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De jolies fleurs enchantent nos yeux avant que nos papilles se régalent d’exquis fruits

La période de floraison des fruitiers se profile à l’horizon. L’occasion de profiter de magnifiques tableaux mais aussi d’en apprendre davantage sur cette période importante de la vie de nos vergers.

Temps de lecture : 9 min

Dans la première partie de cet article (lire Le Sillon Belge du 24 février), nous avons expliqué ce qu’est la phénologie florale des plantes et son utilité pour les arboriculteurs ; ensuite ont été décrites les floraisons des espèces fruitières à noyau qui ouvrent la saison. Poursuivons la promenade dans les vergers en fleurs en présentant la floraison des espèces à pépins, des fruits secs, des petits fruits et de quelques autres…

La floraison des espèces à pépins…

Sous notre climat, avant que se dessine une tendance à un réchauffement, les poiriers fleurissaient habituellement dans la seconde moitié d’avril, et les pommiers quelques jours plus tard, à la fin d’avril et au début du mois de mai. Depuis lors, les floraisons sont devenues un peu plus précoces. Quelques variétés traditionnelles de pommiers ont une phénologie plus tardive de 2 à 3 semaines, ce qui est un avantage eu égard aux gelées tardives printanières, mais qui oblige à y associer une variété pollinisatrice synchrone.

Chez les pommiers et les poiriers, les boutons floraux sont généralement portés par des rameaux de deux ans et plus âgés, mais parfois aussi par des rameaux de l’année précédente, en position terminale ou latérale. Sur le bois âgé, la floraison intervient un peu plus tôt que sur le bois jeune.

Les boutons des pommiers et des poiriers contiennent à la fois des ébauches de feuilles qui apparaissent en premier lieu en formant une rosette et un bouquet floral que les botanistes qualifient de « corymbe » (= inflorescence dont les fleurs sont au même niveau, portées par des pédoncules inégaux implantés à des niveaux différents). Les bourgeons situés à l’aisselle des feuilles de rosettes peuvent entrer en activité et former une pousse de longueur variable qui pourra être porteuse de boutons fleurissant et fructifiant l’année suivante et par la suite. Il n’y a pas de dégarnissement des rameaux comme chez les espèces à noyau.

Le nombre de fleurs par bouquet varie de 6 à 8 chez les pommiers et de 5 à 15 chez les poiriers. Les fleurs sont hermaphrodites. Elles comportent 5 sépales libres qui persistent et vont former la mouche du fruit (N.B. : ils ne persistent pas chez les nashis, poiriers asiatiques), et 5 pétales libres blanc-rose chez les pommiers et blancs chez les poiriers. L’androcée compte une vingtaine d’étamines à anthère jaune chez les pommiers et rouge chez les poiriers. L’ovaire est surmonté de 5 styles verts ; il comporte 5 carpelles contenant chacun 2 ovules. La fécondation réciproque (= croisée) de deux variétés qui fleurissent en même temps est la règle générale.

Les fleurs de néflier, grandes et solitaires, comportent 5 grands sépales persistants,  qui formeront une mouche très large chez les fruits.
Les fleurs de néflier, grandes et solitaires, comportent 5 grands sépales persistants, qui formeront une mouche très large chez les fruits.

Chez les pommiers, on peut observer selon les variétés des différences de grandeur et d’aspect des fleurs : les unes grandes à pétales très blancs étalés, et les autres plus petites à pétales blanc-rose incurvés. Les premières sont triploïdes (= à 3 n chromosomes, plus vigoureuses et à plus gros fruits), comme les ‘Bellefleur’ ou ‘Belle de Boskoop’.

Toutes les fleurs d’un bouquet n’évolueront pas finalement en un fruit : à la fin de la floraison tombent les fleurs non fécondées, en juin les fleurs mal fécondées ou mal alimentées en sève et en hormones, et en automne des fruits qui se gênent mutuellement ou qui sont parasités par une chenille de carpocapse (Cydia pomonella).

Chez les cognassiers et les néfliers, les fleurs sont grandes, solitaires et situées à l’extrémité de courtes pousses feuillées qui se sont développées sur des rameaux de vigueur faible ou moyenne. Les fleurs comportent 5 grands sépales persistants, qui formeront une mouche large chez les coings et très large chez les nèfles, 5 grands pétales rose-clair chez les cognassiers et blancs chez les néfliers ; l’ovaire compte 5 carpelles contenant un très grand nombre d’ovules chez les cognassiers et un seul ovule chez les néfliers. Ces deux espèces sont auto-fertiles.

