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En Europe, les ventes de tracteurs neufs atteignent de nouveaux sommets

Selon les chiffres que le Cema s’est procuré auprès des autorités nationales, près de 230.000 tracteurs neufs ont été écoulés en Europe sur l’ensemble de l’année 2021. Un peu plus de 70 % de ces immatriculations concernaient des engins d’une puissance supérieure à 50 ch (37 kW).

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En dépit des problèmes de production et de livraison imputables au Covid-19 et à la moindre disponibilité de certains composants (électroniques notamment), 229.000 tracteurs neufs ont été vendus en Europe en 2021, soit une hausse de 18 % par rapport à 2020. Sur ce total, l’Association des constructeurs européens de machines agricoles (Cema) estime qu’un peu moins de 180.000 de ces engins sont dédiés à l’agriculture (tableau 1). Le solde est constitué de divers engins parfois classés comme des tracteurs ; notamment des quads, des véhicules utilitaires (UTV), des chargeurs télescopiques ou d’autres équipements encore.

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Par rapport à 2020, il s’agit là d’un véritable bond de 17 %. Même en tenant compte du fait que le marché a été fortement perturbé par la pandémie tout au long de l’année 2020, c’est une amélioration significative. Il s’agit en effet du chiffre le plus élevé enregistré au cours des dix dernières années. « Ces bons résultats ont été obtenus malgré les perturbations généralisées des chaînes d’approvisionnement mondiales et les pénuries de personnel causées par la pandémie de Covid-19 », détaille le Cema.

Des retards persistants

Les constructeurs soulignent par ailleurs que les perturbations au bon déroulement de leurs activités se sont multipliées au cours des derniers mois. De manière générale, la situation s’est dégradée depuis l’été 2021. Avant même la crise en Ukraine, en février dernier, de nombreux constructeurs indiquaient s’attendre à des interruptions de production en raison de pénuries attendues chez leurs fournisseurs. Les fabricants de tracteurs et moissonneuses-batteuses sont les plus touchés par la situation, qui s’aggrave en raison du conflit russo-ukrainien.

Ces préoccupations s’ajoutent à d’autres perturbations épinglées par les marques. Premièrement, la pénurie de conteneurs maritimes a entraîné une augmentation des coûts et des retards. Ensuite, la disponibilité de la main-d’œuvre a été fortement réduite, de même que le rythme de production des usines, en raison de la propagation rapide du variant omicron du virus du Covid-19. Enfin, s’y ajoute la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie.

Les fabricants s’inquiètent de pouvoir livrer leurs commandes à temps, malgré tous les efforts déployés tout au long de la chaîne d’approvisionnement. L’impact qu’aura la guerre ne peut être pleinement évalué à l’heure actuelle.

Une demande élevée

Bien que le marché des tracteurs ait été freiné par des retards de production, la demande est restée forte tout au long de l’année 2021. Un certain nombre de paramètres ont contribué à cette situation. Les prix élevés et en hausse constante des produits agricoles de base (céréales, huiles végétales, sucre, viande et produits laitiers) constituent très certainement le facteur ayant le plus joué, bien que le revenu agricole ait également été affecté par la progression rapide du coût des intrants (engrais et carburants, notamment).

En Belgique, les immatriculations de tracteurs ont augmenté de 13 % entre 2020 et 2021.  De plus, les attentes sont fortes pour 2022 en raison des prix élevés des produits agricoles.
En Belgique, les immatriculations de tracteurs ont augmenté de 13 % entre 2020 et 2021. De plus, les attentes sont fortes pour 2022 en raison des prix élevés des produits agricoles. - J.V.

Par ailleurs, la demande en tracteurs est telle que toutes les catégories de puissance ont vu leurs ventes augmenter. Cette progression est néanmoins plus limitée pour les modèles de fortes puissances. Au-delà de 180 ch (132 kW), les ventes n’ont augmenté que de 9 % en moyenne, soit la moitié du taux d’augmentation enregistré pour les machines dotées de moteurs moins puissants. La plus forte croissance a été enregistrée pour les tracteurs de 30 ch (22 kW) ou moins, dont les immatriculations ont augmenté de plus de 50 % par rapport à 2020 (environ 15.000 contre environ 10.000 un an plus tôt).

France et Allemagne en tête

Les deux plus grands marchés pour les tracteurs agricoles en Europe demeurent la France (20 % du marché) et l’Allemagne (18 %), qui représentent donc, ensemble, près de quatre immatriculations sur 10 en Europe. Cependant, l’année dernière, les ventes y ont progressé plus lentement que dans le reste de l’Europe, avec des augmentations respectives de 10 % et 9 %.

En Allemagne, 34.472 tracteurs agricoles neufs ont été immatriculés en 2021. Près des trois quarts de ceux-ci présentaient une puissance supérieure à 50 ch. L’augmentation dans cette catégorie de puissance reste modérée par rapport à l’année précédente (+0,2 %). A contrario, les modèles de moins de 50 ch ont vu leurs ventes augmenter significativement (+38,4 %). Les mois les plus importants ont été mars, avec un pic saisonnier printanier également observé les années précédentes, et décembre.

