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Froment d’hiver: rouilles, septoriose et cécidomyies à surveiller

La majorité des froments du réseau d’observation a atteint le stade dernière feuille pointante (BBCH 37). Quelques parcelles sont toujours au stade 2e nœud (BBCH 32) et une parcelle a déjà atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39).

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La rouille jaune continue sa progression sur les variétés sensibles. Elle est également observée, à très faible pression, dans des variétés actuellement répertoriées comme moins sensibles. Nous assistons peut-être à un changement de la race de rouille jaune, qui pourrait s’avérer plus agressive qu’auparavant.

Les parcelles ayant été traitées au stade 1er nœud (BBCH 31) contre la rouille jaune ont probablement reçu un traitement relais 2 semaines plus tard soit aux environs du stade 2e nœud (BBCH 32) du froment. Cette dernière application a eu pour but de protéger la F2 définitive de votre culture (qui pointait très certainement lors de votre traitement). Cependant, malgré ce traitement, les plantes de froment vont encore produire une nouvelle feuille dans les 2 semaines qui viennent et cette dernière n’aura reçu aucune protection. C’est pourquoi, un traitement relais lorsque la culture aura atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) pourrait être nécessaire pour protéger cette dernière contre la rouille jaune. En effet, cette maladie est capable d’effectuer un cycle en 2 semaines et la pression de cette année est non négligeable sur les variétés très sensibles.

Si vous avez effectué un traitement complet au stade 2e nœud (BBCH 32), vous pourrez très certainement compter sur 3 semaines de rémanence, cependant votre dernière feuille sera sans protection pendant au minimum une semaine ce qui est suffisant, dans les conditions actuelles, pour que la rouille jaune s’y repique. Un petit complément, à base de triazole (comme celui utilisé au stade BBCH 31 = T0), pourrait être envisagé et largement suffire pour tenir jusqu’à l’épiaison complète du froment. La visite de vos parcelles est donc très importante, ce traitement relais à la dernière feuille pouvant être envisagé dès l’apparition des premiers symptômes sur la dernière feuille.

Attention à la septoriose

La septoriose est actuellement en progression malgré la sécheresse. Les rosées abondantes et les températures clémentes l’ont aidée à continuer son développement. Elle est surtout à signaler dans les variétés très sensibles ayant des cotes inférieures à 6.0 dans le Livre Blanc de septembre 2021.

Pour les parcelles qui n’ont pas encore reçu de traitement fongicide, il est fortement conseillé d’appliquer une protection complète contre cette maladie lorsque le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) sera atteint. Pour les parcelles ayant été traitées au stade 2e nœud (BBCH 32) et qui ne présentent pas de symptômes de rouille jaune, il est conseillé d’attendre 3 (à maximum 4) semaines avant de revenir avec un traitement relais.

Le traitement devra reposer sur une solution à base de SDHI (bixafen, fluopyram, fluxapyroxad, benzovindiflupyr ou isopyrazam), de triazole (prothioconazole, mefentrifluconazole, tebuconazole, metconazole ou cyproconazole) et/ou de fenpicoxamid. L’ajout d’une strobilurine n’est utile que si vous avez une variété sensible à la rouille brune. Au vu des risques annoncés et de la chaleur prévue pour les prochains jours, il est fortement conseillé de prendre cette maladie en compte également (surtout dans le Hainaut et la région liégeoise). À noter également que les produits à base de benzovindiflupyr (SDHI) n’ont pas besoin d’être renforcés avec une strobilurine pour lutter contre la rouille brune car cette substance active est déjà suffisamment efficace contre cette maladie. Elle est cependant un peu plus faible sur septoriose que d’autres références du marché. Le choix dépendra donc fortement de la sensibilité de votre variété. Enfin, l’ajout d’un produit multi-sites, à base de folpet ou de soufre (liquide de préférence) est toujours recommandé si aucun autre traitement fongicide n’a été effectué auparavant.

