Les outils d’aide à la décision pour lutter contre les principales maladies de la vigne

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L’espèce de vigne européenne Vitis vinifera présente une sensibilité élevée au mildiou et à l’oïdium, ce qui en fait une des cultures les plus dépendantes aux fongicides en Europe. De plus, les conditions climatiques belges pouvant être très humides pendant la période de végétation de la vigne vont accroître le risque de développement de ces champignons. L’année 2021 a tristement illustré ce phénomène, avec une pression très importante du mildiou que beaucoup de viticulteurs ont eu du mal à contenir. Le black-rot, maladie plutôt discrète d’habitude chez nous, a également marqué cette saison 2021.

Si la météo influence en grande partie la manière dont ces champignons vont se développer, la sensibilité de la vigne varie également en fonction de son stade de développement. Ainsi, il ne sera pas forcément nécessaire d’appliquer un traitement à un stade très précoce de développement de la plante même si la météo est mauvaise. Inversement, certains stades clés du développement sont à protéger impérativement, c’est par exemple le cas de la floraison.

Enfin, certains cépages sont plus sensibles que d’autres aux différentes maladies de la vigne. Même au sein des cépages « interspécifiques », le degré de résistance va dépendre de la pression de l’année.

C’est donc la combinaison du climat, de la phénologie de la vigne, de la maladie concernée et du cépage qui va déterminer s’il faut appliquer ou non un traitement.

Les systèmes d’avertissements, une aide précieuse dans la gestion du vignoble

La météo pouvant être très variable d’une année à l’autre en Belgique, il est presque impossible d’établir des schémas de traitement efficaces et raisonnés au préalable. Et bien souvent, quand on observe les symptômes dans le vignoble, cela signifie que la maladie est déjà bien installée. Dans le but d’appliquer les bons traitements au bon moment et de manière préventive, il est important d’adapter les pulvérisations au climat de la saison.

Les OAD utilisent les données climatiques de la saison pour décrire et prédire le développement des différents parasites. Il est donc indispensable de posséder une station météo dans le vignoble pour enregistrer en temps réel les données climatiques nécessaires au fonctionnement de ces modèles. Ces stations météo pourront vous fournir d’autres données très utiles telles que le risque de gelées au printemps ou encore la vitesse du vent pour éviter la dérive lors des pulvérisations.

Le Carah fournit deux types de service d’avertissement pour aider le viticulteur dans ses prises de décision dans la lutte contre les maladies fongiques de la vigne :

1. si vous ne possédez pas de station météo connectée, vous pouvez vous abonner à des bulletins hebdomadaires donnant des conseils de traitement généraux pour la Wallonie, qui se base sur un réseau de stations météo wallon (en agriculture raisonnée et en agriculture biologique) ;

2. si vous possédez une station météo connectée, les données météo de votre parcelle seront traitées par les OAD de « Vitimeteo », ce qui vous donnera accès aux courbes de développement des champignons pour personnaliser vos schémas de pulvérisation.

Le modèle de prévision du mildiou (Plasmopara Viticola)

Le cycle de développement de Plasmopara viticola est bien connu et a pu être modélisé. Ainsi, grâce à ces modélisations, il est aujourd’hui possible de déterminer quand les premières taches de mildiou vont se développer sur le feuillage et quand les contaminations vont avoir lieu au jour près. Les traitements peuvent ainsi être adaptés pour se calquer au mieux sur le cycle du champignon. Le nombre de traitement sera dès lors réduit au strict minimum et ils seront plus efficaces puisque positionnés au moment le plus opportun.

Source : Agroscope

Le modèle de prévision de l’oïdium (Erysiphe Necator)

Si le cycle de l’oïdium est également bien connu, il est par contre plus difficile de modéliser des courbes d’infection comme pour le mildiou. Toutefois, des OAD existent et consistent à déterminer la date du premier traitement et d’ensuite venir évaluer un risque de contamination (%) qui va influencer l’intervalle entre les traitements suivants.

Quelles méthodes de lutte ?

Dans une optique de lutte raisonnée, la pulvérisation doit constituer le dernier recours pour lutter contre les maladies. Une série de mesures prophylactiques peuvent être mises en place : utilisation de cépages résistants dans les zones les plus à risque, limitation de l’entassement de la végétation par une bonne gestion des travaux en vert (épamprage, ébourgeonnage, effeuillage, etc.), limitation de la fertilisation azotée, etc.

Enfin, l’impact des produits pulvérisés sur l’environnement doit être évalué : favoriser les produits de biocontrôle (SDN, etc.), privilégier les produits pénétrants quand les risques de lessivage sont importants, varier les matières actives pour limiter les risques de développement de résistance, etc.

La liste des produits homologués pour la culture de la vigne est disponible sur www.fytoweb.be. Le Carah publie également chaque année un « Guide viticole » actualisé reprenant l’ensemble des produits homologués pour cette culture en Belgique, en agriculture raisonnée et en agriculture biologique.

Anouck Stalport, Julien Louvieaux, Olivier Mahieu

Carah – Cellule Technique Viticole

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