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Au potager: pourquoi cela ne lève pas?

Tous les jardiniers ont déjà eu ces déconvenues : notre semis qui représentait tant d’espoirs de belle production ne produit rien. Ou presque rien.

Temps de lecture : 6 min

La cause de l’échec parfois évidente, mais pas nécessairement. Partons alors de ces expériences pour rebondir et revoir nos techniques.

Le sol

Le sol du potager pour les semis en place ou le sol des couches pour la production de plants à racines nues accueille la graine. Nous attendons qu’il puisse apporter l’eau et la température propices à la germination.

Les semis en terrines, en pots, en mottes pressées se font généralement avec du terreau. Nous pouvons en trouver une large gamme dans le commerce. Pour les semis, il doit être sain c’est-à-dire qui a été débarrassé de germes pathogènes par la chaleur du compostage. Le terreau ne doit pas être riche afin d’éviter qu’un excès de sels ne nuise à la germination de nos graines. Il doit être finement tamisé pour faciliter l’opération de semis. Notons que par la suite, le repiquage se fera dans des terreaux plus riches afin de subvenir aux besoins des plantes en pleine croissance.

Les semences ne se conservent pas plus de quelques années. Cela dépend de l'espèce.  Le panais ne conserve sa capacité à bien germer que moins de deux ans.
Les semences ne se conservent pas plus de quelques années. Cela dépend de l'espèce. Le panais ne conserve sa capacité à bien germer que moins de deux ans.

L’eau

La germination d’une graine commence par son humectation et le gonflement. L’eau vient du sol et est absorbée par la graine grâce au contact franc avec les particules du sol. Ce contact est essentiel et est obtenu par un tassement de la graine contre le sol avant de la recouvrir par une fine couche de terre pour la protéger.

La graine en contact franc avec le sol va pouvoir s’humecter et germer ; l’eau vient de remontées capillaires (cas classique) ou d’apports de surface.

Le jardinier peut apporter de l’eau par arrosage. Si l’eau est tempérée, il apporte aussi un peu de chaleur au sol. C’est surtout important au printemps, quand le sol est encore froid.

Pour les plantes à levée lente et en conditions sèches, nous recouvrons le semis de toiles (jute…) que nous maintenons humides, et ce jusqu’à la levée.

Il fait bien conserver les graines au sec, au frais, à l'abri de la lumière,  des insectes et des rongeurs.
Il fait bien conserver les graines au sec, au frais, à l'abri de la lumière, des insectes et des rongeurs.

La température

Chaque espèce végétale a des niveaux de température qui lui conviennent le mieux. Sous la température minimale, le processus de germination ne démarre pas ou très mal. La graine est dans le sol mais ne germe pas.

Si la température remontait dans les jours suivants, rien n’est perdu et la germination et puis la levée pourront se dérouler normalement.

Si la température tardait à remonter, la levée pourrait être compromise. Les champignons ou les bactéries du sol auraient le temps de s’attaquer à la graine endormie et la décomposer.

Le jardinier peut tenter d’intervenir sur ce facteur. Il peut protéger le semis d’un film de plastique perforé, de voile, d’un coffre vitré. Il peut aussi aménager une serre, installer un chauffage de sol. Enfin, il peut semer en terrine et placer la terrine dans un endroit chauffé et lumineux.

Quand la température est élevée, la germination peut se bloquer. C’est le cas pour les laitues et la mâche pour lesquelles il est préférable de ne pas dépasser 20ºC. Pour les autres espèces, il est préférable de ne pas dépasser 28ºC.

Pour les céleris et les chicorées, plantes bisannuelles, il est préférable de tenir une température supérieure à 16ºC jusqu’au stade « apparition de la 5e vraie feuille » pour limiter le risque de montée prématurée à graines.

Nous recommandons vivement l’installation d’un thermomètre mini-maxi. Il va permettre au jardinier de connaître l’amplitude de la température durant la période entre deux observations. Il est très fréquent que dans une couche fermée, dans une serre fermée, la température puisse monter au-delà de 40ºC. Dans ces conditions, les levées sont compromises, les plantules levées peuvent être détruites par la chaleur.

Une lecture objective de la température est la base  des observations de la levée de nos semis.
Une lecture objective de la température est la base des observations de la levée de nos semis.

Les échanges gazeux

Dès que la germination a démarré, le sol doit permettre des échanges gazeux avec l’atmosphère. Le gaz carbonique doit s’évacuer, l’oxygène de l’air doit parvenir à la graine en germination. Il arrive que le sol se soit refermé suite à des pluies ou des arrosages très denses. Le sol devient presque hermétique aux échanges gazeux. Or, la germination se fait avec une intense respiration de la graine. Il y a donc production de gaz carbonique et besoin d’oxygène.

L’évacuation du gaz carbonique et l’aération du lit de semis se font via les interstices entre les particules de terre.

Si nous subissons une pluie orageuse brutale, le sol se referme et l’aération est compromise. Il en est de même si les arrosages sont excessifs.

Le jardinier peut intervenir en respectant au mieux la structure du sol en s’abstenant de tout travail du sol quand celui-ci est gorgé d’eau.

La graine

La graine a une capacité à germer qui évolue dans le temps.

Après sa formation et sa maturation sur la plante mère, la graine est en dormance. Elle a besoin d’un temps pour lever cette dormance qui va de presque rien pour des espèces comme le panais à au moins un an pour des espèces comme la mâche.

Par la suite, la capacité à germer diminue avec les années jusqu’à devenir très faible. Le nombre d’année durant lesquelles la graine peut germer dépend de l’espèce aussi, elle est traduite en pratique par les dates reprises sur les sachets du semencier. Ces dates sont d’application quand les graines sont conservées à l’abri de la lumière, dans une ambiance sèche et à température peu élevée.

Quand une graine a commencé à s’hydrater, il est nettement préférable que le processus de germination suive immédiatement. Dans le cas contraire, les résultats sont hypothéqués.

Les paquets sont conservés à l’abri de la lumière, au sec et à température plutôt basse. S’ils sont ouverts, protégeons-les des insectes et des rongeurs. C’est l’absence absolue d’humidité qui est le facteur essentiel pour une bonne conservation des semences.

N’oublions pas de bien noter les variétés et les lots semés. Il est inutile de garder des semences qui ne germent plus.

Quand la plantule est émergée

Quand la plantule est émergée, la luminosité doit être élevée. Cela évite d’avoir des plantules qui filent à la recherche de lumière et qui allongent démesurément leur tige.

Si nous plaçons la terrine dans la maison pour profiter de la température, plaçons-la près d’une fenêtre avec trois précautions :

– 1 : choisissons une fenêtre bien éclairée mais pas sous le soleil de midi pour éviter une surchauffe et un dessèchement du terreau ;

– 2 : évitons les radiateurs en fonctionnement, pour des raisons identiques ;

– 3 : nous pouvons placer un panneau blanc parallèle à la fenêtre de l’autre côté de la terrine ; il va réverbérer une partie des rayonnements lumineux. Les semis en terrines permettent de produire des plantules jusqu’au stade premières vraies feuilles ; ensuite, ces plantules sont repiquées dans des pots ou des mottes pressées.

Quand les racines dépassent sous le pot ou sous la motte pressée, n’attendons pas pour planter à l’emplacement définitif ou pour repiquer dans un contenant plus grand.

F.

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