… et à fruits secs

Contrairement aux espèces fruitières rencontrées jusqu’à présent, les châtaigniers, les noisetiers et les noyers comportent des fleurs unisexuées ; comme les deux sexes sont présents sur le même arbre, on dit que ces espèces sont « monoïques ». Même si théoriquement il y a compatibilité entre les fleurs d’une même plante, en pratique la fécondation est perturbée ou impossible à cause d’un décalage chronologique entre les deux floraisons (= dichogamie) : soit protandrie si la floraison mâle précède la floraison femelle, soit protogynie dans le cas inverse. Un chevauchement des deux floraisons existe parfois, mais il n’est pas garanti chaque année ! Ceci explique pourquoi il est conseillé d’associer plusieurs variétés différentes dans un verger.

Les noisetiers commencent à fleurir après 3 à 5 ans, les châtaigniers et les noyers après une dizaine d’années ; chez les noyers des fleurs mâles n’apparaissent que plusieurs années après les fleurs femelles.

Chez les châtaigniers, la floraison a lieu en juin ; les fleurs mâles sont groupées en chatons de 10 à 15 voire 20 cm de teinte jaune implantés à l’aisselle des feuilles sur des jeunes pousses ; les fleurs femelles vertes, épineuses, généralement plus tardives, se situent soit à l’extrémité de courtes pousses, soit à la base des chatons mâles. La pollinisation est assurée soit par le vent, soit par des insectes butineurs.

Chez les châtaigniers, la floraison a lieu  en juin. Les fleurs femelles (ici entourées) sont généralement plus tardives  que les fleurs mâles.
Chez les châtaigniers, la floraison a lieu en juin. Les fleurs femelles (ici entourées) sont généralement plus tardives que les fleurs mâles.

Chez les noisetiers, les fleurs mâles sont également des chatons, de 4 à 6 cm de long, de forme cylindrique et de teinte jaune ou rouge foncé selon les variétés ; ils apparaissent dès le début de l’hiver, mais ne produisent du pollen qu’à partir de février-mars. Les fleurs femelles sont plus discrètes ; elles ressemblent à des bourgeons clos, mais il en émerge des stigmates filiformes de teint rouge vif. La pollinisation est assurée par le vent.

Chez les noyers, les chatons mâles de forme conique apparaissent avant l’hiver sur les rameaux de l’année ; ils se développent en avril de l’année suivante en atteignant 5 à 8 cm de long. À peu près au même moment apparaissent les fleurs femelles disposées par 2 ou 3 en position terminale sur les nouvelles pousses ; elles se composent d’un ovaire elliptique de teinte verte, surmonté de deux stigmates en forme de crosse. Le gaulage des noix, pratiqué traditionnellement, et qui brise de nombreux petits rameaux est très néfaste pour la production. Quelques variétés nouvelles portent aussi des fleurs en position latérale. La pollinisation est assurée par le vent.

Du côté des groseilliers…

Les groseilliers qui produisent des fruits comestibles appartiennent au genre Ribes qui compterait 150 espèces. Les variétés fruitières ont été créées par de multiples croisements entre certaines d’entre elles. D’autres sont cultivées pour leurs fleurs ornementales roses ou rouges comme Ribes sanguineum , et occasionnellement on peut rencontrer dans la nature Ribes alpinum , à fleurs jaunes et dont les baies ont un goût fade.

Chez les groseilliers épineux, les cassis et les casseilles, les grappes qui donneront les plus grosses baies sont portées par les rameaux de l’année précédente de vigueur moyenne ; sur bois plus âgé, elles seront plus petites. Elles comptent de 1 à 3 fleurs chez les groseilliers épineux et les casseilles, et de 3 à 5 fleurs chez les cassis.

Les fleurs de groseilliers sont  hermaphrodites. Elles comportent  5 sépales soudés formant une sorte  de grelot et 5 pétales libres.
Les fleurs de groseilliers sont hermaphrodites. Elles comportent 5 sépales soudés formant une sorte de grelot et 5 pétales libres.

Chez les groseilliers à grappes, le plus grand nombre de grappes se rencontre sur les rameaux de 2 ans et plus ; elles comptent jusqu’à une quinzaine de fleurs.

Les fleurs sont hermaphrodites, à pollinisation entomophile ; elles comportent 5 sépales soudés formant une sorte de grelot et 5 pétales libres.

