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Découverte d’indicateurs de résilience héritables en poules pondeuses

Dans un contexte de changement climatique et de diversification des modes d’élevage, les animaux seront davantage exposés à des perturbations de leur environnement. Afin d’identifier des indicateurs de la résilience des animaux à de telles perturbations, les données de ponte de plus de 60.000 poules pondeuses ont analysé. Trois indicateurs de résilience facilement mesurables et en partie déterminés par des facteurs génétiques en ont été déduits.

Temps de lecture : 4 min

L es pratiques d’élevage sont en forte évolution, qu’il s’agisse de la suppression de l’élevage en cage, un objectif de l’Union Européenne d’ici à 2027, de l’accès plus systématique des animaux à des parcours en extérieur ou encore d’un usage plus parcimonieux des médicaments. Ces évolutions, destinées à améliorer le bien-être des animaux en élevage et conformes au principe « une seule santé », font que l’environnement d’élevage des animaux sera moins contrôlé, et plus sujet à des perturbations comme les variations de température ou l’exposition à des agents infectieux. Dans ce contexte, la sélection d’animaux plus résilients apparaît de plus en plus comme une nécessité. Mais, jusqu’à présent, les programmes de sélection des poules pondeuses n’intègrent pas l’amélioration de la résilience.

Etude des données de ponte de 60.000 poules

La ponte est une donnée enregistrée quotidiennement pour chaque poule tout au long de la vie. Une chute du rythme hebdomadaire de ponte est souvent le signe d’un problème qui survient chez l’animal lorsqu’il fait face à des perturbations de son environnement. C’est pourquoi les scientifiques ont analysé les données de ponte de 60.000 poules pondeuses issues de deux lignées pures utilisées dans les programmes de sélection (White Leghorn et Rhode Island), suivies pendant 58 semaines. Ils ont aussi analysé les données de 17.000 poules croisées issues de ces deux lignées, utilisées en élevage commercial. Ils ont d’abord estimé le rythme de ponte attendu en l’absence de perturbation pour chaque poule, qui correspond à la moyenne du nombre d’œufs pondus par semaine et par poule. Puis, ils ont calculé, pour chaque poule, les écarts entre la ponte réalisée et celle attendue.

Trois indicateurs de résilience en partie déterminés par la génétique

L’analyse statistique des écarts individuels à la courbe de ponte attendue a permis de calculer trois indicateurs de résilience :

– un indicateur de plus ou moins grande sensibilité aux perturbations (l’ asymétrie ). Chez une poule sensible aux perturbations, les chutes de ponte sont plus fréquentes que chez une poule résiliente, ce qui se traduit par une asymétrie importante des écarts à la courbe de ponte attendue ;

– un indicateur de vitesse de récupération après perturbation (l’ autocorrélation ). Chez une poule qui récupère difficilement, le retour au niveau de ponte normal se fait lentement. Donc, les écarts à la courbe de ponte attendue évoluent peu entre deux semaines consécutives, ce qui se traduit par une autocorrélation élevée ;

– un indicateur général de résilience (la variance ), qui rend compte à la fois de la sensibilité de la poule aux perturbations et de sa capacité de récupération. Une variance faible correspond à une poule résiliente, qui présente peu d’écarts à la courbe de ponte attendue et des écarts de moindre amplitude. Une bonne résilience correspond à une asymétrie proche de zéro, une autocorrélation et une variance faibles. Les analyses des scientifiques montrent qu’environ 10 % de la variabilité interindividuelle de ces trois indicateurs sont d’origine génétique et héritables. Il est donc possible d’inclure l’amélioration de la résilience dans les programmes de sélection des poules pondeuses. De plus, en limitant les chutes de ponte, sélectionner sur la résilience permettrait indirectement d’augmenter la production d’œufs.

Globalement, les deux lignées pures ont montré une bonne résilience, encore améliorable par sélection au sein de chaque lignée. Cependant, les scientifiques ont constaté que l’amélioration génétique de la résilience chez les lignées pures ne se traduirait que partiellement par une amélioration de la résilience des poules croisées issues de ces lignées. Il s’agit d’une information importante car ce sont les poules croisées qui sont élevées pour la production commerciale d’œufs. Cette difficulté peut être contournée en intégrant des mesures de résilience sur les lignées croisées, en complément de celles sur les lignées pures dans les programmes de sélection.

Ces résultats originaux démontrent qu’il est possible de mesurer la résilience, un caractère complexe, via trois indicateurs relativement faciles à calculer. Ils ouvrent de nouvelles perspectives pour la sélection de poules pondeuses plus résilientes dans un contexte de changement climatique et de transition vers des élevages sans cage et plus respectueux du bien-être des animaux.

D’après l’Inrae

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