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Pêchers, abricotiers et amandiers: les bonnes variétés, pour les inviter au verger

Tant les pêches et abricots que les amandes, que l’on prendra plaisir à déguster en été, peuvent être produits en Belgique. Cela demande toutefois de choisir des variétés adaptées, notamment en matière de résistance au froid et de porte-greffe, et de leur réserver une situation chaude et bien exposée.

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L e choix judicieux des espèces et des variétés fruitières que l’on va planter au jardin suppose que l’on en connaisse bien les exigences et que celles-ci sont bien en concordance avec le microclimat et le sol de la parcelle qui leur est destinée. Ainsi, par exemple, le climat influencera le choix des variétés tandis que le sol déterminera celui du sujet porte-greffe.

En réalité, ceci est vrai pour l’ensemble des espèces fruitières, mais les fruits à noyau constituent un groupe très hétérogène dans lequel les exigences diffèrent fortement d’un sous-groupe à un autre. Le choix initial des espèces, des variétés et des sujets porte-greffe est donc d’autant plus important que certaines erreurs ne pourront être corrigées ultérieurement.

Une famille nombreuse

Les fruits à noyau appartiennent tous au vaste genre Prunus qui compose à lui seul la famille des Amygdalacées. Celui-ci était autrefois une sous-famille des Rosacées sous la dénomination des Prunoïdées.

Pour les botanistes, le genre Prunus comporte environ 300 espèces répandues dans les zones tempérées et subtropicales de tout l’Hémisphère Nord. Une douzaine d’entre elles produit des fruits comestibles et/ou des sujets porte-greffe. Il existe aussi de nombreux hybrides interspécifiques naturels ou créés par l’Homme.

Pour les jardiniers, les fruits à noyau comestibles sont classés en six groupes. Trois d’entre eux sont parfaitement rustiques sous notre climat : les cerisiers, les prunelliers et les pruniers ; les trois autres vont demander un emplacement sec, protégé du froid et bien ensoleillé : les abricotiers, les amandiers et les pêchers.

La floraison des espèces à noyau est très spectaculaire parce qu’elle se produit avant la feuillaison, sur le bois encore nu.

Le réchauffement annoncé du climat laisse espérer que les trois dernières espèces citées auront chez nous une fructification meilleure : plus abondante et plus régulière, mais les gelées tardives printanières restent un risque auquel elles sont exposées en raison de leur floraison (très) précoce.

Les abricotiers : opter pour des variétés très anciennes

Ce fruit délicieux originaire d’Extrême-Orient, puis cultivé dans les vallées d’Asie centrale, a été introduit dans le pourtour méditerranéen par les Romains après la conquête de l’Arménie, ce qui explique la dénomination Prunus armeniaca. Son extension vers le Nord de l’Europe remonte à la Renaissance.

Dans notre pays, des abricotiers se rencontrent dans les jardins de certains amateurs qui apprécient la qualité tout à fait supérieure de ces fruits, mais qui savent que leur fructification est aléatoire même s’ils sont plantés dans un sol filtrant, et à bonne exposition. L’idéal est de les cultiver greffés sur un prunier ‘Saint-Julien’ ou ‘Myrobolan’ qui tolère le mieux l’humidité du sol, et conduits en palmettes « à la diable » adossées à un mur. La conduite en buisson basse-tige est possible à condition de disposer d’un espace libre de 25 à 30 m².

Le comportement des nouvelles variétés d’abricot est à l’étude au Centre fruitier wallon  à Merdorp (Hannut). Leur jugement demande une dizaine d’années.
Le comportement des nouvelles variétés d’abricot est à l’étude au Centre fruitier wallon à Merdorp (Hannut). Leur jugement demande une dizaine d’années.

Toutefois, il faut savoir que, de manière générale, cet arbre n’apprécie guère des tailles sévères et qu’il peut facilement perdre des branches et manifester des écoulements de gomme ; la cicatrisation des plaies est difficile, et un traitement est vivement conseillé.

