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Bilan de l’année viticole 2021: le vignoble belge soumis à rude épreuve!

La Belgique produit à l’heure actuelle près de deux millions de litres de vin, dont plus de la moitié en Wallonie. La superficie consacrée à la viticulture y est passée de 350 hectares en 2017 à près de 600 hectares en 2020 avec un nombre de viticulteurs passé de 154 en 2019 à 198 en 2020. Cette progression montre l’intérêt croissant du belge pour la viticulture.

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Dans notre pays comme ailleurs, les vignes ont besoin de beaucoup soleil et un besoin en eau limité.

Les étés chauds de ces dernières années avaient permis de battre des records de production avec une qualité rarement connue auparavant. Tout bénéfice pour un secteur qui se développe d’année en année en Belgique.

Par contre, il en a été tout autrement durant la saison 2021 qui restera dans les annales de la climatologie mais également de la viticulture. Tantôt touchés par le gel, tantôt par la grêle et les pluies diluviennes, le vignobles belge et ses vignerons ont été soumis à rude épreuve durant cette saison.

Épisodes de gel en début de printemps

Avec pas moins de 8 jours de gelée répartis sur les mois d’avril et la première décade de mai, ce à quoi il faudrait ajouter plus de 10 jours de gelées blanches durant la même période, les vignes de Wallonie picarde ont été soumises à rude épreuve durant ce printemps. Dès le débourrement, les jeunes pousses ont subi des gelées, que ce soit sur le vignoble expérimental d’Ath ou plus généralement sur le vignoble wallon, avec toute la difficulté de protéger la vigne.

Quelques viticulteurs ont pu sauver une partie de leur récolte grâce à différents moyens de lutte antigel tels l’aspersion, le canon à chaleur, l’installation de chaufferettes entre les ceps de vigne, les tours antigel, allant même pour les exploitations les plus importantes, à utiliser un hélicoptère pour brasser l’air situé au niveau du sol.

Avec le réchauffement climatique, Il est vrai que les bourgeons apparaissent plus précocement dans le calendrier mais se trouvent aussi de ce fait plus exposés à de possibles gelées. D’un point de vue général, ce sont les cépages précoces qui ont été plus directement touchés.

En France, il faut parfois remonter à une trentaine d’années pour retrouver autant de dommages sur le vignoble. A titre de comparaison, dans ce pays où le vignoble débourre plus précocement, ce sont surtout les gelées des 7 et 8 avril qui ont provoqué le plus de dommages avec des sarments touchés de 20 à 100 %. Après analyse de parcelles du sud de la France impactées par le gel, des études ont montré que le potentiel de récolte cette année était inférieur de 15% par rapport à 2020, année déjà impactée par le gel, et de 24% par rapport à la moyenne des dix dernières années.

Un début d’été très arrosé provoque l’explosion des maladies

L’été, caractérisé par une météo maussade et des pluies abondantes, a été favorable aux maladies. A Ath, l’excédent de pluie par rapport aux normales saisonnières s’élevait à 28% en mai, 95% en juin, 100% en juillet et 30% en août. Durant ces quatre mois, il est tombé pas moins de 470 mm au lieu des 290 mm normalement attendus pour cette même période. Les traitements fréquents et indispensables, ont été rendus compliqués par ce mauvais temps persistant. Le mildiou s’est emparé des vignes en détruisant le feuillage et ensuite le raisin, provoquant de 20 à 80% de perte selon les situations.

Le service d’avertissement pour les maladies de la vigne fourni par le Service d’expérimentation du Carah, proposant des solutions de protection adaptées à la situation, s’est donc avéré particulièrement utile cette année.

La météo a aussi eu un impact sur la date de maturité du raisin, retardée de deux à trois semaines par rapport à l’an passé. Ce retard était une aubaine pour certains oiseaux qui se sont régulièrement attaqués aux baies. La présence de pourriture grise causée par un champignon Botrytis cinerea a également été relevée sur les grappes.

En France, c’est la Champagne qui est restée la plus touchée avec par exemple sur les deux seuls mois de juin et juillet un excédent pluviométrique de +88% soit 215 mm contre 114 mm en temps normal. Le mildiou y a provoqué d’importantes pertes qui viennent s’ajouter à celles dues au gel de printemps. L’ensemble du vignoble est ainsi concerné par cette invasion mais de manière très hétérogène. La dernière attaque de mildiou de grande ampleur remontait à 2012, année où le printemps et le début d’été avaient également été particulièrement humides dans cette région.

Une qualité très hétérogène

L’année viticole 2021 ne sera pas à marquer d’une pierre blanche. Elle n’aura pas manqué d’évènements climatiques inattendus dans notre pays et la vendange 2021 s’avère de manière générale plus maigre que les années précédentes avec une qualité très variable selon les vignobles et les cépages.

Certaines parcelles ont gelé, d’autres ont reçu d’énormes quantités d’eau ; certains cépages, plus sensibles aux maladies ont été ravagés par le mildiou… et parfois, on retrouve même tout ça au sein d’une même exploitation avec un impact très variable sur la quantité et la qualité des raisins. La capacité de certains cépages à résister aux maladies et leur résilience face aux aléas climatiques se confirment dans les observations effectuées au sein du vignoble expérimental du Carah et prennent tout leur sens cette année.

Les gelées du printemps, parfois la grêle et les averses torrentielles sont la preuve que le réchauffement climatique impose de nouvelles règles autant pour le meilleur que pour le pire. Et même si la hausse des températures moyennes impacte plutôt positivement le travail des vignerons, ces derniers auront sans doute plus à craindre de l’imprévisibilité croissante de la météo.

O. Mahieu

Responsable du service d’expérimentations et d’avertissements du Carah à Ath

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