Du côté de la France, 36.053 tracteurs neufs ont été immatriculés, toutes catégories confondues. Il s’agit de la meilleure année depuis 2013. Après une année 2020 satisfaisante, malgré les perturbations évoquées précédemment, 2021 est marquée par une hausse des ventes (+3.256 engins). Les tracteurs dédiés aux espaces verts sont ceux qui affichent la plus forte progression (+47,1 %) tandis que les ventes de modèles « standards » n’ont évolué que de 2,7 %.

Italie et Pologne en très forte progression

En revanche, la croissance a été particulièrement forte en Italie et en Pologne, respectivement troisième et cinquième marchés d’Europe. Ces deux pays affichent de très bons chiffres, avec des progressions respectives de 36 % et 42 %.

En Italie , les chiffres montrent donc une augmentation importante pour atteindre 24.400 unités vendues. Ceci s’explique notamment par des incitants à l’achat mis en place par les autorités. Ceux-ci perdureront cette année encore et seront complétés par des aides européennes.

Début 2022, le marché italien était encore prometteur. Cependant, les effets du conflit russo-ukrainien se font ressentir, de même que les retards sur les chaînes de production. Cela devrait conduire à une révision à la baisse des perspectives.

Le nombre de tracteurs neufs immatriculés en 2021 a augmenté de 42 % par rapport à l’année précédente en Pologne . La dernière fois qu’un nombre aussi important de tracteurs avait été enregistré remonte à 2014. Malgré les grandes inquiétudes auxquelles les entrepreneurs et agriculteurs ont été confrontés au début de la pandémie, 2021 a été la deuxième bonne année consécutive pour le secteur.

Plusieurs éléments expliquent cette situation. Tout d’abord, les deux dernières années ont été satisfaisantes pour les agriculteurs polonais : de bons rendements et l’absence de catastrophes (sécheresses ou inondations). En outre, les agriculteurs polonais ont pu profiter pleinement des subventions européennes. Enfin, la situation économique générale, caractérisée par une augmentation des prix des machines, a fait avancer plus rapidement de nombreux projets d’investissement.

Avec le Royaume-Uni et l’Espagne, ces pays représentent 35 % des immatriculations européennes.

Au Royaume-Uni , les immatriculations de tracteurs neufs au cours du premier semestre 2021 ont augmenté de 25 % par rapport à la même période de 2020 et, surtout, ont dépassé de 12 % la moyenne des cinq années précédentes, toujours pour cette période. Au second semestre, les immatriculations n’ont été que légèrement supérieures à celles de 2020 et ont été inférieures de 2 % à la moyenne, malgré que les carnets de commandes soient bien remplis. In fine , les immatriculations de l’année ont été comparables à celles des meilleures années récentes, mais auraient pu être beaucoup plus élevées sans problème de livraison.

Cette observation n’est pas seulement valable pour les tracteurs, mais aussi pour les autres équipements agricoles. L’arriéré de commandes en attente de livraison fin décembre était supérieur de 40 % à celui de l’année précédente, après avoir également augmenté à un rythme similaire en 2020.

En Espagne , les immatriculations de tracteurs neufs ont progressé de 10 % en 2021, mais les 10.905 unités enregistrées sont inférieures de 1,2 % à la moyenne des cinq années précédentes. De nombreux modèles à chenilles et à voie étroite sont également vendus sur ce marché, ressort-il des chiffres.

Bien qu’il ait été fortement touché durant les confinements de 2020, le marché de l’occasion s’affiche en croissance constante (+22 %). La hausse des coûts de production a entraîné un ralentissement du marché du neuf, en particulier durant les troisièmes et quatrièmes trimestres 2021, lorsque les problèmes de livraison sont venus compliquer davantage la situation.

Seul un peu plus d’un tracteur neuf sur quatre vendu en Europe se trouve en dehors de ces six principaux marchés que sont la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni et l’Espagne.

En Belgique, un environnement favorable

Le Cema observe qu’en Belgique , le chiffre d’affaires généré par les acteurs du machinisme agricoles s’est redressé en 2021. Une fois encore, le coût des intrants pèse sur les marges, tandis que les problèmes de chaîne d’approvisionnement et les pénuries de main-d’œuvre entravent la production. Les entreprises belges considèrent toujours leur environnement commercial comme favorable, le niveau d’activité continuant à augmenter.

En ce qui concerne le marché intérieur, les immatriculations de tracteurs ont augmenté de 13 % par rapport à 2020. Globalement, les attentes sont fortes pour 2022 en raison des prix élevés des produits agricoles. Cependant, en Flandre, le secteur de l’élevage est confronté à des problèmes liés à la réglementation « azote » et devra prendre une série de mesures pour réduire drastiquement ses émissions azotées.

Au Pays-Bas , les ventes de tracteurs ont été légèrement supérieures (+5 %) à celles de 2020. En général, les agriculteurs néerlandais se sont montrés confiants pour investir dans de nouvelles machines. Toutefois, les producteurs laitiers sont plus prudents en raison des incertitudes liées aux nouvelles réglementations. Ceux-ci pourraient limiter leurs troupeaux laitiers, selon que les normes relatives à l’azote soient dépassées ou non à proximité des zones Natura 2000. Néanmoins, les prises de commandes s’affichent en hausse.

J. Vandegoor

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