De nombreuses variétés d’abricotier sont auto-fertiles, par exemple ‘Luizet’ (=‘Suchet’) à floraison tardive, ou ‘Royal’ ; ils mûrissent en juillet. La variété ‘Pêche de Nancy’ est un peu plus tardive : elle mûrit à partir de mi-août ; elle demande la présence d’un pollinisateur. L’abricot ‘de Hollande’ est précoce ; le fruit est de très bonne qualité mais de calibre petit ; il peut se multiplier par semis de noyaux après stratification dans du sable. Il s’agit de variétés très anciennes, dont le comportement en Belgique est bien connu.

Les pépinières françaises proposent une très vaste gamme de variétés d’abricot anciennes comme ‘Bergeron’ ou ‘Polonais’ dont la bonne rusticité est connue. Ils sont le plus souvent greffés sur un abricotier franc, moins bien adapté à nos sols humides que les pruniers cités plus haut. De très nombreuses variétés nouvelles sont proposées. Leur comportement est à l’étude depuis quelques années au Centre fruitier wallon à Merdorp (Hannut) ; leur jugement demande une dizaine d’années.

Les amandiers, annonciateurs du printemps

L’amandier cultivé, Prunus amygdalus, est originaire des zones montagneuses d’Asie Centrale, principalement d’Iran et d’Afghanistan. Sa culture en Grèce remonte à l’antiquité. Il en est souvent fait mention dans les récits mythologiques et bibliques. Comme il est en général autostérile, sa multiplication par semis a donné naissance à de nombreuses populations géographiques différentes (= écotypes). En Europe, il est principalement cultivé en Espagne et en Italie. Son introduction dans le Sud de la France remonterait à la fin de l’Empire Romain.

Par leur floraison spectaculaire et très précoce, à la fin de l’hiver, les amandiers sont considérés comme les annonciateurs du printemps, ce qui rend leur fructification problématique sous notre climat actuel. Comme il a été dit pour les abricotiers, il faudra donc leur réserver une situation chaude, bien exposée, abritée des vents froids du Nord et de l’Est.

La culture en espalier permettra d’installer un système de protection par un voile de forçage ou une toile de jute.

Les amandes se classent selon la dureté de leur coque (dure ou tendre) et leur goût (amandes amères ou amandes douces). Les amandes peuvent être récoltées précocement : ce sont les amandes vertes ; ou à maturité : ce sont les amandes sèches.

Les amandes peuvent être récoltées précocement : ce sont les amandes vertes (ici illustrées) ; ou à maturité : ce sont les amandes sèches.
Les amandes peuvent être récoltées précocement : ce sont les amandes vertes (ici illustrées) ; ou à maturité : ce sont les amandes sèches.

Pour la culture en Belgique, on greffera sur prunier ‘Saint-Julien’ ou ‘Damas’ alors que sous des climats plus chauds, on utilisera comme sujet porte-greffe soit un amandier franc soit un hybride pêcher X amandier. Ces deux espèces sont aussi utilisées comme sujet porte-greffe pour les pêchers et les abricotiers à planter dans un sol calcaire.

Parmi les variétés traditionnelles recommandées en Belgique, citons ‘Princesse’, amande douce à coque très tendre, récoltée en vert. Depuis quelques années ont été sélectionnées en France une série de variétés à floraison (un peu) plus tardive, c’est-à-dire (un peu) mieux adaptées à notre climat : ‘Ferragnès’, à coque mi-tendre, à polliniser par ‘Ferraduel’, à coque dure, ou par ‘Ferrastar’. ‘Lauranne’ est une variété nouvelle auto-fertile à coque dure.

Pour l’ornement, on peut planter des hybrides entre amandier et pêcher, par exemple ‘Spring glow’ à floraison rose clair en mars, ou des amandiers d’ornement à fleurs roses simples ou doubles ou à feuilles panachées. Il existe aussi un ‘amandier nain de Russie’ (Prunus tenella), plante buissonnante haute d’un mètre, à fleurs blanches ou roses.

Les pêchers : plus résistants au froid hivernal

Comme l’abricotier, le pêcher est originaire d’Extrême-Orient, où il a été introduit en Asie centrale, ce qui lui a valu sa dénomination botanique Prunus persica, puis dans le Bassin méditerranéen sous l’Empire romain.

