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En 2021: l’abattage de porcs tourne à plein régime,calme sur le front pour les bovins

Après une année 2020 mouvementée, le secteur de l’abattage belge a connu une année 2021 encore plus mouvementée. Les abattoirs de porcs ont traité beaucoup d’animaux, parfois à contrecœur. Les segments des bovins ont traité moins de volume, à l’exception peut-être de celui des veaux. Voici une brève rétrospective des différents segments d’abattage pour 2021.

Temps de lecture : 6 min

La production s’est développée différemment dans les différents sous-segments. Les petites branches d’abattoirs sont restées stables en termes de production ou ont connu une reprise prudente après des années de déclin.

Effet de 2020

En 2020, les abattoirs de porcs belges ont dépassé les chiffres de production de 2019, une année pourtant difficile pour le secteur porcin. À l’époque, la Belgique était encore aux prises avec les conséquences de quelques cas de peste porcine africaine, qui ne sont aujourd’hui plus préoccupants. L’augmentation du nombre d’abattages en 2020 était d’environ 4 %, un chiffre correct sans être toutefois un luxe.

En automne, les abatteurs ont reçu un très grand nombre de porcs engraissés. Cette situation est due à des problèmes dans le secteur porcin allemand et espagnol. Les Allemands ont perdu un débouché important en Chine. De surcroît, à cause du Covid-19, ils ont connu des problèmes de personnel (lire sous-capacité) tant dans leurs abattoirs que dans leurs unités de transformation. Compte tenu de la forte baisse des prix du porc en Chine, due en partie à l’augmentation de la production intérieure, les exportateurs européens de viande porcine avaient également de moins en moins à gagner au cours de l’année 2021. La pression est énorme sur l’ensemble du secteur.

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La production porcine espagnole – profitant de quelques années de très forte demande de la part de la Chine – s’est énormément développée, mais depuis quelque temps, doit essayer de vendre davantage de viande sur le marché intérieur de l’UE. En conséquence, le commerce du porc belge a perdu une partie de ses exportations de porcs vivants, notamment vers l’Allemagne.

Un niveau important

En 2021, le niveau élevé d’abattage de porcs en Belgique est resté important. C’était surtout le cas au printemps, lorsque les grands pays producteurs de porcs (Allemagne, Danemark, Espagne, Pays-Bas) ont dû faire face à un important contingent de porcs (figure 1), parfois au grand dam des éleveurs, qui ne pouvaient ni livrer suffisamment d’animaux finis, ni élever de nouveaux porcelets.

Au final, les abatteurs de porcs nationaux ont enregistré une augmentation du nombre de carcasses de 4,5 % au cours des 10 premiers mois de 2021 par rapport à la même période en 2020. Ce chiffre correspond à 400.000 porcs de la catégorie des 25 à 130 kg, qui peuvent être considérés comme « porcs standards » (figure 2).

Ils étaient également – et c’est un euphémisme – en moyenne du côté lourd. Dans de nombreuses exploitations porcines du nord-ouest de l’Europe, les animaux ne pouvaient guère être transportés pour être abattus et restaient chez l’éleveur. Le poids moyen à l’abattage des porcs standard en Belgique en janvier 2021 n’était pas inférieur à 100,5 kg (figure 3). Il a fallu six mois pour que la situation se normalise.

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Excédent de porcelets

Dans la catégorie des porcs plus lourds, pesant 130 kg et +, la même tendance à l’augmentation du poids d’abattage a pu être observée encore plus distinctement. L’évolution du nombre d’abattages est plus frappante pour cette catégorie. Cela montre clairement la situation économique de la production de porcelets en Belgique. Début 2020, le niveau des prix du porc dans l’UE n’était pas encore un problème et les éleveurs belges ont gardé les truies aussi longtemps qu’ils le pouvaient. Toutefois, lorsque le malaise des prix du porc a commencé, de plus en plus de truies ont été éliminées en raison de perspectives d’avenir peu glorieuses (figure 4).

