Le chou-fleur de printemps précoce pour une récolte dès la mi-juin

C hez nous, il est encore un peu trop tôt pour planter en plein air, les risques de gel et de freinage de la culture sont encore importants. Surtout, la température dans le sol est encore basse et les radicelles ont besoin de chaleur pour se former. Et nous comptons sur l’enracinement pour répondre aux besoins importants de la culture. Nous ne planterons en plein air que dans des jardins particulièrement bien situés pour se réchauffer rapidement ; nous plantons alors sous voile de forçage ou sous petit tunnel.

Nous pouvons garder l’avance des plantes issues de ces premiers semis de plusieurs manières. Nous pouvons les planter dans une couche ou une serre non chauffée. Ils se développeront plus rapidement et plus efficacement qu’en plein air. Une alternative consiste à planter les choux-fleurs en serre en les séparant suffisamment afin de permettre la plantation intercalaire des tomates ou autres plantes cultivées dès la mi-avril ou la fin avril. Nous pouvons aussi les planter dans des pots de volume importants garnis de bonne terre de jardin. Nous les arroserons régulièrement dans l’intention de les planter en plein air vers la mi-avril.

L’avantage des semis précoces et des soins de protection des jeunes plantes est de permettre la récolte des choux-fleurs dès la mi-juin, à une période où les autres légumes comme les tomates ne sont pas encore venus à maturité.

La place dans la rotation

Le chou-fleur mobilise de grandes quantités d’éléments minéraux pour sa croissance. Il laisse au sol une charpente végétale forte et coriace. Comme les autres choux, la rotation sera idéalement supérieure à 6 années. Tous les choux peuvent être attaqués par la hernie lorsque le sol est acide. Un chaulage avant la plantation est recommandable si l’analyse indique un pH acide.

Le chou-fleur de printemps précoce va libérer la parcelle dès la mi-juin, nous avons encore de nombreuses cultures pouvant lui succéder : les chicorées frisées et scaroles, les Chioggia, pains de sucre et chicorées de Vérone, les choux de milan, les derniers choux pommés automne peut être planté après une récolte de chou-fleur précoce. Notons, que faire succéder des cultures de choux la même année n’est pas un problème, pour autant que la prochaine occupation par ces cultures ne se fasse pas avant 6 ou 7 années.

N’hésitons pas à apporter une bonne dose de compost bien décomposé, de l’ordre de 3 à 4 kg par m² de compost mixte de jardin ou éventuellement une fumure minérale. Le compost jeune sera plutôt réservé pour une autre culture ou pour la production de chou-fleur d’automne ; la raison est le délai de mise à disposition des minéraux qui sera plus long avec ce type de fertilisation.

L’obtention de plants

Nous trouvons facilement des plants de choux-fleurs en jardineries. L’avantage est que nous ne devons pas nous soucier de l’élevage. L’inconvénient est que nous ne savons souvent pas toujours quelle est la variété.

Nous pouvons produire nos plants nous-mêmes comme le calendrier du Sillon Belge nous le propose.

La plantation

Les plantes ont 5 à 6 feuilles à la plantation. Un autre repère important (c’est peut-être, d’ailleurs, le plus important) est d’avoir des radicelles qui commencent à sortir de la motte pressée ou en dessous du pot.

Nous préparons le sol pour qu’il soit décompacté sur une profondeur d’au moins une dizaine de cm. Nous repérons les emplacements de plantation pour respecter les distances entre plantes. Aux emplacements, nous creusons le trou de plantation et le remplissons d’eau avec un arrosoir. Après quelques minutes, nous plaçons la motte du plant dans le fond du trou pour que seules les feuilles et leur pétiole dépassent du sol. Nous ramenons la terre au pied de la plante. Les racines sont dans la fraîcheur, la reprise sera rapide.

Les choux-fleurs d’automne sont plantés à 0,60 m de distance pour leur permettre une belle extension du feuillage 2 mois après la plantation. Dans le cas de la plantation en serre, nous les plantons à une distance adaptée à la culture intercalée.

Les arrosages sont indispensables. Le sol doit rester frais tout au long de la culture. Pour limiter les maladies, on évite d’arroser le feuillage, en préférant les arrosages au goulot au pied des plantes. Nous utilisons éventuellement une gouge (ou une bêche) enfoncée dans le sol de 30 cm pour nous assurer que le sol est mouillé également en profondeur. Le paillage aide à maîtriser l’enherbement et à limiter les évaporations d’eau.

Dans le cas de la plantation en pot pour une durée de 1 mois, choisissons des pots de grand volume, par exemple des pots de type « potée de chrysanthèmes ». L’arrosage se fera dans le pot directement.

La culture

La température de culture pour les variétés de printemps est moins exigeante que pour les variétés d’automne. Mais de manière générale, l’idéal est d’avoir de 18 à 20ºC lors de l’élevage des plants et au moins 15ºC durant la période d’induction de la pommaison, sans dépasser longtemps les 28ºC.

Le paillage, les binages et les sarclages permettent de garder le sol hors d’envahissement par les herbes folles. Après environ deux mois de culture, quand les choux commencent à grossir, nous pouvons butter pour aider les plantes à rester droites. Ce buttage permet aussi une formation de racines adventives au départ de la tige.

Pour que les têtes restent bien blanches (variétés non colorées), nous les protégeons du soleil en les couvrant de feuilles cassées issues de la base de la plante elle-même. Nous faisons cette opération quand les têtes (les « fleurs ») commencent à être visibles au cœur du feuillage. Surveillons alors bien le grossissement de la pomme, cela va vite. Nous récoltons quand la tête tend à se déformer sur sa partie supérieure. Pour les garder quelques jours à la cave, nous coupons les têtes en leur laissant quelques feuilles protectrices.

Ravageurs et protection

Les pigeons et d’autres oiseaux peuvent ravager très rapidement les feuilles des jeunes plantes, en une seule matinée après plantation parfois. De plus, en brisant le sommet, ils rendent les plantes borgnes.

Les limaces peuvent aussi provoquer bien des dégâts aux jeunes plants comme aux têtes de choux-fleurs également.

Les pucerons s’installent parfois en fortes colonies sur les choux. Mais le plus souvent, les auxiliaires naturels en viennent à bout.

Les chenilles (piérides, noctuelles) transforment les feuilles en dentelle, réduisant d’autant la photosynthèse ; elles dévorent aussi les têtes. De plus, elles laissent des déjections qui salissent le légume.

La mouche du chou pond au pied des plantes. Des larves sortiront des œufs et descendront se nourrir des radicelles du chou. En plaçant des obstacles à la mouche au pied des plantes, nous réduisons les attaques : des carrés de cartons de 30 cm de côté ou des ronds de 30 cm de diamètres et fendus pour y passer la tige du chou sont glissés au pied de chaque plante, contre le sol. Les vols ont lieu chez nous de début mai à mi-juin et de début juillet à début août. Mais des variations sont constatées en fonction de la météo de l’année. Les périodes à risques correspondent à des cultures de choux-fleurs plus tardives que celle dont il est question ici.

Les désherbages sont aisés en choux, la plante a un fort pouvoir couvrant en concurrence bien les adventices.

F.