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Viser une fertilisation optimale pour la culture de maïs… et le portefeuille

Face à l’envolée des prix des engrais, nombreux sont les agriculteurs à envisager autrement leur fertilisation printanière. Que faire en culture de maïs ? Le Cipf livre ses conseils.

Temps de lecture : 4 min

La reprise économique post-covid 19 ainsi que la situation géopolitique actuelle tirent les prix des engrais vers le haut. Pour bon nombre de cultivateurs, ce poste occupera une place importante dans la comptabilité annuelle… Dans ce contexte, il est légitime de se demander comment assurer une bonne fertilisation des parcelles de maïs tout en limitant les risques mais aussi les coûts.

Et Jean-François Oost, du Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf), d’alerter immédiatement : « La tentation est grande de se passer des engrais chimiques… Mais il convient de nourrir les cultures. En pratique, très rares sont les situations dans lesquelles il est possible de faire une impasse totale sur la fertilisation minérale ».

Évaluer les besoins de la parcelle

Dans un premier temps, M. Oost recommande à tout cultivateur d’évaluer les besoins de ses parcelles afin de raisonner sa fertilisation et, vu la situation actuelle, d’éviter tout apport excessif. Pour ce faire, l’outil « Azo-Maïs » développé par le Cipf constitue un allié de choix.

Ledit outil consiste en une série de questions relatives à l’historique de la parcelle étudiée : précédent cultural, type de Cipan, éventuels apports organiques, précocité de la variété de maïs implantée et date de semis, pH du sol… « Sur base des réponses données, le module est en mesure de calculer automatiquement la différence entre les besoins estimés de la plante et les apports potentiels du sol en fonction de sa situation et de sa gestion. En moins d’une minute, on obtient une dose théorique à appliquer, pour le maïs ensilage et le maïs grain. »

Les valeurs proposées demeurent théoriques et il est recommandé de s’assurer qu’elles correspondent à la situation rencontrée. Il convient également à tout un chacun de travailler selon les prescriptions du Programme de gestion durable de l’azote.

« Azo-Maïs » est disponible à l’adresse https://cipf.be/fr/mais/ fertilisation/ azomais.

Envisager une correction azotée ultérieure

Un paramètre demeure cependant incertain : la quantité d’azote que le sol va effectivement restituer à la culture. « Celle-ci varie d’une saison à l’autre, selon les conditions pédo-climatiques rencontrées. En outre, la restitution survient après les apports minéraux, pouvant rendre une partie de ceux-ci superflus, ce que l’on souhaite éviter cette année », poursuit Jean-François Oost.

Dès lors, est-il envisageable d’appliquer une fertilisation minérale réduite (75 % de la dose recommandée, par exemple) et d’apporter une correction quelques semaines plus tard, selon l’importance des restitutions azotées du sol ?

« Cela semble difficile avec l’azote solide mais il est possible de faire un apport liquide, et plus particulièrement avec des engrais foliaires à base d’urée tel le N28 (30 l/ha), au stade 7-8 feuilles visibles du maïs, c’est-à-dire avant la fermeture des lignes. »

Le N28 est un engrais liquide à base d’azote uréique (11,5 %) et de méthylène-urée (16,5 %). Le premier est à action rapide. Le second libère progressivement l’azote qu’il contient pour une action fertilisante s’étendant sur 4 à 5 semaines après application. En outre, sa teneur en biuret, toxique pour les végétaux, est très faible ce qui facilite son emploi.

Avant toute intervention, Jean-François Oost recommande d’évaluer les besoins des parcelles à l’aide de l’outil «Azo-Maïs».
Avant toute intervention, Jean-François Oost recommande d’évaluer les besoins des parcelles à l’aide de l’outil «Azo-Maïs». - J.V.

« Certes, cela nécessite une intervention supplémentaire et engendre des coûts de carburant, mais cela permet également d’aller chercher les dernières tonnes à la récolte tout en ayant apporté une dose d’engrais appropriée. » À travers ses essais, le Cipf a d’ailleurs observé qu’en situation azotée déficitaire, un apport sous forme de N28 permet un grain de rendement significatif. « Attention, il s’agit bien d’un complément. Le N28 ne peut pas remplacer l’azote solide apporté classiquement. »

Combiner réduction avec localisation ou fractionnement ?

Autre question que l’on peut légitimement se poser en cette période : placer l’engrais au plus proche de la ligne de semis permet-il de réduire la dose appliquée ? Et de répondre : « Non… Les besoins de la culture demeurent identiques. Travailler en localisé ne permet donc pas de réduire les apports azotés ».

Quant au fractionnement des engrais solides, testé sous différentes formes par le Cipf, il n’est concluant ni sur le rendement, ni sur l’azote potentiellement lessivable mesuré.

Jean-François Oost insiste encore sur deux points. « Premièrement, un sol trop acide sera défavorable au bon développement de la culture en raison notamment de l’efficacité limitée des éléments fertilisants. Il convient donc de corriger le pH de la parcelle avant d’envisager autrement sa fertilisation. »

Enfin, il a pu observer que les meilleurs rendements sont généralement obtenus sur les parcelles bénéficiant d’un apport azoté organique et minéral.

J. Vandegoor

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