Betteraves chez Iscal Sugar: état des négociations pour les contrats 2022

Pour rappel, en 2020, les coûts de production d’un hectare de betteraves tournaient autour de 2.380 €, avec l’augmentation annoncée de 20% en 2022, on arriverait à 2.850 €/ha.
Pour rappel, en 2020, les coûts de production d’un hectare de betteraves tournaient autour de 2.380 €, avec l’augmentation annoncée de 20% en 2022, on arriverait à 2.850 €/ha. - D.J.

Le comité de coordination des planteurs du Hainaut-Iscal ne comprend pas l’attitude d’Iscal. Celui-ci accepte l’augmentation du prix des autres matières premières et des coûts de production (électricité, gaz, coke…) sans protestation ni discussion. Mais pour la matière première de base, indispensable au bon fonctionnement de la sucrerie qu’est la betterave, Iscal refuse de garantir le juste prix aux planteurs. « Il est hors de question que la betterave soit le seul paramètre d’ajustement financier pour garantir à l’industrie de gros bénéfices ».

Les planteurs veulent continuer à emblaver une culture qui fait partie de leurs activités depuis des décennies et pour laquelle ils ont acquis le savoir-faire nécessaire (également au profit de l’acheteur). Mais doivent-ils le faire sachant que la culture de betteraves aux conditions actuelles générera un revenu négatif ?

« En résumé, nous ne voulons pas abandonner la culture, partiellement ou totalement, mais nous ne voulons plus produire à perte ! », précise le comité de coordination.

Que faire ?

Iscal enverra ses agronomes avec le message que le prix de la betterave en 2022 pourrait atteindre 39 €/t (pulpes comprises). Mais Iscal ne donne aucune garantie sur l’obtention de ce prix car ce sont les conditions du marché du sucre qui seront déterminantes. À l’heure actuelle, rien ne garantit un prix de sucre élevé qui pourrait fournir un léger surprix.

« Si on les écoute, avec le rendement moyen des années précédentes, le chiffre d’affaires attendrait environ 3.200 à 3.700 €/ha ! Mais qu’ils l’écrivent et nous pourrions ainsi semer, dans un esprit d’étroite collaboration, 100 % de nos droits de livraison et garantir ainsi à l’usine son approvisionnement ».

« Que se passera-t-il si le marché évolue moins bien que prévu ? Un revenu entre 2.800 et 3.000 € (pulpes comprises), qui ne suffirait même pas à couvrir l’augmentation des coûts de production ! ». Pour rappel, en 2020, les coûts de production d’un hectare de betteraves tournaient autour de 2.380 €, avec l’augmentation annoncée de 20 % en 2022, on arriverait à 2.850 €/ha. « Peut-on raisonnablement encourager nos agriculteurs à semer sachant que pour une majorité de ceux-ci, la vente des betteraves engendrera un revenu négatif, et rappelons que, la loi nous interdit de vendre à perte… »

En limitant les semis pour les contrats (A + B ou uniquement le A), à 90 % de la surface correspondant à leur production moyenne des 5 dernières années, les planteurs protègent non seulement leurs droits de produire mais en plus, ils échappent à l’application de la « dynamique ». Par ailleurs, ils libèrent ainsi une surface supplémentaire pour le semis d’une culture plus rentable. Si tout le monde fait cela, Iscal est théoriquement sûr que 90 % des betteraves sous contrat seront livrées et il reçoit un message clair : d’accord d’emblaver MAIS à un juste prix, rémunérateur pour l’agriculteur.

« En bref, tout comme Iscal demande aux planteurs d’avoir confiance dans le marché (volatile) du sucre, nous demandons à Iscal de soutenir les planteurs qui doivent vivre d’un rendement (incertain) de leur récolte. Si le prix et le rendement sont bons, tant mieux… s’ils sont moins bons, nous souffrirons tous ensemble ! Votre agronome tentera probablement de vous convaincre de semer quand même 100 % de vos contrats. Toutefois, ne vous laissez pas mettre sous pression – ils n’en ont pas le droit – et faites vos propres comptes avant de décider ! »

Avec ces informations, le comité de coordination des planteurs du Hainaut-Iscal voulait donner un aperçu des possibilités concernant le semis 2022 sans mettre en danger le futur de la sucrerie. Ils appellent à semer juste en invitant les planteurs à faire leur calcul de rentabilité avec le tableau actuel des prix de la betterave et les perspectives incertaines du marché.

D’après l’avis du

Comité de coordination

des planteurs du Hainaut-Iscal

Comment s’applique la dynamique?

Si un planteur a au moins semé 90 % de la surface nécessaire pour faire ses contrats, la dynamique ne s’applique pas. Le planteur est protégé de l’application de la dynamique s’il peut prouver qu’il a semé au moins 90 % de la superficie correspondant au rendement moyen des 5 dernières années (voir déclaration PAC).

Si le planteur sème moins de 90 % et qu’il livre moins de 85 % de ce qu’il a contracté, la dynamique pourrait s’appliquer selon les accords et le cas sera évalué en commission paritaire.

Si le planteur ne sème rien, il perd 1/3 de son droit de production – s’il ne sème pas pendant 2 années consécutives, il perd 100 % de son droit de production et ne peut plus conclure de contrats.

Exemple

Le planteur contracte 450 tonnes de betteraves (382,5 tonnes dans le contrat A et 67,5 tonnes dans le contrat B).

Son rendement moyen sur les cinq dernières années est de 86 t/ha (il s’agit du rendement moyen de 2016 à 2020 indiqué sur le formulaire « intention de semer » du 18/10/2021 consultable sur le portail).

Donc, normalement, ce planteur devrait semer 450/86 = 5,23 ha. Pour se protéger de la dynamique, il doit semer au moins 90 % de celle-ci, soit (5,23 * 0,9) = 4,71 ha.

Si la récolte du planteur est décevante et qu’il livre moins de 85 % de 450 tonnes avec ces 4,71 ha, il conservera en totalité son droit à la production de base de 450 tonnes pour la campagne suivante.

Le direct

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