… framboisiers et ronces…

Chez les framboisiers, il existe deux modes de floraison : chez toutes les variétés, en mai, des pousses feuillées de 15 à 20 cm terminées par une inflorescence se développent sur les rameaux (= cannes) de l’année précédente. De plus, chez certaines variétés dites « bifères » ou « remontantes », une inflorescence apparaît en été à l’extrémité des rameaux de l’année même issus des rhizomes. Chez les ronces, les inflorescences sont en position terminale sur des pousses de 30 à 50 cm portées par des rameaux de l’année précédente.

Les fleurs sont hermaphrodites, disposées par environ une dizaine, en corymbes ; les pétales sont blancs chez les framboisiers et roses ou mauve clair chez les ronces. Le réceptacle, de forme allongée, porte plusieurs carpelles libres qui, après fécondation par des insectes butineurs, évolueront en une drupéole de teinte blanche, jaune, orange, rouge ou noire. Chez les framboisiers, l’ensemble formé par ces drupéoles se détache facilement du réceptacle ; chez les ronces il y adhère fortement.

… et des myrtilles

Les myrtilles arbustives cultivées sont des hybrides entre plusieurs espèces d’origine américaine. Les inflorescences sont des corymbes en position terminale sur des pousses de l’année précédente de bonne vigueur ; ils sont plus petits sur des pousses de faible vigueur.

Les fleurs hermaphrodites, fécondées par des insectes butineurs, ont un aspect de grelot : 5 pétales soudés de teinte verdâtre ou rosée.

Chez quelques autres fruitiers de nos vergers

Les actinidias

Sauf quelques exceptions qui présentent des fleurs hermaphrodites, les kiwis et les kiwais ont des fleurs unisexuées portées par des plantes différentes ; on parle ici de plantes dioïques.

Chez les kiwis, les fleurs sont solitaires ou en petits groupes, sur des rameaux de l’année de faible vigueur, à l’aisselle d’une feuille. Les fleurs sont grandes, légèrement odorantes ; elles ont des sépales persistants et des pétales blanc-crème ; les fleurs mâles portent une couronne de nombreuses étamines, et les fleurs femelles ont un ovaire surmonté d’un style et de stigmates. La fécondation est assurée par des insectes. Les fruits, velus, pèsent de 30 à 80 g.

Chez les kiwais, les fleurs sont plus petites, en grappes qui en comportent un très grand nombre ; les pétales sont blancs ; les fruits, non velus, pèsent 4 à 5 g.

Les figuiers

La plupart des variétés de figuiers ont la particularité de fleurir deux fois par an, et par conséquent de fructifier à deux moments différents dans les régions où l’hiver est doux. La floraison printanière donne des fruits en été, et la floraison estivale à la fin du printemps suivant. Sous notre climat, une protection hivernale est nécessaire afin de permettre aux jeunes fruits visibles en automne de continuer leur développement au printemps suivant.

L’inflorescence des figuiers est une sorte d’urne appelée « sycone » qui contient un très grand nombre de fleurs unisexuées : les fleurs mâles près de l’orifice et les fleurs femelles dans le fond. Dans leur zone naturelle, la fécondation est assurée par une minuscule guêpe (Blastophaga psenes) qui ne peut survivre sous notre climat. Les variétés anciennement cultivées en Belgique ont été sélectionnées pour leur aptitude à produire des fruits sans fécondation (= parthénocarpie).

Les vignes

Chez les vignes, les fleurs sont disposées en grappes composées encore appelées « panicules », portées sur des pousses de l’année même, les sarments. Ces grappes, au nombre de deux par sarment, apparaissent en face d’une feuille, le plus souvent la cinquième, puis de la septième ; ensuite le sarment continue sa croissance mais il ne produit plus d’inflorescence.

Chez les vignes, les fleurs sont disposées  en grappes composées que l’on appelle également « panicules ».
Chez les vignes, les fleurs sont disposées en grappes composées que l’on appelle également « panicules ».

Chaque fleur comporte 5 petits sépales soudés, 5 pétales soudés, de teinte verte, qui forment un capuchon recouvrant l’ovaire et les 5 étamines. Lorsque la fleur s’épanouit, elle libère le capuchon qui se détache et les étamines. Le pollen est transporté par le vent. L’autofécondation et la règle générale, et son bon déroulement demande des conditions climatiques favorables, principalement l’absence de pluie et une température supérieure à 17ºC pendant les quelques jours (3 ou 4 au maximum) où une fleur est épanouie. Sinon, il y a « coulure » des fleurs. Un climat fluctuant pendant la floraison donne des grappes irrégulièrement garnies ; ce phénomène est appelé « millerandage ».

Ir. André Sansdrap

Wépion

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