La rouille brune est signalée

Bien que la rouille brune n’ait pas été observée dans les parcelles du réseau CePiCOP, elle a déjà été signalée à plusieurs endroits en Wallonie. Les chaleurs annoncées dans les prochains jours constituent les conditions idéales pour son développement, qui risque d’être conséquent. Notre outil d’aide à la décision prévoit un développement significatif de cette maladie dans le Hainaut et la région Liégeoise. Pour les parcelles qui n’ont pas encore été protégées, il est donc conseillé d’envisager un traitement lorsque la culture aura atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) pour lutter à la fois contre la septoriose et la rouille brune (pour les variétés sensibles). Veuillez vous référer aux conseils de traitement pour la septoriose pour décider du traitement à envisager.

Dernière fraction sous forme liquide pas conseillée

L’application de la dernière fraction d’azote peut être envisagée pour les parcelles qui ont atteint le stade « dernière feuille pointante » (BBCH 37).

Elle peut être apportée sous forme solide ou liquide. Si on choisit d’appliquer l’engrais sous forme liquide, il convient d’être prudent afin de ne pas brûler les feuilles supérieures de la culture. Au vu des conditions météo du moment et lorsque cela est possible, ce type d’application n’est pas conseillé.

En fonction des variétés et des régions agricoles, les froments semés au mois de novembre sont au stade 2e nœud (BBCH32). Ces parcelles ne nécessitent donc aucune intervention relative à la nutrition cette semaine.

Populations de pucerons faibles

Les observations ravageurs hebdomadaires portent essentiellement sur les pucerons actuellement observés sur les feuilles de froment. Jusqu’à présent, les populations sont très faibles dans la majorité des parcelles observées. Toutefois des populations plus importantes de pucerons et de criocères (lémas) sont signalées du côté du Hainaut (Ath, Chièvres).

Il est encore un peu tôt pour déterminer si l’évolution pourrait atteindre des niveaux nuisibles. De plus, le temps ensoleillé et sec convient mieux aux ennemis des pucerons qu’aux pucerons eux-mêmes et il est donc probable que les pucerons des céréales soient bien maîtrisés par les auxiliaires.

Arrivée imminente des cécidomyies oranges

Depuis la saison 2017-2018, la cécidomyie orange s’est faite discrète. Les populations sont restées à des niveaux globalement assez faibles car ne bénéficiant jamais de situations favorables à leur multiplication. Les pontes de ces dernières années n’ayant pu se faire au stade sensible des céréales, l’espèce n’a pas pu se multiplier. Localement cependant, ce ravageur peut occasionner d’importants dégâts à la culture et ce, en quelques soirées seulement.

Les processus régissant le développement de l’insecte dépendent d’une succession précise de sommes de températures et de précipitations se produisant durant les mois précédant l’émergence des insectes adultes. La dernière de ces conditions est une pluie chaude (>13ºC) qui donne le signal déclenchant la phase de pupaison. Les pupes se transforment alors en imago (adulte) d’autant plus vite que les températures sont élevées (160ºjours en base 7ºC sont nécessaires pour la pupaison).

Cette saison, la première période de pluie dite « inductrice d’émergence » s’est produite le 25 et le 26 avril, elle sera responsable d’une première vague d’adultes qui devraient émerger aux alentours du 15 mai dans les zones où cette pluie est tombée. Cette pluie, abondante par endroits ne concerne cependant qu’une petite partie de la Wallonie. Les communes concernées se trouvent majoritairement sur l’axe Bruxelles-Liège, le long de la frontière linguistique.

Les températures chaudes annoncées pour les deux prochaines semaines seront propices aux vols de l’insecte. La cécidomyie est un insecte aux mœurs crépusculaires c’est-à-dire qu’elle ne vole que le soir lorsque la luminosité diminue et que l’humidité augmente. Pour l’observer, il faut se rendre dans les champs après 20h et scruter les épis. Un traitement insecticide ne s’avère utile que si les 5 conditions suivantes sont remplies :

– Variété sensible à la cécidomyie orange ;

– Stade sensible du froment compris entre l’éclatement de la gaine et le début de la floraison (BBCH 47-61) ;

– Émergences de l’insecte coïncidant avec ce stade sensible ;

– Conditions météorologiques favorables au vol et à la ponte : pas de vent, pas de pluie battante, températures douces ;

– Dépassement du seuil d’intervention qui est d’une trentaine d’insectes par mètre carré.

D’après le CePiCOP

, le 10 mai 2022

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