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Phytolicence: l’occasion de prendre un petit ver…

Et s’il suffisait de quelques coups de bêche afin d’obtenir un indicateur de la qualité de votre sol ? C’est bien ce que propose le concept Biosurveillance, un projet soutenu par la Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE). L’idée ? Identifier un système indicateur de l’état global d’un environnement souterrain. Et à ce petit jeu, les vers de terre ont plus d’un tour dans leur sac !

Temps de lecture : 4 min

Cette formation Phytolicence du 16 novembre 2021 n’était pas tout à fait comme les autres. Organisée à la ferme Stassart située dans la commune d’Ouffet, elle était composée de trois ateliers présentés par Protect’eau et ainsi que de divers îlots thématiques phyto. Le premier concernant la gestion des effluents phyto au remplissage et au nettoyage du pulvérisateur, et le second sur les conseils et outils pour réduire la dérive de pulvérisation. Mais c’est lors du troisième atelier que les agriculteurs présents ont compris qu’ils allaient devoir mettre la main à la pâte ou plutôt, « la main à la terre ». Et les bêches disposées ça et là ne laissaient que peu de place au doute. Place à la biosurveillance !

Les vers de terre, nos alliés pour une terre de qualité

La biosurveillance, c’est observer et analyser les organismes présents autour de nous afin de surveiller l’état de l’environnement. Mais cela peut également être bénéfique à l’agriculture, où l’importance de conserver un sol de qualité n’est plus à démontrer. En tant qu’excellents indicateurs de qualité des sols, c’est ici que les vers de terre entrent en scène.

En creusant des galeries dans le sol et en produisant des déjections, les vers de terre créent de nombreuses petites galeries constituant autant d’espaces vides dans le sol. Ces porosités représentent une véritable aubaine pour le développement racinaire des plantes.

En outre, un nombre élevé de vers de terre dans le sol contribue à améliorer le taux d’humus et le recyclage des matières organiques. Ceux-ci enfouissent les matières organiques mortes et stimulent l’activité des micro-organismes présents (bactéries et champignons). Grâce à cette réaction, les matières organiques mortes se transforment afin de former l’humus ou bien sont minéralisées, permettant ainsi de libérer des éléments nutritifs dont les plantes sont friandes.

En influant sur l’infiltration de l’eau, la quantité d’eau disponible, le stockage du carbone et la production végétale, les vers de terre font figures de véritables témoins de ce qui se passe ou non sous nos pieds. C’est pour cela qu’il est intéressant de les recenser et analyser. Mais comment ?

Les agriculteurs s’affairent à émietter la terre afin de retrouver les précieux vers de terre.
Les agriculteurs s’affairent à émietter la terre afin de retrouver les précieux vers de terre.

La qualité de votre sol

en quelques coups

de bêche

Un protocole a été réalisé par l’Université de Rennes afin d’étudier facilement et gratuitement le nombre de vers de terre par m². À l’aide d’une bêche, il suffit d’extraire 6 blocs de sol de 20 cm sur 20 cm de côté et 25 cm de profondeur à différents endroits de la parcelle.

Ensuite, une fois la terre extraite déposée sur une bâche, il faut émietter celle-ci à la main jusqu’à obtenir de toutes petites mottes de terre d’1 cm de diamètre. Chaque ver de terre trouvé est déposé dans une boîte dans laquelle on rajoute un fond d’eau. Les vers de terre sont alors comptabilisés pour chaque bloc de terre et on calcule la moyenne des 6 blocs extraits. Ce nombre est ensuite multiplié par 25 afin d’obtenir le nombre de vers de terre par m² de parcelle et évaluer l’abondance totale de vers de terre (voir fig. 1).

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Le Néblon

comme terrain de jeux

Non loin de la ferme Stassart, se trouve le captage du Néblon, exploité par la Compagnie Intercommunale Liégeoise des Eaux (Cile), où des quantités importantes d’eau sont prélevées afin d’alimenter Liège et ses environs. Ce captage demande d’autant plus d’attention car il est situé sur un bassin karstique. Les roches calcaires présentes en sous-sol rendent celui-ci très perméable, ce qui favorise l’écoulement de l’eau de la zone vers la prise d’eau. Cela signifie aussi que toute pollution avérée dans la zone risque de contaminer les eaux encore plus rapidement, ce qui rend le captage du Néblon particulièrement vulnérable. Ainsi, cette zone était particulièrement intéressante afin de réaliser ledit atelier.

Alors, on remet

le cou(ver)t ?

Si certains agriculteurs semblaient un peu réticents de prime abord (et par une fraîche après-midi de novembre, cela peut se comprendre), bon nombre d’entre eux n’ont pas hésité à se prêter au jeu. Même si une telle initiative requiert un peu de temps et d’efforts, il s’agit d’une façon ludique et facile pour chacun d’évaluer la qualité de ses sols.

Et c’était bien là l’objectif : présenter aux agriculteurs une méthode simple d’analyse de leurs sols, tout en sensibilisant ceux-ci à la nécessité de préserver l’environnement et plus précisément, nos ressources en eau. In worms we trust !

D’après Protect’eau

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