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L’enseignement agronomique à l’heure de la digitalisation: des formations axées sur les nouvelles technologies en agriculture

Comme tout autre secteur économique, l’agriculture se numérise progressivement. Le manque de formation de base et continue constitue toutefois un des freins qui a pu être identifié pour une transformation numérique harmonieuse du secteur. Les écoles agronomiques ont décidé d’y remédier.

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Aujourd’hui, il est de plus en plus fréquent de rencontrer des tracteurs équipés d’un système de guidage par GPS. En effet, la moitié des tracteurs des exploitations spécialisées en grandes cultures en seraient pourvus et un peu moins de 20 % seraient même équipés d’un système de guidage RTK (précision à 2 cm).

Les technologies sont de plus en plus accessibles et leur utilisation tend à s’intensifier : comme tout autre secteur économique, l’agriculture se numérise progressivement. Malgré cela, le manque de formation de base et continue constitue un des freins qui a pu être identifié pour une transformation numérique harmonieuse du secteur, en d’autres mots réfléchie, maîtrisée et performante tant économiquement qu’environnementalement.

Pour pallier ce problème, les écoles agronomiques de tous niveaux mettent en place des formations directement axées sur les nouvelles technologies qui peuvent être utilisées en agriculture. Pour illustrer ces avancées, quelques écoles (sans prétention d’exhaustivité) ont pu être rencontrées pour découvrir les programmes mis en place afin de former les étudiants aux techniques de production de demain.

À La Reid, logiciel d’élevage, outils de gestion, capteurs

L’Ipea La Reid est une de celles-ci. Des notions sur les technologies y ont été introduites dès 2010 avec le logiciel d’élevage Ariane de l’Awé. Pour les professeurs, il est crucial que les élèves puissent travailler sur des programmes informatiques qu’ils utiliseront plus tard.

À présent, tant des outils de gestion des productions végétales (PAC-on-Web) qu’animales sont présentés aux élèves mais les logiciels utilisés doivent présenter un réel intérêt pour les étudiants. S’agissant d’une matière qui doit s’ajouter à un programme déjà bien rempli, les professeurs mettent en effet l’accent sur des solutions concrètes qui auront une utilité réelle pour eux. Dans certains cas, cela peut créer un attrait pour les étudiants qui souhaiteraient continuer leur cursus en agronomie ou même dans un secteur différent du milieu agricole.

La Haute École de la Province de Liège, Département Sciences agronomiques présente sur le même site de La Reid, a aussi pu faire part de son expérience. Des notions sur les nouvelles technologies ont été proposées avant 2010 autour du téléguidage qui commençait à avoir les premiers adeptes confirmés.

À nouveau, le but des professeurs est de montrer un éventail des évolutions technologiques qui peuvent s’offrir aux étudiants et les inciter à développer de nouvelles compétences. Les cours proposés abordent entre autres les différents types de capteurs pour les animaux ou les machines. Les deux écoles ont la possibilité de profiter du matériel de la ferme didactique qui essaye d’être au plus proche des technologies actuelles.

C’est ainsi une façon d’appliquer directement la théorie vue en classe à des cas pratiques. Les professeurs veillent eux-mêmes à se tenir au courant de l’actualité du matériel pour répondre aux demandes des étudiants qui sont généralement curieux de découvrir ce qui se fait en ferme. Ils peuvent également profiter de séminaires donnés par WalDigiFarm pour présenter l’étendue des technologies aux étudiants.

Un cours d’agrotechnologies à Ath

À Ath, de l’autre côté de la Wallonie, les professeurs de la Heph-Condorcet partagent le même point de vue : les nouvelles technologies deviennent incontournables et il est important d’en montrer un échantillon représentatif pendant les études.

Ici, le cours d’agrotechnologies en place depuis 2015, pousse l’aspect pratique en proposant aux élèves la mise en place d’une mini-expérimentation agronomique pratique. Cela permet de travailler avec des capteurs ou encore des applications qui pourront être utilisés ultérieurement par les élèves dans leur vie professionnelle.

Gembloux Agro-Bio Tech : prédictions, rétro-analyses et prise de décision

Gembloux Agro-Bio Tech est une des institutions universitaires formant des Bioingénieurs. Les nouvelles technologies y sont étudiées dans deux masters différents où les approches sont un peu différentes selon leurs finalités. Le master orienté vers l’environnement a vu des introductions aux nouvelles technologies depuis de nombreuses années et possède depuis 2013 un parcours complet dans ce domaine.

En ce qui concerne le master en sciences agronomiques, un cours y est dédié depuis 2020 mais des introductions étaient déjà présentées depuis de nombreuses années dans des cours plus généraux. Néanmoins, les technologies enseignées sont similaires comme l’analyse d’images et l’utilisation de modèles.

Ces derniers servent à prédire ou à rétro-analyser le comportement d’une culture en fonction de critères comme la météo. Il est tout de même important de rappeler que les modèles serviront toujours d’outils d’aide à la décision et qu’ils pourront renforcer la confiance dans la prise de décision, celle-ci restant un choix humain. Les étudiants sont également formés à l’utilisation de capteurs pour collecter toute une série de données environnementales.

Intelligence artificielle et transition écologique

En complément, l’intérêt de l’intelligence artificielle est aussi abordé afin d’analyser et d’interpréter les données de plus en plus nombreuses. Les cours proposés se veulent résolument tournés vers le futur et visent à accompagner la transition agroécologique du secteur agricole au plus près.

Quel que soit le niveau d’études, on peut constater que la vision derrière ces cours est de proposer aux étudiants un éventail des outils technologiques présents à l’heure actuelle qu’ils seront susceptibles d’utiliser dans leur vie professionnelle. Ces sujets sont désormais incontournables de nos jours et il est important que les futurs agriculteurs, techniciens, agronomes, ingénieurs ou bioingénieurs maîtrisent ces nouvelles compétences afin d’accompagner le milieu tout entier vers l’agriculture de demain.

Arnaud Verlinden

WalDigiFarm

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