintes principales

Concrètement, la FWA et les agriculteurs craignent que les aides couplées à l’élevage soient menacées et que les éco-régimes soient inaccessibles à un certain nombre d’agriculteurs qui n’auraient ainsi pas la possibilité de récupérer l’équivalent du paiement vert supprimé dans cette nouvelle PAC (minimum 30 % de leurs aides), notamment dans la production végétale.

Pour la Fugea : plus d’équité…

Lors de ces différents rassemblements la Fugea a également exposé deux grandes revendications, à savoir, plus d’équité sociale dans la répartition des aides et une transition agroécologique pour un maximum de fermes.

« Une des priorités de la Fugea est d’assurer plus d’équité sociale dans la répartition des aides. Pour ce faire, différents leviers doivent être activés comme la dégressivité des aides de base, l’augmentation du paiement redistributif ou le plafonnement de l’aide couplée. Ces mesures participeront à enrayer la course à l’agrandissement qui freine la transmission des fermes et le renouvellement des générations. À l’inverse, l’augmentation de l’enveloppe des aides de base ou une dégressivité inefficace des aides menacent le maintien des petites et moyennes exploitations », dit le groupement.

Concernant les aides couplées à proprement parler, le syndicat se bat pour conserver une enveloppe budgétaire forte. Il demande que le montant des aides « vaches mixtes » et « ovins » soit maintenu à son niveau actuel et plaide pour une révision de la distribution de l’enveloppe « vaches viandeuses ». « Une nouvelle distribution, couplée à la diminution cheptel, permettra de maintenir une aide par bête forte (184 €/vache viandeuse) malgré une enveloppe « vaches viandeuses » plus faible. » Enfin, il demande qu’une aide couplée aux protéines végétales soit mise sur pied.

Le groupement se dit également favorable à une augmentation de l’enveloppe dédiée aux jeunes agriculteurs avec un système de redistribution par paliers. Elle appelle aussi à autoriser l’installation progressive afin de favoriser l’arrivée des jeunes qui pourraient passer par une phase à titre complémentaire (5 à 6 ans) avant de s’installer à titre principal.

… et une transition agroécologique

D’autre part, le défi du plan stratégique est de trouver une combinaison adéquate des besoins et des mesures pour garantir un revenu aux agriculteurs tout en assurant une transition des exploitations vers un modèle respectueux de l’environnement. Pour la Fugea, les éco-régimes sont une enveloppe déterminante de la prochaine PAC. « Ils permettront en effet de soutenir directement les pratiques agricoles les plus durables en offrant la possibilité aux agriculteurs de les tester sans s’engager sur le long terme. »

Elle plaide ainsi pour une enveloppe « éco-régime » forte avec des mesures basées sur la réalité de terrain. « Ces dernières doivent permettre l’évolution des pratiques pour ne pas diviser notre agriculture entre des fermes engagées directement dans les éco-régimes et d’autres écartées du dispositif qui s’intensifieront pour compenser la perte des aides ».

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