Sous notre climat, il est nettement plus rustique que les deux espèces précédentes en ce qui concerne le froid hivernal. Par contre, sa floraison précoce l’expose aux gelées printanières tardives. Un souvenir d’enfance à ce sujet : les pêchers en espaliers dans le jardin de nos grands-parents à Ganshoren, où pendant la période sensible des fleurs, des rideaux en toile de jute étaient fermés chaque nuit.

Pour les gourmets les plus fins, la pêche et l’abricot rivalisent lorsqu’il faut décréter lequel des deux est le meilleur. La pêche semble avoir gagné le challenge, au moins par la quantité de fruits consommés annuellement, mais nous restons supporter de l’abricot lorsqu’il est exactement à sa pleine maturité.

Les pêches dites rondes (c’est-à-dire sphériques) se subdivisent en quatre groupes, auxquels il faut en ajouter un cinquième : les pêches dites plates (c’est-à-dire aplaties). Les pêches proprement dites ont un épiderme duveteux, et une chair tendre de couleur blanche, sanguine ou jaune, très juteuse ; leur noyau se détache facilement de la chair. Les pavies ont également un épiderme duveteux, mais la chair, le plus souvent jaune, est ferme et adhère fortement au noyau. Ces fruits sont utilisés pour la mise en conserve : en oreillons, en quartiers ou en morceaux.

Les brugnons ont un calibre plus petit, un épiderme lisse, une chair blanche ferme qui adhère fortement au noyau ; ils sont généralement transformés en marmelade. Les nectarines ont également un épiderme lisse, mais un calibre plus gros que les brugnons ; leur chair blanche ou jaune est tendre et juteuse ; elle se détache facilement du noyau. Les pêches aplaties ou ‘Peen-To’ ont un épiderme duveteux et une chair blanche, tendre, juteuse, très sucrée, qui se détache facilement du noyau.

De manière générale, les variétés à chair blanche ont une qualité gustative plus marquée que celles à chair jaune. Elles semblent aussi mieux adaptées à notre climat actuel parce qu’elles sont moins exigeantes en chaleur. L’évolution du climat pourrait modifier ce point de vue.

Pour nos sols lourds et humides, le greffage sur prunier, par exemple ‘Saint-Julien’, est préférable au greffage sur un pêcher franc, trop sensible à une forte humidité du sol. Quelques variétés peuvent se multiplier par semis de noyaux après stratification dans du sable.

Outre un sol trop humide, les pêchers craignent une atmosphère stagnante et humide. Un espace bien ventilé, mais abrité des vents du Nord et de l’Est, leur est nécessaire. La culture peut se faire en buisson basse-tige à condition de disposer d’un espace utile de 25 m² minimum. La conduite en haute-tige est à déconseiller en raison de la fragilité des branches. La culture en espalier (palmette « à la diable ») leur permettra de bénéficier d’un microclimat plus favorable, et d’une protection de la floraison.

Il existe chez les pêchers, selon les variétés, deux types de fleurs. Les unes sont dites « rosacées » : elles comportent cinq grands pétales roses bien étalés, très spectaculaires ; on les rencontre chez les variétés à floraison précoce. Chez d’autres variétés, les fleurs sont dites « campanulées » : les pétales de teinte violacée forment une petite coupe mi-close. Elles seraient moins sensibles au gel printanier.

Comme le pêcher est autofertile, un arbre isolé peut avoir une fructification satisfaisante.

Les pépinières belges proposent principalement des variétés de pêches à chair blanche ; par exemple, par ordre de maturité : ‘Amsden’ pour la seconde moitié de juillet, ensuite ‘Charles Ingouf’ puis ‘Fertile de Septembre’ R.G.F. et ‘Reine des Vergers’. On peut aussi y trouver le brugnon ‘Lord Napier’ (mi-août) ou ‘de Félignies’ (fin août), la nectarine ‘Nectared’ et la pêche à chair jaune ‘Red Haven’. Le comportement des variétés de pêches à chair plate sous notre climat est encore à étudier.

Dans la seconde partie de cet article, nous envisagerons les espèces à noyau parfaitement adaptées à notre climat : les cerisiers, les prunelliers et les pruniers.

À suivre

Ir. André Sansdrap

Wépion

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