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Le cri d’alarme des éleveurs de poules pondeuses bio

Au nom des représentants du secteur avicole au sein du Collège des Producteurs et sur base des difficultés vécues par les éleveurs de poules pondeuses biologiques, ledit Collège lance un cri d’alarme.

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La filière œuf bio est constituée d’un nombre limité d’entreprises familiales qui s’engagent avec passion 24h/24 et 7j/7 pour la production d’un produit local, durable et de qualité. Tout cela dans le respect du bien-être des animaux et de la nature.

Elle est sous pression depuis des mois, en raison de la hausse des prix des aliments et de l’énergie. En effet, les prix des aliments bio ont explosé en un an, alors que les prix obtenus pour les œufs biologiques ont été fixés il y a un an ou plus. Ceux-ci ont même affiché une tendance négative (en moyenne – 10 %). En conséquence, l’augmentation de +/- 35 % du prix des aliments n’est pas suivi d’une augmentation similaire auprès de l’acheteur final avec comme effet de lourdes pertes économiques pour les éleveurs.

La plupart des entreprises familiales professionnelles de production d’œufs bio sont actuellement en crise. Cette situation existe depuis des mois mais les mois de février-mars 2022 ont été les plus mauvais.

Les producteurs font tout ce qui est nécessaire pour maintenir la confiance des fournisseurs d’aliments en concluant des accords clairs sur les paiements, mais à long terme le risque est de perdre cette confiance s’ils ne peuvent plus non plus respecter les accords prédéfinis.

En ces temps difficiles et imprévus, il semble donc important de maintenir une bonne communication entre toutes les parties prenantes de la filière pour favoriser la compréhension mutuelle et la confiance dans la recherche de solutions. Si la relation est bonne et qu’il y a une communication et une écoute claires de la part de toutes les parties, des opportunités de solutions peuvent être trouvées et rendront possible d’autres collaborations à l’avenir.

Le Collège des producteurs insiste également sur le fait que la production biologique est protégée par la loi et encadrée par des normes. Chaque producteur belge est soumis à un contrôle strict et indépendant du respect de ces normes. Pour y répondre, de lourds investissements sont nécessaires dans plusieurs domaines dont l’environnement, le bien-être animal, les équipements des bâtiments, l’alimentation, la santé, etc. Un prix correct des œufs est dès lors indispensable afin de continuer à satisfaire aux exigences fixées par la loi et les normes encadrant le secteur.

Suite au déclenchement et au prolongement de la guerre en Ukraine, le marché des matières premières biologiques se dérégularise de manière dramatique et le secteur de la volaille pondeuse biologique est l’un des plus touchés. Les matières premières indispensables pour le bio tels les tourteaux de tournesol et de colza risquent de ne plus être disponibles à très court terme et les perspectives d’approvisionnement en aliment biologique pour volailles ne sont qu’incertitudes. En parallèle de cette problématique, le coût croissant des prix de l’énergie grève la trésorerie de manière plus que significative.

Comme il n’y a pas de corrélation entre le prix des œufs biologiques et l’augmentation exponentielle du prix de l’alimentation ni des charges structurelles, certains producteurs vont probablement être obligés dans le futur de laisser des poulaillers vides ou même de vider les poulaillers prématurément. Le cri d’alarme des producteurs est qu’ils ne peuvent plus supporter seul ce cas de « force majeure » dont les impacts financiers sont plus lourds chaque jour.

Au vu des œufs bio étrangers (France, Pologne, Pays-Bas, etc.) vendus dans de nombreux magasins belges, la production d’œufs bio pour le marché belge n’apparaît pas autosuffisante. Pour conserver un apport d’œufs biologiques locaux dans les rayons de nos magasins, il est important que ceux-ci proviennent majoritairement de producteurs belges.

Depuis l’automne, les producteurs essayent d’obtenir un prix des œufs plus élevé au travers de sollicitations d’autres acteurs, mais avec peu de résultats. C’est pourquoi cette lettre est transmise aux parties prenantes de la filière œufs bio (centre d’emballage et de conditionnement, acteurs de la distribution, consommateurs, autorités) afin de partager la situation des producteurs et de susciter auprès de toutes les parties impliquées une recherche conjointe de solution pour une augmentation des prix aux producteurs afin que puisse être poursuivie la production d’œufs biologiques à l’échelle du territoire. Il est également essentiel que les solutions d’augmentation de prix soient transparentes pour tous quant à l’impact d’une augmentation pour le consommateur final pour les différents maillons dont les producteurs biologiques en difficulté.

D’après Emmanuel Grosjean

Coordinateur du Collège

des Producteurs

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