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C’est élevé «Pré de chez nous», le label qui alliedurabilité et bien-être animal

C’est une histoire bien belge, une première dans notre assiette qui devrait susciter l’engouement ! « Pré de chez nous » – un label destiné à une viande bovine, locale, qui allie qualité, bien-être animal et durabilité – est une collaboration entre trois acteurs clés : Bernard Gotta, maître chevilleur, Sobemax, sélectionneur d’animaux, et Dumoulin, producteur d’aliments. Si la réflexion du projet a pris quelques années, une fois lancé, le label semble déjà faire l’unanimité auprès des bouchers.

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Bien-être animal, émission de gaz à effets de serre… À l’heure où l’élevage n’est pas épargné par les critiques sociétales, c’est en quelque sorte un vent de fraîcheur qui souffle sur le secteur avec la création du label « Pré de chez nous », qui veut proposer une viande bovine locale, durable.

« Voilà quelques années que Pierre Mailleux (Sobemax) et moi nous sommes mis autour de la table avec la société Dumoulin pour nous projeter dans une production bovine sociétalement acceptable dans le futur. Et le futur commence aujourd’hui ! Grâce au nouveau concept d’aliments développé par le fabricant d’aliments, nous pouvions nous inscrire dans la durabilité et travailler pour le climat. À terme, la volonté est aussi d'anticiper les diverses pressions qui pèseront prochainement sur l’élevage », explique d’emblée Bernard Gotta, maître chevilleur.

Si nombreux sont les éleveurs à être intéressés à intégrer le label, seuls cinq sont actuellement parties prenantes. « Le label vient à peine d’être lancé et, pas à pas, en fonction de la demande croissante des bouchers, il pourra s’ouvrir à de nouveaux adhérents. Je suis d’ailleurs certains qu’ils seront nombreux à nous rejoindre. Nous proposons des taurillons et des vaches Blanc-bleu belge de qualité supérieure. Nos clients bouchers venus à la présentation du label sont très intéressés par proposer une viande qui répond aux exigences de leurs clients en termes de qualité, de durabilité et de bien-être animal. « Pré de chez nous » est pour eux un bon atout communication », poursuit le chevilleur.

Jusqu’à moins 30 % des émissions de méthane

Le label fraîchement lancé est la preuve que l’innovation passe aussi par l’alimentation. En effet, avec son concept d’alimentation Euroclim, Dumoulin permet de réduire l’empreinte CO2 de la viande jusqu’à 21 %. L’aliment se veut 100 % végétal, à haute teneur en oméga-3 grâce à ses graines de lin extrudées, qui réduisent jusqu’à 30 % les émissions de méthane pendant la digestion. Une telle composition permet à la viande une coloration rouge et légèrement marbrée et donc une saveur toute particulière.

La composition de la ration permet à la viande une coloration rouge et légèrement marbrée et donc une saveur toute particulière.
La composition de la ration permet à la viande une coloration rouge et légèrement marbrée et donc une saveur toute particulière. - P-Y L.

En outre, toutes les matières premières sont exclusivement européennes (principalement Belgique, France, Allemagne). À côté des fourrages, les rations sont équilibrées avec des matériaux recyclés de l’industrie agro-alimentaire que seul le ruminant peut valoriser. Quelque 80 % de la ration sont constitués de produits non valorisables par l’homme. Notons encore que les aliments OGM sont exclus du cahier de charge.

La gamme d’aliments Euroclim permet de réduire l’empreinte CO 2   de la viande jusqu’à 21 %.
La gamme d’aliments Euroclim permet de réduire l’empreinte CO 2 de la viande jusqu’à 21 %. - P-Y L.

Faire davantage que la norme

Le bien-être animal n’est pas en reste puisque le cahier de charge de la filière veut aller plus loin que la norme du marché. Ledit cahier impose en effet aux éleveurs adhérents de faire pâturer leurs bêtes au moins six mois par an avec une phase d’alimentation en stabulation de 100 jours. En outre, la pose de brosses est très appréciée par les animaux qui peuvent se frotter à volonté… Enfin, une attention particulière est accordée à l’espace disponible, à la lumière et à la ventilation des bâtiments.

Ledit label est pensé pour alimenter le circuit court, ce qui permet une fois de plus de limiter les émissions de CO2 générées, entre autres, par le transport.

Pour les éleveurs, l’adhésion à la filière leur permet aussi une plus-value sur leur bétail puisqu’une meilleure rémunération est prévue.

Le cahier de charges «Pré de chez nous» fait davantage  pour le bien-être animal que la norme.
Le cahier de charges «Pré de chez nous» fait davantage pour le bien-être animal que la norme. - P-Y L.

Une initiative unanimement saluée

Pour David Clarinval, ministre fédéral de l’Agriculture, il est et nécessaire de soutenir l’initiative qui réussit à concilier les trois piliers de la durabilité : économique, social et environnemental. Le projet est économiquement porteur puisqu’il permet de dégager une rentabilité pour l’ensemble des acteurs de la filière. Il est, en outre, socialement et sociétalement acceptable en allant au-delà des normes de bien-être animal qui sont aujourd’hui celles du cahier de charges Belbeef mais aussi en produisant une viande à partir d’intrants locaux. Enfin, c’est également un projet environnementalement favorable au vu de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Quant au cabinet de Philippe Henry, ministre du Climat, l’initiative est saluée :

– pour sa volonté de sortir de la dépendance encore importante de nos élevages par rapport à une alimentation « outre-atlantique » ;

– pour la réduction de l’impact carbone des produits,

– pour les efforts réalisés pour un meilleur équilibre entre le food et le feed, entre les produits qui doivent être utilisés en priorité pour l’alimentation humaine et ceux qui sont le mieux valorisés par les ruminants. Cet équilibre renforcé est l’une des clés de voûte de l’avenir de tout notre système agricole et alimentaire.

Le cabinet porte également un grand intérêt à la démarche d’amélioration continue de l’alimentation, comme passer de la graine de lin à davantage de graines de colza et de soja. « Nous savons que les contraintes économiques et techniques sont nombreuses et que la transition prend du temps. Il semble probable que la recherche puisse permettre une relocalisation de plus en plus accrue de l’alimentation des animaux. Nous pouvons donc voir à quel point ledit label s’inscrit dans la transition écologique et climatique qui est celle de la région wallonne, vers un horizon zéro carbone en 2050.

Pour Benoît Cassart, secrétaire général de la Fédération du commerce de bétail et viande, l’initiative permet de redorer le blason des éleveurs wallons. « Il ne faut pas croire que la filière d’élevage en Belgique ne prend pas en considération les aspects environnementaux. Aujourd’hui, au vu des conflits internationaux et de leurs répercussions sur les marchés, l’élevage a un rôle très important. Le maintenir est donc essentiel ! »

« Par ailleurs, la dualisation entre production biologique et conventionnelle n’a pas de sens tant l’agriculture raisonnée a une carte à jouer sur la préservation de notre climat. »

Il conclut : « Si les labels existent depuis des décennies, ce qui est novateur aujourd’hui : l’intégration de l’aspect environnemental, une préoccupation essentielle de la société aujourd’hui. »

Propos recueillis par P-Y L.

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