Le fait que de moins en moins de truies aient été proposées par le secteur belge en 2021 indique qu’il en reste tout simplement moins. Un déclin peut également être observé dans la production de porcelets néerlandais à l’heure actuelle. Il y a quelques mois, le commerce néerlandais de porcelets avait du mal à se débarrasser des jeunes qui ne pouvaient pas être placés immédiatement aux Pays-Bas. Le niveau des prix a chuté à un niveau déplorable. Cela a même donné lieu à un phénomène rare : des porcelets ont été et sont transportés à l’abattoir (figure 5). En termes de production de viande, ce n’est pas très important, mais c’est une évolution notable.

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Pression sur les rendements des taurillons

Ensuite vient le segment des bovins. La Belgique a une bonne production de viande bovine. L’abattage des taurillons devient chaque année un peu plus problématique pour la région wallonne. En 10 ans, le volume de taureaux abattus en Wallonie est passé d’environ 50 % à près de 70 % du total. Dans l’ensemble, la production de viande de mâles est en lente diminution depuis des années, une tendance qui s’est poursuivie en 2021 (figure 6).

Le marché de la viande de bœuf n’est pas non plus particulièrement lucratif ces temps-ci, en raison des problèmes permanents dus au Covid-19 et à la fermeture de l’horeca. Les aliments pour animaux ont également un coût prohibitif. Les céréales et le soja ont atteint des prix records en 2021. La tendance semble être à la baisse pour le prix des prix des aliments pour le printemps 2022, mais les coûts supplémentaires pèsent lourdement sur les rendements.

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Un niveau d’abattage stable chez les veaux

Le secteur de l’abattage de veau belge a connu un creux important en 2020 par rapport à 2019, mais il tend à se résorber. Calculée sur les 10 premiers mois de 2021, on remarque même une croissance, aussi minime soit-elle. D’autre part, l’industrie néerlandaise de l’abattage de veaux est en déclin et a traité 13 % d’animaux en moins par rapport à la même période en 2020. Maintenant que le Covid-19 est de nouveau en pleine effervescence, on peut supposer qu’en Belgique aussi, ce segment de la production de viande de luxe continuera à connaître des difficultés pendant un certain temps.

Dans la catégorie importante que représentent les vaches, et principalement laitières, on constate que les éleveurs sont à la peine et ne peuvent remplacer qu’une petite partie de leur troupeau. Si, en plus, les exploitations sont contraintes à l’abandon, le nombre d’abattages dans cette catégorie diminuera rapidement au fil du temps. En 2021, les poids d’abattage des vaches retirées du marché ne sont pas exceptionnels, comme au printemps 2020. Le nombre d’abattages pour les 10 premiers mois de 2021 a de nouveau diminué de 5 % par rapport à la même période de 2020. C’est même 14 % de moins par rapport à l’année 2018 pré-Covid. Le secteur laitier belge est en perte de vitesse.

Du côté des autres segments

Le secteur de l’abattage de volailles, principalement déterminé par les poulets de chair en termes de volume, est très stable en Belgique depuis des années. C’est également le cas en 2021. Le nombre de poulets de chair abattus jusqu’en octobre inclus a même augmenté de 1 %. Ce résultat est bien meilleur qu’en Hollande, où l’on constate une diminution de plus de 15 % en 2021.

Enfin, un mot sur un segment plus petit de l’industrie de l’abattage. Après des années de contraction, le secteur professionnel belge de l’abattage de moutons et d’agneaux, de taille modeste, a de nouveau enregistré une croissance de plus de 4 % en 2021.

Dans l’abattoir néerlandais de moutons et d’agneaux, beaucoup plus grand, la production a également été considérablement plus élevée qu’en 2020. En outre, les ventes d’agneau ont été assez bonnes cette année, en raison de la diminution de la disponibilité des moutons en Europe.

D’après Jack Kwakman

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